𝖢𝗁𝖺𝗉𝗂𝗍𝗋𝖾 𝗁𝗎𝗂𝗍 : 𝖱𝖾𝗇𝖼𝗈𝗇𝗍𝗋𝖾 𝖨𝗇𝖺𝗍𝗍𝖾𝗇𝖽𝗎𝖾.

61 6 1
                                    

Au volant de ma voiture, sur l'autoroute. Après une demi heure de trajet, je me suis décidé à rappeler le numéro qui m'avait contacté la nuit dernière. Celui de Zayann, apparement.

J'ai composé le numéro 2 fois de suite sans réponse, c'était seulement à la troisième fois qu'il a décroché.

- Allo ? Ai-je prononcé d'une voix tremblante.

- Ouais ? A-t-il répondu.

- Euh.. c'est Layal, je suis en route pour Lille. J'arrive dans environ 2 heures.

- Ok, a-t-il dit en raccrochant.

Je m'y attendais. Il ne supportais déjà plus de me parler au bout de 15 secondes. Ça me faisait de nouveau mal au coeur, bien sûr. Des choses me font souffrir mais au bout d'un moment ce n'est plus de la souffrance. C'est peut être de l'habitude ou alors un subisse, même aussi une soumission à la douleur émotionnelle. Peu importe en tout cas, pour moi, ce n'est plus de la souffrance car souffrir toute sa vie, ça devient un mode de vie.

Quand on a mal, rien n'en sort. Rien appart les cris et les larmes. Surtout les larmes.
Avec toutes ces sources destructrices émotionnelles de mon enfance et de ma vie, il a fallut que ce soit lui, Kenan. Ma plus grande épreuve. Pourquoi je ne souffre pas beaucoup plus du rejet de mon frère ? Pourquoi je ne souffre pas plus de la mort de ma mère ? De ma séparation avec Ayoub ? Ou même d'une petite égratignure sur mon doigt ? Je veux souffrir a cause d'une autre épreuve de la Dunya parce que celle-ci, celle de mon premier amour. Elle est trop dure.

Je l'ai aimé même lorsque j'étais marié, quand j'ai été la mère de l'enfant d' Ayoub. Je l'aime partout et pour toujours.

Kenan, pourquoi tu me hantes ? Pourquoi tu es parti ? Pourquoi tu as parlé, alors que tu savais que tes mots ne valaient rien ?
Tout me rappelle toi. Et tu es partout sauf ici. Sauf avec moi. C'est ça qui fait mal.

Je n'ai pas couru après toi, jamais.
Je t'ai supplié de rester un jour mais tu n'a pas céder et tu es parti alors aujourd'hui je t'attend. Je ne te chercherais pas. Quand je pleures ce n'est pas seulement pour toi. C'est pour toi et pour tout ce qui submerge mon âme. Je pleures quand cette dernière se noie d'épreuves. Si seulement tu savais la place que tu occupes dans mon cœur, tu en serais effrayé.

2 heures plus tard..
Quand je suis arrivé à Lille, c'était comme si je voyageais dans le temps, l'odeur et les paysages me rappelaient mon enfance.

Mon père habite dans une banlieue, au delà du 4ème étage d'un appartement. J'ai appuyé sur le bouton « 4 » de l'interphone ce qui m'a mené à entendre la voix de Zayann.

- Oui ? Dit-il.
- C'est moi, ouvre.

Il m'a aussitôt ouvert la porte d'entrée du rez-de-chaussée, il ne me restait plus qu'à prendre l'ascenseur pour enfin revoir mon père. J'avais peur de ma réaction quand je le verrais, mais aussi de la sienne car ça faisait si longtemps. Mon cœur se serrait dès l'instant où j'ai franchi la porte du Rez de chaussée. Elle me rappelle la dernière la fois où Kenan se tenait devant moi et me souriait pour la dernière fois, c'est quelques minutes après que mon cœur a été broyé par ses mots. Ce jour là, il m'a laissé m'effondrer.

Quand j'ai revu Zayann, après qu'il m'ai ouvert la porte d'entrée de l'appartement. Je m'étonnais de son apparence, il avait changé. Ses bras étaient musclés au contraire de l'époque où ceux-ci étaient maigres. Et ses cheveux, il les avait laissé pousser au point qu'il pouvait les attacher. Il avait laisser pousser sa barbe également. Mais ce qui n'avait pas changer c'est le regard qu'il me lançai ; il me dévisageait et j'avais l'impression que j'avais commis tout les crimes du monde entier.

- Bonjour, lui ai-je lancé.

- Il est dans sa chambre au fond du couloir mais de toutes façons tu connais déjà l'appart.

- Oui.

Je suis entrer doucement dans la chambre. La porte grinçait. Il était là, mon père.

- Papa ?

Quand j'ai avancé de quelques pas. Je le vit, il était allongé sur un lit d'hôpital, branché de partout. Là je n'ai pas compris. Il était pâle, tout blanc et sans énergie, c'était flagrant. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Toute ma vie, je l'ai vu fort et vif mais là.. il était devant moi si faible. Ce n'était plus l'homme robuste que j'avais vu il y a des années, il paraissait avoir dix ans de plus que son âge. Je croyais que malgré qu'il soit malade, je l'apercevrais avec un grand sourire. Mais il en était incapable à présent, je crois.

Zayann entra ensuite dans la pièce.

- Il dort, il vaut mieux attendre qu'il se réveille. Dit-il.

- Qu'est ce qui s'est passé ? Pourquoi il est comme ça ?

- Il a fait un AVC il y a quelques jours. Il ne peut plus marcher à présent.

- Mais tu aurais pu me le dire avant ! Ai-je crié en pleurant.

- Je ne voulais pas t'inquiéter, dit Zayann d'une manière neutre.

- Et depuis quand tu t'intéresse à ce que je ressens ? Tu m'as dis qu'il est malade et moi je pensais que ce n'était pas si grave..

- Au moins je t'ai appelé pour que tu sois au courant, à -t-il dit en refermant la porte derrière lui.

Je me suis assise sur la chaise à côté de son lit d'hôpital. Mes larmes coulaient, je me remémorais tout ces moments passés avec lui. Et je me disais que j'aurais du passer plus de temps avec lui pendant qu'il était encore en forme. J'ai tellement travaillé, les problèmes m'ont tellement submergés que je n'ai pas eu le temps de penser à mon papa. Je regrette. Et je m'en veut énormément, je ne me le pardonnerai jamais. Mais maintenant il était là devant moi. Incapable de marcher et ayant besoin que l'on s'occupe de lui. Je lui rendrais tout pour ce qu'il avait fait pour moi quand j'étais enfant. Il a tout fait pour que je ne me sente pas vide a cause de l'absence de ma mère. Alors je lui dois tout.

- Monsieur Maconi, c'est moi Monsieur Meyer !

A ces mots, je me suis retourné. Et une personne s'avança, il avait un pull gris et un pantalon noir. Ses cheveux étaient d'un marron foncé et très bouclés. Son visage semblait si familier. Il se tenait devant moi alors que je l'observai attentivement. Alors qu'il s'approchait, mon cœur battait la chamade.

Les gens peuvent changer leur apparence au fil des années mais les yeux, eux, ne mentent jamais. Au grand jamais.

Je l'ai immédiatement reconnu, c'était lui.
Et je savais au fond de moi, qu'il me reconnaissait de même. Son regard me le communiquait. Aussi marquant qu'impressionnant.

- Kenan ? Ai-je prononcé d'une manière intriguée.

- Layal ?

Le stress, la joie, la tristesse... tout ces sentiments étaient mitigés en moi. L'homme que j'ai attendu depuis si longtemps était ici.

Au fait, pourquoi était-t-il chez moi père ?

Al Djihad Of LayalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant