MATT

Deux semaines.

Deux semaines sans nouvelles d'elle, mais je l'ai mérité. Je n'ai pas pris la peine de peser mes mots, déversant toute la rage que j'ai en moi, en un flot de propos blessant dirigés contre elle. Pas étonnant qu'elle ne m'adresse plus la parole. Je suis vraiment un connard !

À trop avoir joué avec le feu, voilà où ça m'a mené. Pourquoi a-t-il fallu que  je gâche tout  le soir où elle  m'avoue ses sentiments !?

Je me retrouve seul à ressasser des idées noires, réinventant un scénario qui malheureusement, se termine toujours de la même manière : Kiera me quitte. J’ai même pris la décision d'arrêter un temps le groupe de  soutien, car  l'y  voir nous ferait plus de mal que de bien. De toute manière, j’en ai fini avec tout ça !

C'est elle qui me retenait là-bas et je n'ai plus aucun  intérêt à y aller. J'ai avoué mon crime et subit à présent mon châtiment. Fuir semble être la meilleure solution pour remédier à notre crise et le séjour que Mamina a prévu chez maman tombe à pic. En vérité, je ne suis pas très emballé à l'idée de partir, mais vu la situation actuelle, je pense que c'est la meilleure chose à faire.

Prendre de la distance et laisser Kiera en paix. J'espère tout de même que ça lui  permettra  de  panser un minimum ses  plaies. En revanche, si ça ne devait servir à rien,  j'ignore si un retour chez mes grands-parents sera envisageable. C'est l'esprit préoccupé par toutes ses pensées moroses que je conduis, les yeux rivés sur la route, Mamina a mes côtés.

Voyant que je ne suis pas d'humeur à blaguer, elle se permet une bonne parole en posant sa main sur mon bras :

— Ça va te faire  du  bien  de  changer  d’air,  tu  es  chez nous  depuis  trop  longtemps.

Je lui jette un œil et acquiesce de la tête en lui souriant, la remerciant en silence. Le reste du trajet se passe en musique et, dès que  les  bâtiments  apparaissent  dans  notre  champ  de  vision,  je  me  sens délesté d'un poids.  Je  suis  à  nouveau  chez moi  et ne  vais  pas  tarder  à  revoir  ma  mère.  Même  si  elle  le  sait  déjà,  j'ai hâte de lui annoncer de vive voix que ma quête a pris fin.

Après  avoir franchi  notre grand  portail  noir,  je  me  gare sur mon emplacement réservé, devant l'ancienne  grande salle rénovée en loft  moderne qui fait office de chez nous.  Maman  aime  l’espace  et  malgré  qu’elle soit  seule  depuis  que j'ai quitté le nid,  il  y  a  assez  de  place  pour  héberger  au  moins  six personnes.  Le  loft  est situé dans une copropriété,  à  quelques  minutes  de  la  gare,  ce  qui est pratique quand ses parents lui rendent visite.

J'observe la façade et inspire en étirant les bras au-dessus de ma tête. Ça fait du bien d'être de retour.
Une fois le coffre vidé de nos bagages et de nos cadeaux, maman nous accueille  dans l’entrée. Elle me serre un long moment dans ses bras et je  lui rends son étreinte tout aussi chaleureusement.  Elle en fait de même avec Mamina, puis nous entrons joyeusement à l'intérieur.

Chez nous, l'entrée donne directement au 
rez-de-chaussée, dans une  immense  pièce à vivre composée de trois  grandes  baies  vitrées qui laissent  entrer  la  lumière  naturelle.  On trouve  également  une imposante  cuisine équipée  dernier  cri, ouverte sur  une  grande  salle à  manger et sa  hauteur  sous  plafond de six mètres.

Dans le prolongement, le salon cosy permet  d’accéder à la terrasse et à son ancien jardin remplacé par du gazon et des plantes synthétiques,
 maman n'ayant pas du tout la main verte. Sa chambre est également au rez-de-chaussée avec sa propre  douche à l’italienne, ainsi que son bureau. Pour  accéder à l'étage, un escalier métallique  longe  le  mur de la pièce principale et nous  y  conduit.

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