𝖢𝗁𝖺𝗉𝗂𝗍𝗋𝖾 𝗊𝗎𝖺𝗋𝖺𝗇𝗍𝖾 : 𝖱𝖾𝖼𝗈𝗇𝗌𝗍𝗋𝗎𝗂𝗋𝖾.

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La librairie de Zakarya est un receuil de science, de spiritualité et de paix. Je n'y suis allé qu'une fois et j'y avais ressenti le bien être.

Se fut la même chose lors de ma deuxième visite. - As-Salam 3leykoum, dis-je en entrant dans le bâtiment. Ça sentait les livres, le musc et le neuf. J'avance de quelques pas en maintenant la porte pour laisser entrer mes enfants. À la caisse, j'aperçois un homme. - Wa 3leykoum salam, réplique-t-il.

Je sourie poliment et observe autour de moi.
- Je cherche Zakarya. Ai-je annoncé.

Il m'informe qu'il s'est absenté pendant un moment mais qu'il reviendra d'une minute à l'autre. Alors je l'ai attendu. C'est ce que j'ai fait. En même temps, j'explorais les différents rayons de livres. De sciences, de jurisprudences, d'éducation, de paroles divines et islamique. Je feuilletais les pages en lisant brièvement les premiers mots de quelques unes des pages. Je veillais à ce que les petites mains de mes enfants n'abiment pas les livres. J'attendais et je voulais juste le voir.
Il est apparu devant moi quinze minutes plus tard. - On m'a dit que tu me cherchais.

Je me suis tourné vers lui. - Oui, c'est le cas.

- Alors je t'écoutes, dit-il en appuyant son épaule sur un meuble. Il était prêt à tout entendre de ma part : le meilleur comme le pire.

Je ne savais pas par où commencer. Pour la première fois de ma vie sa présence me mettais mal à l'aise. D'habitude je trouve toujours les mots avec lui. - Eh bien... murmurai-je.

- Tu ne sais pas par où commencer ? Il s'est passé tellement de chose, c'est vrai. Tiens, je vais t'aider. Comment s'est passé ton voyage soudain au Canada ? Ça t'as fait quoi de me laisser ici ?

Il avait l'air agacé. Je sentais qu'il m'en voulait au plus profond de son cœur.

- Je ne veux pas vraiment en parler, pas encore.  Si je suis venue... c'est pour m'excuser.

- T'excuser pourquoi ? Pour m'avoir donner de faux espoir ? Pour m'avoir menti ? Pour m'avoir utiliser en tant que pansement ? Pour m'avoir trahi ? Pour m'avoir abandonner ? Dit moi pourquoi tu me demandes pardon !

Ses yeux brûlaient de colère, ils en sortaient des larmes le long de ses joues. Ses points étaient serrés et son corps tremblait de rage. Je ne savais pas quoi faire face à lui dans cet état, c'était la première fois que je le voyais ainsi. C'était la deuxième fois que je brisais son cœur.

- On était si proche du but Layal, dit-il d'une voix noyé par ses larmes, pourquoi a-t-il fallu que tu partes ?

- Il le fallait... rétorquai-je.

- Alors où est-il maintenant ? Pourquoi n'est-il pas à tes côtés ? Pourquoi tu ne souries pas comme le jour où tu t'es mariée ?

- Parce que... nous avons divorcé.

Silence.

- Et entre nous aussi tout est perdu maintenant, on ne peut pas retourner en arrière. Je ne peux pas m'engager avec toi ni te faire confiance si je sais que si Kenan t'appelles tu retournera vers lui sans réfléchir et sans penser à mes sentiments...

- ...

- Comme ça fait mal Layal... Dis moi si c'est ce que tu ressentais quand Kenan t'as abandonner, pourquoi tu me le fait subir ?!

- Et toi, pourquoi a-t-il fallu que tu m'aimes ?! Criait-je. Où sont passés ces cousins avec cette complicité incroyable, ceux qui étaient là l'un pour l'autre. C'était mieux avant...

- Layal, je n'ai pas choisi de t'aimer. Ce n'est pas de ma faute si tes beaux yeux alarment autant mon coeur. Ce n'est pas de ma faute si mon âme t'a choisi. Tu ne comprends donc pas ! Je suis menotté par cet amour... je... je n'arrive pas à m'en débarrasser ! Si j'avais su... si j'avais su, je serais parti loin, aussi loin que possible pour ne pas t'aimer autant, pas pour moi mais pour nous. Pour que nos âmes ne se noient pas dans ces dilemmes, dans ces sentiments, dans ces lâchetés. Sauf que maintenant je t'aime plus que tu as aimé Kenan, et c'est pas prêt de s'en aller. Ça fait du bien et du mal à la fois. Tu devrais comprendre tout ça... Tu as aimé un homme pendant plus de dix ans, inconditionnellement, avec passion et dévouement. Est ce que ce sentiment t'es familier, Layal ? Voilà. Voilà ce que je ressens pour toi.

- Zakarya..., dis-je en agrippant ma main à sa chemise alors qu'il s'en allait.

Il tourna sa tête derrière son épaule. Il avait le regard doux et terrifiant à la fois. Il m'aimait mais il m'en voulait. Je l'aimais mais j'avais fait trop de dégâts.
- Laisse moi, Layal. Va-t-en et ne me cours pas après. C'est fini. Repose ton âme et ton cœur, ils ont trop couru. Prend soin de toi et laisse moi me reconstruire après tout ça.

Je le lâcha sur le coup. J'étais en train d'essuyer mes larmes alors qu'il s'éloignait de moi. C'était de ma faute s'il avait besoin de se reconstruire. C'est ironique que la personne qui aurait pu le réconforter soit celle qui lui a fait du mal. Je me sentais humiliée d'avoir agi ainsi. J'ai pris mes enfants par la main et suis sortie de la librairie, le cœur lourd. Peut-être que c'était la dernière fois que j'y mettais les pieds.

Dehors il pleuvait des cordes, j'ai couru avec les petits jusque la voiture. Si j'étais seule j'aurais pris un grand bain de gouttes de pluie. J'aurais pleuré tout ce que j'avais besoin d'évacuer et personne n'aurait pu s'apercevoir que j'aurais des larmes. Je ne voulais pas perdre Zakarya. Mais tout ce que j'ai fait était maladroit, brisant, poignant. Ça lui faisait mal, les choix que je faisais l'affectait au plus au point car d'une manière ou d'une autre ça le concernait.
Repose ton âme et ton cœur, ils ont trop couru. Prend soin de toi et laisse moi me reconstruire après tout ça. Ces mots retentissaient dans mon esprit tandis que je souriais à mes enfants.  Leurs innocence me fascinait, j'aurais aimé retourné à l'époque où mon seul soucis était de voir ma mère. Cette enfance pleine de blessures insouciantes. Je ne me suis rendu compte que je souffrais qu'en grandissant car je pensais que c'était normal avant. C'est triste mais qu'est ce que j'aimerais y retourner... ne pas avoir conscience de ce qui me fait mal. Ne pas avoir à régler de problème. Juste l'insouciance. Juste vivre.

Al Djihad Of LayalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant