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Lorsque je me réveille, je sens un poids sur moi. Mais quand je lève la tête pour voir ce qui s'y trouve je ne vois que la tête endormie d'Alex reposant sur mon ventre avec ses bras qui m'entourent la taille comme si j'étais une peluche. Je ne sais pas pourquoi, mais bizarrement, son toucher sur ma peau ne me gêne pas, je ne me sens pas en danger. Au contraire, pour la première fois depuis que je suis ici, j'ai l'impression de l'avoir retrouvé. Il a le visage d'un enfant avec sescheveux noir corbeau en bataille. Il est plus reposé. Comme si l'image qu'il donnait de lui à l'université ou lorsqu'il est éveillé est un masque qu'il s'oblige à garder. Un peu comme moi. Je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'il a bien pu vivre pour qu'il paraisse aussi brisé.

J'essaie tant bien que mal de bouger et de m'extirper du lit en essayant de ne pas le réveiller. Il est pire qu'une sangsue. Au bout de plusieurs secondes à me débattre avec lui, il se retourne à l'autre bout du lit et repose sa tête sur un vrai oreiller cette fois-ci.

Je me déplace jusqu'à la porte à pas de loup. Je sors puis la referme délicatement derrière moi. Je regarde l'heure et me rends compte qu'il est déjà dix heures trente. Je pense que l'on peut dire au revoir au cours de la matinée. Je descends les marches directement et voit que Sara et Élisa sont déjà debout elles aussi.

— Bonjour. Leur dis-je.

— Salut !

— Bonjour ma grande. Bien dormis ?

Je réfléchis quelques instants et en dehors du réveil brutal dû au hurlement de mon voisin de chambre, je dois bien avouer qu'on dort plutôt bien dans ses bras. J'avais oublié à quel point c'était reposant. Je secoue la tête pour me sortir cette image de la tête et lui répond :

— Ça va.

Je vois Élisa qui prend une mine peinée. Elle a du mal à me regarder dans les yeux.

— Qu'y a-t-il ?

Sara remplace sa mère et me demande.

— Il a fait un cauchemar. Pas vrai ?

Je baisse instinctivement la tête. Puis la secoue de haut en bas pour lui répondre.

— Je l'ai entendu vers trois heures du matin, au début, je pensais que c'était mon esprit, puis je l'ai entendu crier.Alors je me suis levé et je l'ai réveillé.

— Du premier coup ? répondirent-elles en même temps.

— Bah, disons que je l'ai bien secoué, mais oui du premier coup.

— Il m'a demandé de rester dormir avec lui alors je l'ai fait. Il dormait encore quand je me suis levé. Me sentis-je obligé de préciser.

Je prends quelques secondes avant de réaliser ce que venait de m'avouer Sara. Je ne devrais pas m'en mêler, ce ne sont pas mes affaires, mais je ne peux pas empêcher la question de passer la barrière de mes lèvres.

— Il en fait régulièrement... Des cauchemars ?

Élisa prend une grande inspiration comme si ces millièmes de seconde allaient lui dire s'il fallait qu'elle me donne quelques informations où s'il fallait que je reste dans l'ignorance totale. Cependant, c'est Alex, j'ai besoin de savoir. Alors elle se décide enfin à prendre la parole, répond enfin à mes interrogations. Enfin une partie.

— Ça a commencé il y a environ deux ans, c'est dû à un choc post-traumatique, il a perdu une personne qui lui était très chère dans un tragique drame où il a lui-même été blessé. Encore aujourd'hui, il a du mal à s'en remettre. Je ne peux rien te dire de plus. Ça sera à lui de t'en parler.

don't forget  (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant