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Papa rentre aujourd'hui. Maryse est allée le chercher avec Izzy et Max qui se sont précipités pour l'accompagner. Cela m'a surpris de les voir aussi impatients qu'il rentre à la maison, agréablement surpris cela va sans dire. Ils sont sans doute même plus impatients que moi, parce que j'avoue lui en vouloir encore d'avoir osé envoyer une candidature à ma place à l'une des plus grandes universités du pays. D'accord, je ne l'aurais pas fait moi-même, mais peut-on me le reprocher ? Je suis toujours certain de ne rien avoir à y faire, même si j'ai renvoyé les papiers pour mon inscription hier matin.

Mon père a raison de dire que je n'aime pas l'imprévu, ni le changement, mais en fin de compte, j'ai réussi à m'habituer à vivre ici. Bien sûr, le mode de vie des Lightwood est beaucoup plus « normal » qu'on pourrait le croire, ça m'a certainement aidé à ne pas me sentir trop différent de ce nouvel environnement duquel je fais aujourd'hui partie. Alors peut-être – je dis bien « peut-être » – que Columbia ne sera pas aussi difficile à vivre que ce que j'imagine.

Allongé sur une chaise longue, je profite du soleil et du calme qui fait souvent défaut ici. Je ferme les yeux, la chaleur me recouvre et, comme je suis seul, je n'ai pas couvert mes jambes comme j'ai l'habitude de le faire. Au téléphone avec Catarina, je ne pense même pas à mes cicatrices. En fait, elle accapare mes pensées en me reprochant d'être trop distant ces derniers temps. C'est vrai que je ne l'appelle plus vraiment, ni Ragnor, je préfère leur envoyer des messages, cela évite à ma voix de me trahir.

Je leur ai dit pour Columbia et leur enthousiasme ne m'a pas surpris, ni les craintes que Ragnor a rapidement dévoilées. Il s'inquiète pour moi parce qu'il me connaît bien et qu'il veut me protéger. C'est pour ça que je l'aime autant. Cat, elle, préfère m'encourager et me « mettre des coups de pied au cul » pour que je ne passe pas à côté de choses importantes. Comme mes études. Ou ma relation avec mon père.

— Pourquoi tout le monde me dit combien de temps j'ai le droit d'en vouloir à quelqu'un ? soufflé-je quand elle me dit que je ne pourrai pas en vouloir éternellement à mon paternel.

— Qui d'autre fait ça ? s'amuse-t-elle.

— Izzy... Avec son frère.

— Elle est au courant pour...

— Non, l'interromps-je. C'était à propos de mon coming out. Bref, je sais que je vais devoir pardonner à mon père d'avoir fait ça... parce qu'il l'a fait pour moi. Mais je... C'est comme si on me poussait en haut du plongeoir de six mètres sans que je m'y attende.

Je ressens encore l'impact de la nouvelle à chaque fois que je pense à la rentrée qui arrivera dans quelques semaines. Et j'en tremble encore. Je sais que l'image est étrange mais c'est avec ma meilleure amie que je parle, elle me connaît et me comprend.

— Je vois, me dit-elle de sa voix caressante. On croit en toi, tu sais ?

— Qui ça, Ragnor et toi ?

— Et ton père. Et je suis certaine que Maryse aussi, ou elle n'aurait jamais accepté de te l'offrir.

— Sans doute. Je sais que je suis chanceux, juste...

— Oui, oui, j'ai compris. Tu as besoin de temps pour t'en remettre. Et tu as le droit.

Je relève les yeux vers le ciel, un peu plus serein d'entendre quelqu'un valider mes craintes et mes appréhensions. D'ailleurs, elle change même de sujet pour nous détendre.

— Du coup, ça se passe comment avec ton demi-frère ?

— Max est adorable, éludé-je. Il est content que Papa rentre, c'est mignon.

— C'est pas... Tu sais que c'est pas de lui que je veux parler, hein ?

Son ton mal assuré me fait éclater de rire et elle râle un peu parce que j'ose me moquer d'elle.

Wicked Game [Malec AU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant