Chapitre 3

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Chapitre 3 : Déjà vu

Mai 2019

Aujourd'hui, j'ai décidé d'être courageuse, du moins je vais essayer. Je ne suis plus si petite, à présent je suis une adolescente, plus une enfant, alors je me dois de prendre mon courage à deux mains. Comme si j'avais le choix...

Suite au dernier repas de famille, ma grand-mère, comme par hasard, a remarqué que j'avais pris du poids, pourtant pas si voyant que ça. J'ai donc pu prendre de nombreuses remarques blessantes, de manière directe, ou simplement en l'écoutant se plaindre à sa fille, ma mère. Pour chacune d'entre elles, j'avais l'impression que l'on me plantait un couteau dans le ventre tellement elles pouvaient être blessantes à causes de leurs répétitions à longueur de journée.
Durant le repas, j'ai pu entendre des « ta fille est grosse » « tu te rends compte du poids qu'elle a pris ? » à de nombreuses répétitions, sans oublier le regard froid que ma grand-mère me portait. J'en avais la boule au ventre, une légère envie de pleurer. C'est elle qui a donné l'idée à sa fille de m'emmener voir cette femme.

Je suis donc, comme toujours, accompagnée de ma mère, sur la route en direction cette fois d'une kinésiologue, c'est une thérapeute. Comparée à la diététicienne, ma mère m'a dit que celle-ci parle avec le corps de ses patients par le simple touché, elle appelle ça un « teste musculaire ». Elle me prend pour une débile ? Et non, c'est bien vrai.
Je me suis renseigné sur internet, ils disent qu'en exerçant ce test, cette femme interroge le subconscient de son patient qui lui répond par la contraction d'un muscle.                  

La route est longue et je commence à m'impatienter, je ne sais pas si c'est le stress qui s'empare de mon corps ou simplement le soleil qui traverse la vitre en ma direction, mais j'ai terriblement chaud et je sens mes joues rougir sous cet effet. Ma mère, le regard fixé sur la route, n'a pas l'air inquiète, juste agacée. Je me demande pourquoi. Est-ce de ma faute ?

Nous voilà garées sur le parking, en direction de l'entrée. Quelques voitures y sont garées, nous ne serons pas seules. Je n'espérais juste pas revoir des enfants éclater en sanglots comme il y a quelques années dans la salle d'attente, comme s'ils approchaient la mort.

En entrant dans le bâtiment, je poussai un léger soupir de soulagement. Ouf.
À ma grande surprise, ma mère et moi n'étions pas seules, mais aucun enfant n'avait les larmes aux yeux, c'était déjà plus rassurant. Je restais pour autant méfiante quand je la vis arriver vers moi, avec un grand sourire qui me paraissait familier, ce n'était pas bon signe. Elle se rapprocha vers nous et nous fit signe de venir dans son bureau. La décoration était plutôt simple, on y retrouvait je suppose tout ce qui devait être nécessaire à son travail. Les murs étaient couverts d'un rose clair et des plantes à fleurs se trouvaient à chaque angle de la pièce.
La pièce dans laquelle je me trouvais était paisible, même presque relaxante, je m'y sentais bien. Pendant que j'admirais la décoration, les deux femmes parlaient ensemble. Je revins soudainement à la réalité quand celle-ci demanda à ma mère de sortir de la salle et d'attendre patiemment dans la salle d'attente que notre discussion  finisse. De quelle discussion parlait-elle ?

Ma mère partit alors sans un mot, me lâchant un regard dont je ne comprenais pas l'expression, je ne savais pas quoi faire. Je me retrouve donc à présent seule avec cette femme, qui attend qu'un mot sorte de ma petite bouche, scéllée à double tours. C'est moi qui possède la clé, et je ne compte pas lui donner, pas pour l'instant.

Surprise de mon silence, elle commença à me poser des questions, qui me firent directement ouvrir la bouche, prise au dépourvu. Ces questions m'avaient déjà étaient posées, plus jeune, et à mon souvenir, je ne les appréciais pas vraiment. Alors, je me contentais de répondre par des « oui » et des « non » sans approfondir mes réponses, ce qui je pense, ne lui fis point plaisir. Mais cela ne m'importe peu, parce que moi non plus, je ne prenais pas ce tête à tête pour un plaisir, mais plutôt comme un agacement.

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