𝖢𝗁𝖺𝗉𝗂𝗍𝗋𝖾 𝖽𝗂𝗑-𝗌𝖾𝗉𝗍 : 𝖱𝖾𝗍𝗈𝗎𝗋 𝖽𝖾 𝖿𝗅𝖺𝗆𝗆𝖾𝗌.

44 6 2
                                    

Une semaine est passée depuis le jour de la mort de mon père.

La vie avait reprit son cours, on n'accepte pas l'absence des êtres aimés, jamais de la vie. Non, mais on vit avec leur absence. Sauf que mon cœur souffre tellement.. avant d'avoir appris la mort de mon père, j'étais aux anges et puis tout s'est écroulé. Je ne savais plus quelle émotion avoir et j'étais entre le cauchemar et le rêve. Dans sa chambre, son odeur avait disparu et à la maison rien n'était joyeux.

Je sais qu'il aurait détesté nous voir dans cet état moi et Zayann mais c'est trop dure de ne pas pleurer, c'est trop dure de le perdre. Plus rien n'est pareil à présent. Ces derniers temps, je ne mentionne que lui dans mes invocations. J'espère qu'il se sens apaisé de là où il est.

Il y a quelques jours, Zayann a tenter une véritable discussion avec moi. J'étais surprise et un peu perplexe à la fois, j'avais mal pour lui et pour moi.

- Je pars à l'épicerie, tu veux quelque chose ? Demanda Zayann.

J'étais choqué par de si simples propos, mais ceux-ci venaient de mon grand frère. Un long silence régna pendant un certain temps, c'était le temps qu'il m'a fallut pour réaliser ce qui se passait. Je restais figé dans mes pensées. Pendant qu'il faisait le pied de grue devant la porte du salon.

- Euh.. rien ne... ne t'embête pas pour moi.., ai-je finalement répliqué.

Il hocha la tête indifféremment puis tourna la clé pour finalement sortir. J'ai soufflé, une fois seule dans l'appartement. Zayann ne m'avait pas parlé comme à son habitude, sans émotions et sans scrupule. Mais plutôt comme il parlait à Zakarya ou à ses potes. Pourquoi tout d'un coup interagirai-il de la sorte envers moi ?

Je partage son ressenti, du fait qu'on ai plus de parents et que la maison soit sombre, ça se sentait qu'on vivait un terrible deuil. Dans une relation saine les frères et sœurs se soutiennent. Cependant nous étions tels des inconnus.  Mais le passé ne s'efface pas et les blessures n'ont jamais cicatrisé. Au fil que les jours passaient je rejetais ses interactions indifféremment de « frère attentionné » envers moi sans pour autant le faire exprès.

Un autre jour, il m'a apporté une assiette de pâtes à la carbonara alors que je ne lui avais pas demandé. Je ne lui demande jamais rien d'ailleurs. J'observais le plat qui me faisait penser à ce mauvais souvenir, le plat qu'il avait glissé sous la porte de ma chambre il y a des années de cela, quand mon père était parti en voyage.
- Pourquoi tu fais ça ? Lui ai-je demandé avec un regard noir.

- C'est pour toi, annonça-t-il sur un léger sourire.

- Depuis quand tu me souris ? Depuis quand tu me fais à manger ? Qu'est ce que t'essaie de faire ?

À ces mots, une larme coulait sur l'une de ses joues. Je ressentais une culpabilité en moi, mais ma colère était bien plus forte.

- J'ai passé mon enfance à souffrir à cause de ton rejet et tu m'as fais me sentir coupable de la mort de maman alors que ce n'était pas de ma faute !! Et maintenant que papa est parti tu viens ? Mais tu crois que c'est à mes 24 ans que j'ai besoin d'un frère ?! Ai-je hurlé.

- Je suis désolé Layal...

- Je me suis construite sans toi ! Donc t'es personne..., prononçais-je en sanglotant.

- Ok.. dit-il en se retirant du salon.

Mes mots ne s'arrêtaient pas à là..

- « Ok », c'est ça que tu me réponds ?! Tu crois que c'est ça qui va me faire te pardonner ? T'as du sacré culot Zayann ! Criai-je isolée dans le salon en espérant de toute mon âme qu'il m'entendrait depuis sa chambre.

J'étais persuadé de l'avoir blessé par mes paroles mais j'avais mes raisons et ma souffrance. Cette scène était le fruit de la négligence que j'avais récolté de sa part. Il est passé outre quand j'avais besoin de sa présence étant enfant et aujourd'hui je fais de même. Je sais bien qu'on rend le mal par le bien, mais c'est une trop grosse douleur.

Comment pardonner la douleur d'une vie ? Comment faire comme si de rien était alors qu'il s'est passé des paroles écorchantes et de la cruelle indifférence ? Non, on ne pardonne pas si vite comme ça et encore moins quand la personne ne l'a jamais demandé et revient comme une fleur. Je n'aurais jamais imaginé que Zayann aurait voulu un jour retisser les liens cassés. Les liens qui n'ont jamais existé...

Aujourd'hui je rend le mal par le mal. C'est vrai que papa est mort, c'est vrai qu'on souffre. Oui mais ça ne suffit pas et également ça ne justifie rien. Est ce que je me suis retourné contre lui quand j'ai compris qu'il me traitait mal à cause de la mort de ma mère ? J'ai été tolérante et bien plus que ça, j'ai essayé de le comprendre.

J'ai accepté et je me suis dis que les choses resteraient tels qu'elles sont à jamais. Et j'ai subi, oui j'ai trop subi. Une maltraitance mental qui a fini par contaminer l'âme et le coeur. En ce jour il fallait que lui fasse prendre compte de ce qu'il m'a affligé, que je ne ressens aucun amour fraternel pour lui. Rien du tout. Nous venons du même ventre et cela s'arrête ici. Alors maintenant qu'il ne reste que nous, il n'y a aucune preuve a l'œil nu qu'on est frère et sœur. J'ai toujours dis que je ne le détestais pas mais à partir de ce moment j'ai commencé à ressentir une haine quand je le regardais.

C'est trop éprouvant de pardonner Zayann mais est ce que la vie ne serait pas plus simple si j'y réussissait ?

Il est difficile de pardonner car le pardon vient du cœur et non de la raison.
Si le coeur m'en dit je le ferais...

Al Djihad Of LayalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant