Chapitre 5 - Gulf

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Il m'aimait.

Cet aveu m'avait complètement bouleversé. Jamais je n'avais ressenti un attachement aussi fort pour quelqu'un. Une évidence s'imposa à moi : Je l'aimais aussi et depuis longtemps déjà. Cette révélation me cloua sur place.

Quand Mew me demanda de le regarder, je ne pus faire un seul mouvement. Il insista, de sa voix profonde et rassurante, où je sentais poindre l'inquiétude. Alors, j'ouvris les yeux et je vis le visage soucieux de l'homme que j'aimais.

— Ce n'est rien, si tu ne ressens pas la même chose, c'est sans importance pour moi. Je devais te le dire parce que ça me tuait à petit feu de garder tout ça pour moi, dit-il.

Comment pouvait-il ignorer mes sentiments, alors qu'ils bouillonnaient en moi, alors que je brûlais de lui dire combien je l'aimais, mais mon corps refusait de coopérer.

Je réalisai, à ces paroles, qu'il avait pris conscience de son amour bien avant moi. Comme cela avait dû être difficile de se contenir, de se comporter normalement en ma présence. Mon cœur se serra à l'idée qu'il avait dû se battre contre lui-même, alors que j'étais aveugle à ses sentiments et aux miens.

— Parle-moi, s'il te plaît...me supplia-t-il d'une voix de moins en moins assurée.

L'émotion me serrait la gorge, les mots ne voulaient pas sortir.

— Si c'est trop pour toi, oublie ce que je viens de dire, continua-t-il d'une voix faussement légère.

Puis il s'éloigna de moi. Un froid glacial s'insinua entre nous et cela m'était insupportable. Cet espace créa en moi un manque, la chaleur de son corps m'était vitale comme l'air que je respirais. Par instinct, je saisis son t-shirt pour le ramener contre moi et reprendre possession de ce qui m'appartenait.

Mes lèvres s'écrasèrent presque violemment contre les siennes. Je ne pouvais pas le laisser s'échapper, comme si ma vie en dépendait.

L'idée que je sombrais dans la folie m'effleura l'esprit, mais au lieu de m'effrayer, j'accueillis cette idée avec reconnaissance. Je voulais sombrer avec lui, j'étais prêt à lui offrir tout ce qu'il me demanderait, mon corps et même mon âme, s'il la voulait.

Je me cramponnai à lui de toutes mes forces et Mew m'enveloppa de ses bras.

Nos langues se cherchaient, se touchaient, s'emmêlaient, sans jamais rompre ce ballet sensuel. Mes mains partirent à la découverte de son dos, de ses épaules larges qui me donnaient la sensation d'être frêle à côté de lui. Ses muscles puissants roulaient sous sa peau.

Quand Mew aspira ma lèvre inférieure, je laissai échapper un grognement de plaisir et mes doigts agrippèrent son t-shirt. Il quitta mes lèvres pour mordiller mon oreille. Je penchai la tête pour lui laisser le champ libre. Il me dévora le cou, aspirant ma peau puis la léchant. De longs frissons de plaisir me parcouraient le corps.

— Mew... murmurai-je d'une voix que je ne me connaissais pas.

Il me souleva et mes jambes s'enroulèrent autour de sa taille. Il s'éloigna du mur de l'entrée et nous conduisit au salon. Pendant le court trajet, j'en profitais pour lui mordiller et lui embrasser le cou. Sa respiration se fit plus profonde.

Délicatement, il me fit asseoir sur le canapé, en s'agenouillant face à moi. Je le tenais fermement par les épaules de peur qu'il ne s'éloigne trop.

— Gulf... chuchota-t-il doucement, en m'observant les yeux brillants.

Il se pencha vers moi, ses doigts se croisèrent derrière ma nuque et il posa son front contre le mien. Nos souffles rapides se mêlèrent et son regard plongea profondément dans le mien.

Nous restâmes de longues minutes sans bouger.

Quand il sembla sur le point de parler, je l'en empêchai en posant mes doigts sur ses lèvres. Un éclair de surprise traversa son regard.

Le moment était venu...

— Je t'aime aussi...

Un silence assourdissant accueillit ma déclaration. Il paraissait abasourdi. Puis lentement, il sembla réaliser la signification de mes mots et un immense sourire naquit sur son visage.

— Je ne sais pas quand mes sentiments ont changé... mais, j'en suis sûr maintenant, je t'aime... continuai-je.

Ses yeux s'embuèrent. Ses doigts me massèrent doucement la nuque, son corps fut secoué d'un rire ému, pendant que les larmes coulaient sur son visage. J'inspirai profondément, puis je libérai un soupir d'aise en enfouissant mes doigts dans ses cheveux.

— Pourquoi tu pleures ? murmurai-je d'une petite voix taquine.

— Je... suis heureux, tu me rends tellement heureux, répondit-il, la voix chevrotante d'émotion.

— Je ne l'avais pas réalisé avant, je suis tellement désolé... Nous avons perdu tellement de temps... Je veux partager ta vie, pour de vrai, comme un couple.

— C'est tout ce que je souhaite aussi, Gulf...

— Mais, je dois faire les choses correctement, avant qu'on n'aille plus loin.

L'image de Sumalee m'apparut et mon cœur se serra quand je réalisai ce que je devrais lui faire subir pour enfin débuter une relation avec Mew. Je me redressai en lui prenant la main et nos doigts s'emmêlèrent.

Je pouvais lire dans son regard qu'il me comprenait et me soutenait.

— Je dois le faire tout de suite ! lançai-je en me levant.

Mew se redressa à son tour, son air étonné se transforma vite en un sourire attendri. Je le serrai fort dans mes bras et lui chuchota à l'oreille :

— Attends-moi, je reviens vite...

Ses bras m'enlacèrent, il enfouit son visage dans mon cou et inspira profondément mon odeur, puis il répondit :

— Je t'attendrai toujours, mon amour...

Je déposai un baiser sur ses lèvres et m'éloignai rapidement de lui.

Le quitter me brisait le cœur, mais c'était une étape obligatoire avant que notre histoire ne commence réellement. Je devais voir Sumalee et lui expliquer. Elle méritait que je lui dise de vive voix.

Je me repassais en boucle les mots de Mew pour me donner le courage d'affronter cette soirée : je t'attendrai toujours, mon amour...

L'étincelle du désirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant