Roxanne

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Je me rince le visage et nous le suivons jusque dans nos bureaux où se tiennent une femme et un homme portant un nourrisson.

- Lieutenant Jay Halstead ? me demande la femme quand j'arrive face à eux.

- Oui, qui le demande ? Je la sens très mal cette discussion, leurs visages maussades n'arrangent rien.

- Y a-t-il un endroit calme où l'on pourrait parler ? me demande l'homme.

- Allons dans la salle de pause, dis-je en désignant la pièce en question.

Je les y précède avant de fermer la porte derrière eux. Ils prennent les chaises qui sont autour de la table et les posent face au canapé où la femme me fait signe de prendre place.

- Nous sommes les agents Aston, dit-elle en désignant son compagnon, et Curtill du FBI.

- Le FBI ? J'ai fait quelque chose de mal ?

- Je suis vraiment navré et je sais que rien ne vous consolera, commence l'agent Aston . C'est là que je fais le lien, Erin, voilà pourquoi le FBI. Ce discours je l'ai prononcé des dizaines de fois.

- Non, non, ce n'est pas possible, je connais ce discours, je vous en supplie ne le finissez pas je ne veux pas l'entendre. murmure-je en prenant ma tête dans mes mains.

Ces quatres mots viennent de briser mon monde tout entier. Les larmes coulent sans retenue le long de mes joues, elles sont intarissables. Elle ne peut pas être morte, ce n'est pas possible, pas la femme que j'aime, la femme de ma vie, la seule et l'unique. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir, lui dire à quel point je l'aime. Je ne l'ai même pas demandée en mariage, je n'en ai pas eu le courage quand elle était là et maintenant je ne pourrais plus jamais poser un genou à terre devant elle. Je ne peux pas vivre dans un monde où elle n'est plus, depuis qu'elle est partie je ne vis que pour la voir revenir. Pourquoi je continuerais à avancer si je n'ai plus de but, si je sais que je finirai seul.

- Je sais que rien de ce que nous pourrions dire ou faire ne pourra vous soulager, mais nous sommes ici à sa demande.

- Pourquoi ? Pourquoi moi ? demande-je. Pourquoi pas Voight ?

- A cause d'elle, dit-il en désignant le bébé qu'il tient dans ses bras depuis son arrivée.

- Vous voulez dire que c'est ma...

- Exactement, elle avait demandé à ce qu'en cas de problème, votre fille vous soit ramenée pour que vous puissiez l'élever.

- Elle était enceinte quand elle est arrivée ? Et je n'ai pas été là pour elle ! Comment ai-je pu lui faire ça !

- Détrompez-vous, vous ne lui avez rien fait du tout, elle prévoyait de revenir, elle parlait tout le temps de vous, elle devait être transférée à Chicago dans deux semaines pour que sa fille ait un père, et qu'elle puisse vivre avec l'amour de sa vie. C'est comme ça qu'elle vous appelait tout le temps. finit-il le regard dans le vague.

Elle devait revenir dans seulement deux semaines, deux toutes petites semaines et nous aurions pu être ensemble. Mais non, il a fallu que ça se passe autrement, comme d'habitude. Comme si on n'avait pas déjà assez passé de temps loin l'un de l'autre. Maintenant je n'ai même plus l'espérance de la revoir, de pouvoir passer du temps avec elle. Il n'y a plus rien, elle ne reviendra pas. Mais même dans cet horrible moment, elle réussit à me faire le plus beau cadeau du monde. J'ai un enfant, un petit bébé avec elle.

- Je peux la prendre ? demandai-je en désignant ma fille. Je n'arrive pas à croire que j'ai une fille.

- Oui bien sûr. me répondit-il en se levant pour me la mettre dans les bras.

Elle est si petite, ma vie toute entière a changé, en un seul regard, elle est devenue l'élément central de ma vie. Elle dort, ses tous petits yeux sont clos, elle a un visage tellement délicat et une peau si douce. Je passe mon pouce sur son visage et elle ouvre les yeux en me faisant un magnifique sourire. Je lui souris aussi en lui parlant "Coucou mon bébé, c'est papa ma chérie" lui murmurai-je. Je devais avoir l'air niais mais je m'en fiche. Ce petit nourrisson est le résultat de notre amour, c'est tout ce qui compte.

- Comment s'appelle-t-elle ? demandai-je sans détacher mon regard de mon petit bébé.

- Je vous présente Roxanne Kimberley Halstead-Lindsay ou L.Halstead

- C'est magnifique. murmurai-je en caressant la joue de ma fille.

- Nous devons vous informer que toutes les affaires de l'agent Lindsay vous seront transférées dans les jours qui viennent, et pour la petite puce je vous ai préparé un sac avec des couches, des changes et ses doudous ainsi que de quoi la laver, le reste arrivera dans les prochains jours. m'informe l'agent féminin en me tendant le dit sac d'une main et un paquet de mouchoirs de l'autre. Vous en aurez sûrement plus besoin que moi. décréta-t-elle.

- Merci beaucoup, répondis-je entre deux sanglots. Je suis si heureux d'avoir une fille, je suis papa, mais je ne peux pas oublier que je suis un père sans expérience et seul. Ce petit bout ne connaîtra jamais sa maman pensai-je en admirant ma petite princesse qui s'est rendormie.

- Je suis désolée mais nous devons partir, je vous laisse mon numéro de téléphone si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit. m'annonce l'agent masculin en se levant tout en me tendant sa carte.

- Merci bien, dis-je en me saisissant de son numéro.

- Encore toutes nos condoléances. me disent-ils avant de partir, comme s'ils étaient très pressées de sortir d'ici

Je les regarde se lever et partir, puis je repose mon regard sur ma petite fille. Je la bouge pour me moucher et essuyer mes yeux avec un des mouchoirs qui m'a été si gentiment donné. Ensuite, j'entends les voix de mes collègues à la porte. Comment vais-je pouvoir leur annoncer, ça va anéantir Voight, et je ne me sens pas capable de dire quoi que ce soit. D'ailleurs, je me rends compte que si on me pose des questions je ne sais absolument pas comment elle est... Je refuse d'utiliser ce terme, cela rendrait les choses trop réelles et je ne veux pas que ce soit réel. Et cela me rappelle que plus jamais je ne verrai ces yeux que j'aime tant. Plus jamais je n'entendrai sa douce voix me dire qu'elle m'aime. Plus jamais je ne sentirai son parfum dont je me suis tant enivré par le passé. Et plus jamais je ne la verrai sourire, son magnifique sourire qui a fait fondre monde cœur dès que je l'ai rencontrée.

Tout d'un coup je suis sortie de mes pensées par les cris de mon petit amour. Que faire ? Pourquoi crie-t-elle ? Elle a faim ? Elle est sale ? Elle a mal quelque part ? Elle veut un câlin ? Je n'en sais rien moi ! Comment vais-je faire pour m'occuper seul d'un bébé ? Je ne vais jamais m'en sortir, ce n'est pas possible. 

Linstead's TaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant