Chapitre 20 - Mew - Gulf

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Mew

Ma main retomba le long de mon corps. Je ne pouvais pas sortir de chez moi dans cet état. Si une seule fan ou un seul journaliste me surprenait comme ça, l'enfer se déchaînerait sur nous. Je devais d'abord me calmer. Je retournai, le pas lourd, dans mon salon.

Demain, nous avions un workshop. Il fallait que j'arrive à prendre Gulf à part pour lui parler.

Je me passai les mains, à plusieurs reprises, sur le visage. L'image de mon petit ami s'imposait à moi dès que je fermais les yeux. À chaque fois, mon cœur se comprimait dans ma poitrine.

Il fallait que je réfléchisse posément à notre dispute. J'avais conscience qu'il souhaitait ardemment rendre publique notre relation. Mais, il ne réalisait pas tous les enjeux, les risques. Sa carrière débutait à peine, il devait d'abord se faire une place en tant que Gulf. Nous n'existions quasiment qu'en tant que couple et ce n'était pas sain. Comment lui faire comprendre que mon refus de le divulguer était une preuve d'amour. Alors que je mourrais d'envie de crier au monde entier que Gulf m'appartenait ? Je laissai échapper un long soupir de frustration, de peine et de désarroi.

Gulf

— P'Mild ? demandai-je, la voix étranglée, que fais-tu ici ?

Le bras toujours levé, la bouche ouverte, ses yeux faisaient l'aller et retour entre mon torse humide, Sumalee, la serviette autour de ma taille, Sumalee... Il semblait encore plus abasourdi que moi.

— P'Mild ! insistai-je.

Il sursauta et enfin me regarda dans les yeux.

— Mame voulait t'envoyer un coursier pour le script. Comme je passais dans le coin, j'ai proposé de venir te l'apporter, débita-t-il à toute vitesse. Mais je vois que tu as de la compagnie...ajouta-t-il fébrile en me tendant une enveloppe. Je te laisse donc... Il recula précipitamment. À demain, à l'atelier, lança-t-il en se précipitant dans le couloir.

Je tentai de le retenir, mais le bougre fut trop rapide. Merde ! pensais-je. Il fallait absolument que je lui parle avant que ça n'arrive aux oreilles de Mew. Sumalee posa ses doigts hésitants sur mon bras.

— Je suis désolée, Gulf, je ne voulais pas t'embarrasser...

Je fermai les yeux un court instant. Cette journée devenait un vrai cauchemar. Je me tournai vers elle, en essayant de sourire.

— Tu n'y es absolument pour rien. Cet idiot ne m'a même pas laissé le temps d'expliquer quoi que ce soit.

— Je vais te laisser avant que ma présence ne te cause d'autres soucis, dit-elle, peinée.

J'aurais dû la contredire, la rassurer, mais je n'en avais plus le courage. Le sort s'acharnait contre moi. Je hochai la tête et m'éclipsai pour la laisser passer.

— Prends soin de toi, Gulf... murmura-t-elle avant de s'éloigner.

J'entrai dans l'appartement et m'adossai à la porte, me frappant plusieurs fois la tête contre le bois.

— Merde... lançai-je dans le silence oppressant.

Il fallait que je parle à P'Mild en priorité. La situation était déjà assez tendue avec Mew. Si en plus, il apprenait que Sumalee était venue et que j'étais à moitié nu... Je soupirai bruyamment. Je ne pouvais même pas imaginer la réaction de Mew... Je sautai sur mon téléphone pour composer le numéro de P'Mild. Une sonnerie...

Le correspondant que vous cherchez à joindre...

Merde ! Son téléphone était éteint. Je serrai les paupières. Comment cette journée avait-elle pu aussi mal tourner ?

L'étincelle du désirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant