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Izzy, qui était descendue avant que je ne sorte de la chambre d'Alec, me prend dans ses bras dès que j'arrive dans la cuisine. On reste comme ça un moment, je n'ose pas parler. Je n'ose pas lui poser la moindre question de peur qu'elle me dise qu'elle sait pourquoi j'étais dans la chambre de son frère, cette nuit. J'attends et quand elle s'écarte, prête à parler, Max nous rejoint.

— Où est maman ? demande-t-il.

— Toujours à l'hôpital, je suppose, répond sa sœur en me lâchant complètement.

— Pourquoi elle est pas encore revenue ? se lamente le petit garçon. J'ai envie de la voir.

— Max ! Tu sais pourquoi elle est là-bas !

Ma demi-sœur donne une tape sur l'épaule de son petit frère qui ne comprend pas pourquoi il se fait réprimander. Je ne dis rien et vais prendre une tasse pour me servir un café.

— Fais-toi ton petit-déjeuner tout seul, t'es grand maintenant !

En râlant, Max me rejoint et remplit un bol de lait avant de me demander d'attraper le paquet de céréales qui est plus à ma hauteur qu'à la sienne. Il va ensuite s'installer à la table, Izzy revient s'asseoir au comptoir pour reprendre le cours de son propre café.

— Comment tu vas ? me demande-t-elle quand je m'assois à côté.

— Je... je fais aller.

Je la regarde, elle esquisse une petite moue et rebaisse les yeux. Ce n'est sans doute pas ce qu'elle attendait, elle aurait peut-être voulu que je sois un peu plus honnête. J'aimerais l'être aussi parce que j'ai l'impression que ma réponse ne la rassure pas autant que je l'aurais voulu. Mais l'autre option, c'est quoi ? Que je lui dise clairement que l'angoisse m'empêche de respirer et que savoir mon père à l'hôpital me rappelle le jour où on m'a appris que ma mère y avait été envoyée pour mourir ? Ça ne la rassurera pas non plus.

— J'attends impatiemment l'appel de ta mère autant que je le crains, poursuis-je pour me livrer davantage.

— Au cas où les nouvelles ne seraient pas bonnes ?

Je hoche la tête. Maryse pourrait tarder à appeler parce que l'état de Papa s'est dégradé et qu'elle attend l'avis des médecins. Comment le saurais-je ? Je n'arrive pas à me dire que les choses vont bien aller.

— Dis, commence-t-elle en parlant plus bas, il s'est passé quelque chose cette nuit ? Enfin, j'ai été surprise que tu sois avec Alec.

— Oh euh... Je ne me sentais pas bien, avoué-je. On a discuté et il m'a rassuré.

La petite brune hausse les sourcils avant de sourire, attendrie. Elle me donne un petit coup de coude.

— Je t'avais dit qu'il était gentil.

— C'est vrai, il l'est. Tu avais raison.

— Donc, c'est bon, vous êtes définitivement réconciliés ?

— Ce que t'es curieuse !

Je me fige en entendant la voix d'Alec, je ne m'attendais pas à ce qu'il nous surprenne en train de parler de lui. Je lève la tête en même temps qu'Isabelle.

— J'ai le droit ! Vous êtes mes frères et je veux que vous vous entendiez bien !

De nouveau, elle m'enlace. Suis-je condamné à toujours ressentir cette sueur froide quand quelqu'un va me rappeler que nous sommes demi-frères ? C'est dérangeant. Et pourtant...

Durant la demi-heure qui suit, je termine mon café et me laisse convaincre de jouer à des jeux vidéo par Isabelle et Max. Je tiens vaguement la manette en essayant de me concentrer un minimum sur ce qui se passe à l'écran. Je ronchonne pour la forme quand je perds, comme à mon habitude, mais j'ai du mal à ne pas me perdre dans mes pensées. Sauf que je ne veux pas les inquiéter, ça a été bien assez gênant d'avouer que je n'ai même pas pu passer une nuit sans m'effondrer de désespoir. Sans paniquer, sans que l'angoisse m'empêche de fermer l'œil.

Wicked Game [Malec AU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant