CHAPITRE 7 : DUEL

243 14 4
                                    

EVA

Je ne le regarde pas. Sa voix me rappelle  le casino, son avertissement, ses yeux bleus.  Son regard brûlant, son air suffisant. Rien n'a changé. Je ne le regarde pas. Je sens ses yeux sur moi. Je l'ignore royalement (même s'il vient de me provoquer) et croque une autre fois dans ma pomme. Mais il vient s'assoir sur une chaise. En face de moi.

Il me fait vraiment chier, là.

Dès le matin, en plus.

J'ai à la fois envie de le gifler et de l'embrasser. La folie du kidnapping, je dirais. Je finis finalement par planter mes yeux dans les siens. Je ne le lâche pas des yeux. Ses prunelles sont d'un bleu azur étouffant. J'essaie de cacher le fait que je bouillonne intérieurement. Un mot de sa part et je crois que je lui explose la tête. Même quand sa bouche est fermée j'ai envie de le tuer.

Il me défie du regard.

Mais je ne lâcherais jamais l'affaire, piccolo cuore*. Je ne détournerais jamais les yeux.

Par contre...

Plus ça va...

Plus j'ai l'impression de me noyer dans ses prunelles.

Noyée par sa pression, son danger, son parfum, son regard. Je suis vraiment déstabilisée par sa posture, son arrogance, sa suffisance palpables. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu avant le casino. J'ai l'impression de le connaître depuis très longtemps.

Je connais ce regard.

Je connais cette haine.

Je connais ce visage.

Je connais ce sourire.

Cette hypocrisie.

Cette arrogance.

Je le connais, c'est certain.

Je suis...

Submergée par sa présence, littéralement.

Je n'ai jamais autant perdu mes moyens.

Je ne lui réponds toujours pas. Alessio interroge du regard Demetrio, qui sourit comme un psychopathe (sans-doute vu notre bataille de regards). Je finis par poser ma pomme.

— E tu, dov'è la tua corona, Demetrio ?*

— On parle italien, maintenant, Eva ?

— Tu n'as pas répondu à ma question, Demetrio.

— Tu n'as pas non plus répondu à la mienne. Qu'est ce qu'une reine sans couronne, piccola furia* ?

— Il y a une énorme différence entre nous, caro*. Moi, je n'ai pas besoin de chiens à mes ordres, d'un fauteuil ou d'une villa pour être une reine. Je le suis naturellement. Mais respire, chéri. Mes petites provocations te font de l'effet ? C'est normal, amore mio. Je te provoque, et c'est que le début. Alors tiens toi prêt. Parce qu'un jour, je l'aurai, ma couronne. Pour l'instant, je suis qu'une petite pute que tu grossis avec des pommes. Mais on verra. On verra, Demetrio.

— Tu devrais apprendre à la fermer, vraiment, Eva. Dit-il froidement. Ton père l'ouvrait pas autant quand je le menaçais.

Mon cœur s'arrache contre mes os.

S'il y a bien une chose dont il ne faut pas parler.

C'est de mon paternel.

Je reste stoïque. Mon poing se serre, je grince des dents.

EVAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant