MATT

Kiera évite de croiser mon regard, rougit si je la fixe trop longuement, mais  malgré  tout, ses jambes restent collées aux  miennes. Je m’apprête  à  sortir une nouvelle parade  de  séduction, mais avant que je  n’ai  le temps de dire  quoique ce soit,  elle pose son verre et prend la parole :

—  Dis-moi quelque chose que j'ignore sur toi, Matt.

Je ne m’attendais pas à cette question  sachant  que  nous sommes  amis,  mais  tente  d’y  échapper  en y répondant  par  une  autre  :

—  Qu'est-ce  que tu  veux savoir  que  tu n'ignores  pas ?

—  Je ne  sais pas, fait-elle en  réfléchissant. Est-ce que tu aimes cette ville  ?

Je  prends  le  taureau  par  les  cornes  et  décide  de  mener  la conversation afin d'éviter sa curiosité et lui  faire comprendre qu'elle ne m'est  pas  indifférente.

—  J'aime cette ville, mais encore plus car tu y vis, fais-je en baissant la voix pour qu'elle soit la seule à m'entendre.

Ses joues rosissent et sa bouche forme un léger O de surprise, tandis que mes yeux fixent ses lèvres sans que je ne puisse m'en détacher. Je prends appuie sur la table et pose mon menton au creux de ma main, le visage tourné vers elle.

— Mon  tour.

— Mon tour  ? fait-elle sans comprendre en me fixant du regard.

— À moi de  te  poser  une  question  et  tu  es  obligée  d'y  répondre, fais-je  en  souriant, fier de moi.  C'est  la règle.

Elle marque un  temps d’hésitation, pesant  le pour  et  le  contre avant  d’accepter  de  jouer  le  jeu :

—  D’accord.

—  Ça fait longtemps ?

—  Longtemps que  ?

—  Que je te plais.

—  Je...

Elle  boit  une gorgée  avant  de  finalement  consentir  à me répondre :

—  Depuis  plusieurs  mois,  mais  je  n'arrive plus à  faire  semblant. Mon tour.

Je  souris à  sa reprise  de ma réplique  avant  de la laisser  me questionner  :

—  Et toi  ?

—  Moi, quoi  ?

—  Tu sais  très  bien, Matt.

—  Mon jeu, mes règles. Pose ta question, je fanfaronne sans la quitter du regard.

—  Depuis  combien de  temps  je te plais ?

—  Depuis le moment où je me suis présenté à toi et que tu m’as répondu « je le sais, c’est écrit sur ton
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En répétant ses mots, j'imite  son  ton  désinvolte  de  ce  jour-là, ce qui lui fait lever au ciel en souriant. Je reprends ensuite en me rapprochant légèrement d'elle :

— Puis  tu  m’as souris,  rien qu’à moi et pas aux autres.  Pour  la première fois  depuis  des semaines.

Elle  ignore  que  je  l'ai  reconnu  dès  sa  première  réunion,  mais  ma  réponse  est  la  stricte  vérité. Elle  me  surprend en  emprisonnant  ma  main  dans  la  sienne,  je  presse donc  ses  doigts  entre  les  miens  et  caresse sa peau en y faisant glisser mon pouce.  Depuis  le  temps  que  j'attends ça !

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