Gulf
Je m'engouffrai dans mon appartement, fou de rage et me jetai sur mon lit. Le trajet jusque chez moi n'avait pas apaisé la colère qui me faisait bouillonner les entrailles. Comment osait-il douter de mes sentiments. Je venais de lui offrir mon corps sans réserve. Je l'avais laissé me faire tout ce qu'il voulait, sans aucune hésitation, sans aucune crainte. Il avait eu peur de m'avoir fait mal. Je lâchai un rire sarcastique. Ces paroles avaient été bien plus douloureuses que ses gestes.
— Merde ! criai-je en frappant le matelas.
J'avais encore l'odeur de nos ébats sur la peau. Je me levai précipitamment pour me déshabiller. Je jetai mes vêtements rageusement sur le sol et me dirigeai vers la douche. L'eau froide ruissela sur mon corps, mais n'apaisa pas le feu allumé par ma fureur. Je claquai les deux mains sur le carrelage et serrai les poings. Ses paroles tournaient en boucle dans ma tête.
— Tu n'es qu'un gamin immature ! Tu ne sais rien...
Était-ce moi qui ne savais rien, ou lui qui ne voulait rien comprendre ? Je serrai les paupières et secouai la tête. Ces mots m'avaient tellement blessé. Je restai immobile pendant longtemps, espérant que l'eau emporterait avec elle toute la rage et la frustration et en essayant de retrouver des idées claires.
Mew
Immobile, la gorge serrée, je n'avais pas bougé du salon. Je fixai désespérément la porte en espérant que Gulf reviendrait. Il n'était pas revenu... Il avait dit que nous n'avions pas d'avenir... À cette pensée, je sentis mon cœur se briser en milliers de morceaux aiguisés. Ils semblaient tomber dans ma poitrine en me lacérant de l'intérieur.
Nous n'avions pas d'avenir...
Ma respiration se fit difficile, j'étouffais. Je portai ma main à la naissance de mon cou, en essayant de trouver de l'oxygène. Au lieu d'un souffle d'air, ce fut une longue plainte déchirante qui s'échappa de ma gorge. Mes jambes se dérobèrent sous moi. Je me recroquevillai sur le sol, tel un animal mis à mort. Je pris conscience de son odeur sur ma peau. Alors, j'entourai mes genoux de mes bras pour la garder le plus longtemps possible sur moi. Les larmes se mirent à couler sur mes joues.
J'étais anéanti. Je ne pouvais pas le perdre, il était tout pour moi : mon amour, mon âme sœur. Je ne voyais pas ma vie sans lui. Comment pouvait-il seulement penser que nous n'avions pas d'avenir... Tout ce que j'avais fait, c'était pour le protéger. Je l'avais toujours fait passer en priorité. Je restai de longues minutes, immobile, à même le sol, à me bercer dans son odeur.
Gulf
Ruisselant, une serviette entourant mes hanches, je faisais les cent pas dans mon appartement, tel un lion en cage. La douche avait à peine apaisé ma colère. Je n'arrivais pas à sortir ses paroles de ma tête. Soudain, la sonnerie de la porte retentit. Je m'immobilisai, le cœur battant. Était-ce Mew ? M'aurait-il suivi pour résoudre rapidement cette dispute ?
Je fixai la porte, indécis. Avais-je le courage de l'affronter tout de suite ? En avais-je seulement l'envie. S'il était venu aussi vite, c'est qu'il devait s'en vouloir, c'est qu'il m'aimait vraiment. La lueur d'espoir qui s'était allumée prit le dessus et je fonçai pour lui ouvrir. Mon regard se posa sur mon visiteur et je fis un pas en arrière de surprise.
— Bonjour Gulf... J'arrive au mauvais moment ? demanda Sumalee, aussi surprise que moi de me voir ouvrir vêtu d'une simple serviette.
Je m'insultais mentalement de n'avoir pas vérifié avant d'ouvrir.
— Excuse-moi de t'ouvrir comme ça, répondis-je gêné. J'attendais quelqu'un d'autre.
— Oh ! lança-t-elle dans un sourire entendu. Je ne t'embêterai pas longtemps. Je suis juste venue t'apporter ça.
Elle me tendit un sachet.
— J'ai retrouvé ça en faisant mes cartons. Ça t'appartient.
Je jetai un coup d'œil rapide. Le sachet contenait des vieilles photos, des CD, des DVD.
— Je déménage... Je voulais te rendre tes affaires et en profiter pour te dire au revoir, continua-t-elle.
Je restai interdit.
— Tu déménages ?
— Oui...
Des bruits de pas se firent entendre au bout du couloir. Je réalisai que j'étais toujours à moitié nu, devant ma porte.
— Entre une minute, s'il te plaît, dis-je en me reculant pour l'inviter à rentrer.
Elle hésita une seconde, puis entra.
— Attends, je vais me changer, proposai-je.
Elle me retint par le bras.
— Ne t'embêtes pas, je repars tout de suite. Et je t'ai déjà vu dans des tenues bien plus légères de toute façon, dit-elle amusée.
— Oui, répondis-je, embarrassé. Tu pars vivre où ?
— Chez ma tante, un peu à l'extérieur de la ville. C'est plus près de mon agence et c'est surtout plus tranquille. De toute façon, je voyage de plus en plus, donc, pour le moment c'est plus simple pour moi de ne pas vivre seule. Au moins mon chat ne mourra pas de faim, expliqua-t-elle avec enthousiasme.
— Je suis heureux pour toi, si c'est ce qui te convient.
— Merci... Gulf ? Tout va bien ? Tu as l'air contrarié ? demanda-t-elle en me dévisageant, l'air inquiète.
Que répondre à ça... Je me suis envoyé en l'air avec mon petit ami secret, pour ensuite nous disputer violemment et je suis parti en claquant la porte.
— Non, tout va bien, je t'assure. Je suis juste humide et peu vêtu, répondis-je en plaisantant.
Sumalee éclata de rire.
— Tu as raison, je te laisse.
Je la raccompagnai jusqu'à la porte. Avant d'ouvrir, je me tournai vers elle.
— Je te souhaite bon courage pour ton déménagement.
— Merci, ne t'inquiète pas, j'ai de la main-d'œuvre.
— Des admirateurs, sans doute ? ajoutai-je avec un large sourire.
— C'est possible, répondit-elle en plaisantant.
J'ouvris la porte en riant à mon tour. Subitement, je me figeai. Quelqu'un se tenait devant ma porte, le bras levé, prêt à frapper. Un frisson d'effroi me parcourut quand je pus discerner son visage et y découvrir ses yeux exorbités.
Mew
Je me tenais, immobile, devant la porte. Il fallait que je le voie. Je devais savoir pourquoi il avait prononcé ces mots. Ils sonnaient trop comme une rupture. Et, cette possibilité, je ne pouvais pas l'envisager. C'était au-dessus de mes forces. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans lui.
J'avais réussi à me lever, à me doucher, à m'habiller, tel un robot. Les larmes avaient coulé sans interruption sur mon visage, l'une après l'autre. J'avais trouvé le courage de bouger, mais, à cet instant, devant cette porte, je restai statufié. J'avais tellement peur qu'il me rejette, qu'il ne veuille pas me parler. Mais je savais que c'était nécessaire, indispensable,même. Il fallait que nous parlions. Cette dispute n'était pas anodine. Tous ces sentiments négatifs, cette rancœur étaient en train de tuer notre relation. Je ne pouvais pas laisser cela arriver.
Alors, au prix d'un effort immense, je levai le bras...
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L'étincelle du désir
RomansaGulf arrive au casting de TharnType avec un objectif : devenir acteur. Son rêve deviendra réalité. Non seulement il va décrocher le premier rôle, mais il va aussi rencontrer Mew et sa vie entière va être transformée. Au fil des répétitions, tout com...