MATT

Je n'arrive pas à faire abstraction de l'attitude qu'à eu ce Weyburn envers moi et depuis, j'ai déjà fait un million de suppositions dans ma tête. Il connaît Kiera puisqu'ils se sont salués, mais quel est leur lien ? Elle l'a appelé "Monsieur", mais il a rectifié son erreur. Je suis enfermé dans ma chambre et me torture l'esprit à imaginer des scénarios.

Mon ordinateur est posé sur le lit et la tentation est grande d'en connaître plus sur lui. Mais je n'ai pas envie de faire des découvertes qui pourraient me déplaire et me faire me sentir coupable d'avoir fouillé dans la vie privée d'un inconnu. Alors qu'est-ce que je fous encore là !?

Je jette encore un œil à mon PC avant de céder et d'ouvrir le moteur de recherches. J'épluche en premier lieu, tout ce qui pourrait me mettre sur une piste quelconque au sujet de l'accident, mais aucune trace de l'article du journal local qui le mentionnait il y a plus d'un an. Je poursuis mes recherches et me penche donc sur son nom : Weyburn. Sa vie privée est un mystère, mais j'apprends tout de même qu'il est un homme d'affaires accompli et...

La coïncidence est énorme et mon cœur s'emballe. J'ai survolé les grands titres à toute vitesse, mais l'information me saute aux yeux. Je ne poursuis pas ma lecture et ferme l'écran d'un coup sec, puis me lève brusquement pour faire les cent pas en me tirant les cheveux de désespoir. Je fais quoi maintenant ?

Les seules personnes que je puisse interroger en dehors de Kiera sont mes grands parents, mais mon interrogatoire va devoir attendre leur retour. Je prends le temps de la réflexion avant de me poser de nouveau sur le lit, les yeux rivés sur le plafond. Si ce qu'internet vient de m'apprendre est vrai, j'aurai rapidement la confirmation et c'est un point positif.

Je m'assois et attrape mon carnet et un stylo : puisque je suis sur ma lancée, autant continuer. J'observe mes notes, puis m'approche des post-it au-dessus du bureau qui sont finalement le reflet exact de ce que je viens d'écrire. Où est-ce que je vais pouvoir trouver d'autres indices ?

Mes yeux dérivent vers le jardin, puis sur l'enclos de Bêl, la chèvre de Papi, avant de se poser sur le cabanon. Aux grands maux, les grands remèdes, je vais mettre le nez où il ne faut pas : les souvenirs de maman. Je n'y ai jamais mis les pieds par respect pour sa vie privée, mais je n'avance à rien et passe outre ma propre interdiction en attrapant les clés dans l'entrée.

Ses affaires y sont rangées dans de grandes boîtes empilées les unes sur les autres, chacune annotées de la belle écriture de Mamina : « Vêtements », « Récompenses », « Bulletins Scolaires » ... Rien n'est susceptible de m'aider dans mon enquête. Je m'apprête à retourner dans la maison, mais un dernier regard circulaire me fait remarquer un écrin blanc sur l'établi. Qu'est-ce que ça fait ici ?

Je retourne sur mes pas et la tourne entre mes mains pour l'examiner de plus près. De délicates fleurs colorées y sont peintes à la main et son aspect m'indique clairement que c'est un objet unique. Elle est fermée à clé et il m'est impossible de forcer la serrure au risque d'endommager ce beau travail. Je la remets à sa place et rejoins le salon, rasséréné par ma découverte. Je suis quasiment sûr que cette boîte est la réponse à toutes mes questions, mais elle en soulève d'autres. Que contient-elle ? Des lettres ? Des photos ?

Las, je m'installe au salon et passe quelques heures à travailler sur un projet afin de me changer les idées, avant qu'ils franchissent enfin le pas de la porte. Papi est revenu les mains vides de leur excursion dans une ferme et Mamina s'en réjouit. Elle se laisse aller à un pas de danse dans son dos que je suis le seul à voir et qui me fait esquisser un sourire. Ils me rejoignent et chacun prend place dans un fauteuil.

- Pas de compagnon pour Bêl ? je lui demande exprès, ce qui fait s'agrandir le sourire de ma grand-mère.

- Non. C'est elle qui est contente, fait-il en la montrant de la tête.

- Comment peux-tu penser que je me réjouis de ton malheur ? dit-elle sur un ton faussement affecté.

Je ris sous cape : leurs joutes verbales est toujours un véritable divertissement.

- Et toi, tout va bien ? me demande-t-il en l'ignorant ouvertement.

- J'ai travaillé sur un projet, je mens à moitié. Je remets le pied à l'étrier.

- Tant mieux, je suis contente.

- Je te félicite ! se réjouit Papi.

- Tu as encore fait des recherches sur Lui ?
bredouille Mamina, hésitante.

C'est un sujet qu'on évite d'aborder en général, mais elle sait qu'à chaque fois que j'en ai l'occasion, je le cherche. Tous deux attendent ma réponse et l'on pourrait entendre une mouche voler tellement le silence règne dans la pièce. Leurs regards restent fixés sur moi, mais je préfère être honnête et dis la vérité :

- Oui et j'irai jusqu'au bout.

- Bien. Si tu as besoin...

- Oui, je sais.

Ils se lancent un regard entendu et ne me posent aucune autre question. Je me suis fait une promesse et je la tiendrai. Avant tout pour moi, mais aussi pour ma mère qui m'a élevé seule et à fait en sorte que je ne manque de rien. Mes grands-parents ont été présents, mais il m'a toujours manqué la présence d'un père. Je commence à ruminer en me demandant s'ils sont réellement prêt à m'aider vu ce qu'ils me cachent, mais Mamina change de sujet :

- Comment était ta soirée ?

Je soupire pour redescendre en pression. Les explications peuvent bien attendre.

- L'une des meilleures.

Je leur raconte rapidement dans les grandes lignes, en omettant notre fameuse rencontre, puis elle m'embrasse sur la joue avant qu'ils quittent la pièce. En parlant de Kiera, j'ai laissé tous ses messages sans réponse. Il est trop tard pour le faire à présent et je dois maintenant chercher une manière de m'excuser comme il se doit.

J'espère qu'elle comprendra.

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