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L'amphithéâtre résonne de la voix du professeur qui donne son cours avec une confiance que je rêve d'avoir un jour, sur un fond de touches de clavier d'ordinateurs portables tapant en harmonie. Le dos calé contre le dossier de mon siège, j'ai préféré me contenter d'un calepin parce que me balader avec un ordinateur toute la journée n'a jamais été mon fort et que je me connais : le moins de distraction j'ai, mieux c'est.

Sauf qu'en termes de distraction, je suis servi depuis quelques jours. Les cours ont commencé depuis un mois et tout se passait à peu près bien jusqu'à ce que je repère une silhouette dans la foule des étudiants à la sortie d'un cours. J'ai commencé à paniquer avant de me convaincre que je suis seulement parano parce qu'il n'y a aucune chance que Jonathan soit à Columbia, suivant les mêmes cours que moi, n'est-ce pas ? Je n'ai pas de nouvelles récentes à son propos, je n'en demande pas car je sais que Clary déteste parler de son frère et que ça m'arrange bien. Mais, parfois, j'ai l'impression de sentir un regard dans mon dos et ça me met très mal à l'aise. Quand j'en ai parlé à Ragnor et Catarina, ils m'ont dit que ce n'est sûrement qu'une impression, qu'un mec comme lui ne serait jamais admis dans cette université.

Gêné par cette impression qui ne me quitte pas depuis le début du cours, je passe une main sur ma nuque avant de soupirer. C'est mon dernier cours, après je rentre. Alec a proposé de me ramener, comme à chaque fois que nos cours finissent à peu près en même temps. Je ne refuse pas, les journées sont longues, je suis crevé après les cours alors je ne vais pas me priver. Ce n'est pas comme si on passait du temps ensemble. Je ne pense pas que son groupe d'amis sache que l'on se connaît et de mon côté, eh bien, je n'ai pas vraiment sympathisé avec qui que ce soit. Il m'arrive d'échanger quelques notes, parfois, mais sans plus.

Mon portable vibre dans ma poche et me fait un peu tressaillir, mon stylo tombe et quelques regards se tournent vers moi alors que je me penche pour le récupérer. Je sors ensuite discrètement mon téléphone pour lire le message que je viens de recevoir.

« Dis-moi quand tu sors, j'avancerai la voiture. Il pleut. »

Je pose mes doigts sur les coins de ma bouche pour les tirer vers le bas. Pourquoi je souris quand Alec m'envoie des messages ? C'est ridicule.

Une dizaine de minutes plus tard, le professeur nous laisse sortir. Je remballe prestement mes affaires, téléphone à la main, et je me mêle à la vague d'étudiants qui sort de l'amphithéâtre. Une fois dans le couloir, je m'écarte de la masse car je pars de l'autre côté et j'en profite pour répondre à mon demi-frère. Je ne regarde pas vraiment où je vais, si bien que je bouscule quelqu'un. J'agrippe mon téléphone pour ne pas l'échapper et lève la tête pour m'excuser. Mais les mots ne sortent pas de ma bouche.

J'étais pas parano. Je déglutis, mes pieds refusent de bouger. Mes yeux finissent par croiser les siens alors que j'essayais encore de me persuader que ce n'était qu'une hallucination. Il me rend mon regard, ne bouge pas plus que moi. J'entends vaguement les gens passer autour de moi mais je n'y prête aucune attention, je suis comme un lapin acculé qui attend que son prédateur fasse le premier mouvement pour s'enfuir. C'est ça, un lapin, mon corps se met même à trembler.

Après un silence certainement beaucoup trop long, son visage se détend. Il esquisse un sourire qui retombe aussi vite.

— Magnus ? C'est toi ?

Pourquoi est-il surpris ? Ce n'est pas moi qui suis censé être interné !

— Ça fait tellement longtemps...

— Pas assez à mon goût.

— Oh tu m'en veux... évidemment.

Je serre les dents pour m'empêcher de lui hurler dessus. Je lui en veux ? Oui, évidemment que oui, je lui en veux ! Et je lui en voudrai certainement toute ma vie. à quoi s'attendait-il ? Que j'oublie après quelques années ?

Wicked Game [Malec AU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant