NOS DESTINS LIÉS

14

MATT

Les révélations de la veille m'ont empêché de fermer l'œil de la nuit, mais je ne manque pas d'envoyer un message à Kiera dès mon réveil, même s'il m'en coûte de faire comme si tout allait bien. Elle arrive au bout de sa guérison et se lance dans une relation avec moi, tandis que de mon côté, j'ai le sentiment d'être encore pris au piège de cet accident de malheur.

Mon insomnie m'a donné le temps de réfléchir et ce matin, j'ai pris une décision : je veux entendre sa vérité et pour ça, je dois aller à sa rencontre. Je trouve facilement son adresse sur internet et la rentre dans mon téléphone avant de récupérer mon sac et mes clés de voiture.

Je m'éclipse discrètement pour ne pas mettre la puce à l'oreille de mes grands-parents et suis mon GPS qui m'amène dans les hauteurs de la ville, isolées de tout. Quand j'approche de ma destination et m'engage dans l'allée, je découvre une maison d'architecte de plain-pied et son immense piscine surplombant un jardin qui doit faire trois fois la taille de celui de mes grands-parents.

Une spacieuse terrasse couverte par un auvent protecteur, et allant d'un bout à l'autre de la façade, peut recevoir au moins trente personnes et une grande table en teck entourée de chaises multicolores ainsi qu'un salon de jardin garni de coussins blanc complètent l'espace. La maison est immense et son entrée principale se situe en léger recul dans un espace distinct depuis le porche. À ce que je vois, il ne manque de rien ici !

Je me gare devant le garage dans lequel je devine aisément une collection de voitures plus chères les unes que les autres, sans cesser d'admirer les lieux malgré moi. Maintenant que je suis là, je ne peux plus faire marche arrière. Je n'ai pas encore mis un pied dehors qu'une femme d'un certain âge a déjà ouvert la porte pour m'accueillir.

Vêtu de ce qu'il me semble être un uniforme, un chemisier blanc et d'une jupe droite noire, il ne fait aucun doute qu'elle travaille ici. Ses cheveux blancs coiffés en un chignon strict lui donnent un air sévère, mais son regard est bienveillant quand il se pose sur moi. Je m'approche et vient à sa rencontre, un sourire poli sur les lèvres. Surtout faire bonne impression !

- Bonjour, je m'appelle Matt. Je viens voir le propriétaire des lieux, fais-je en désignant la villa d'un signe de la tête.

- Bonjour, jeune homme. Je suis Mme Potts la gouvernante. Avez-vous rendez-vous ?

- En fait non, dis-je légèrement mal à l'aise en me passant une main dans les cheveux pour les tirer légèrement.

Elle suit mon manège des yeux, puis sans me poser plus de questions, reprend à mon intention :

- Suivez-moi. Je vais vous emmener à son bureau.

Une fois la porte franchie, je remarque immédiatement que l'intérieur est aussi grand et luxueux que l'extérieur. Le salon, le séjour et la cuisine constituent le cœur même de la maison. Toutes les pièces sont immenses et ouvertes les unes sur les autres, aucunes cloisons n'étant présentes pour les séparer distinctement. Tout ça m'intimide légèrement, mais je ne laisse rien paraître.

Je la suis jusqu'au bureau un peu excentré dans le fond de la maison, à la porte duquel elle tape et m'ordonne gentiment avant d'y entrer, de patienter sur le palier. Elle en ressort une minute plus tard et s'écarte pour me laisser le passage. J'inspire discrètement pour me donner du courage tandis qu'elle referme derrière moi. Si je m'attendais à ça !

Le bureau est petit par rapport au reste de la maison et vide de meubles qui seraient encombrants et inutiles. Les grandes fenêtres donnent vue sur l'arrière du jardin et le soleil qui entre illumine toute la pièce. Seul un grand bureau trône au fond de la pièce, Lui, assis dans un fauteuil en cuir marron design.