don't forget (en réécriture)

19.

Je suis fatigué. Jamais je ne pourrais être en paix. Je n'ai qu'une envie, c'est de dormir mais avant cela, il faut que je parle à mon frère.

Nous sommes assis sur mon lit lorsque je lui explique la situation. Le retour de Mathias, les menaces, la protection que j'ai grâce à mes amis. Mais le sujet le plus délicat reste à aborder.

— Il y a quelque chose qu'il faut que tu saches. Dis-je d'une voix tremblante.

Il reste silencieux et m'incite à parler.

— Lorsque Mathias m'a menacé sur le campus, il m'a bloqué dans les couloirs pour me faire peur...

— Il t'a touché ? me coupe-t-il.

— Non, non, Alex est arrivé à temps pour lui casser la gueule. Mais il m'a avoué quelque chose.

Je tente de reprendre le contrôle de ma respiration, de retrouver mon calme pour pouvoir parler.

— Léa... ne s'est pas donné la mort. Il m'a avoué l'avoir tué.

Il ne bouge plus. Ses yeux sont dans le vide, il devient blanc et on dirait qu'il a vu un fantôme.

— Pourquoi ? Dit-il après plusieurs secondes de silence. Qu'est-ce qu'il avait à y gagner?

J'ai eu énormément de temps pour réfléchir à cette question. Et je n'ai vu qu'une seule chose possible. Notre chute. Mais pourquoi ? Quel intérêt avait-il à nous détruire toutes les deux. A détruire notre famille. Mathias et moi n'étions pas ensemble quand Léa est partie, nous ne nous connaissions pas beaucoup non plus. Mais quelques jours après, il est venu me voir et nous sommes devenus amis, ensuite, on s'est mis ensemble et la suite vous la connaissez.

— Quand je pense que cet enfoiré a osé revenir et posé ne serait-ce que les yeux sur toi !

Après un long câlin, dans les bras de mon frère dont j'avais grandement besoin, tout le monde décide d'enfin aller dormir alors qu'il est déjà cinq heures du matin. Juste avant de me rouler en boule sous ma couette, je décide d'aller dans la cuisine chercher de l'eau. J'y croise Alex, un verre d'alcool dans les mains. Vu les larmes qui perlent aux coins de ses yeux, il doit être rongé par les souvenirs et la culpabilité qui le font atrocement souffrir. Je me poste devant lui et caresse sa joue de ma main pour chasser les larmes qui coulent le long de son visage.

— Il faut que tu partes. Me dit-il avec la voix brisée sans me regarder dans les yeux.

— Non ! lui répondis-je. Simple, net et précis.

Alex lève la tête vers moi et nos regards s'accrochent comme des aimants. Dans ses yeux, réside dans une tristesse infinie de ce qui lui est arrivé il y a deux ans et demi. Et une peur monstrueuse de ce qui pourrait arriver à moi-même

— Tu ne comprends pas ! Il faut que tu t'en ailles, tu n'es pas en sécurité avec moi.

— Écoutes moi bien ! Tu n'es pas en état de discuter de ça. Dis-je en faisant référence à l'alcool qu'il a ingurgité. Et encore moins de prendre cette décision tout seul. Mais je n'ai pas l'intention de partir. De fuir et de vous laisser toi et les autres gérer cette merde sans moi.

— Tu es en danger si tu restes avec moi.

— On est en danger depuis notre naissance. On vit avec une cible dans le dos depuis qu'on a appris à marcher simplement parce que notre famille n'est pas normale. Parce que nos parents sont à la tête de trafics. Je serais largement plus en sécurité avec toi. A vos côtés à tous plutôt qu'en Italie là où mes parents n'en n'ont plus rien à faire de leur fille ni de ce qui peut bien m'arriver.