𝖢𝗁𝖺𝗉𝗂𝗍𝗋𝖾 𝖽𝗈𝗎𝗓𝖾 : « 𝖯𝗈𝗎𝗋 𝗆𝗂𝖾𝗎𝗑 𝗌𝖾 𝗋𝖾𝗍𝗋𝗈𝗎𝗏𝖾𝗋 »

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- Salam papa. Ai-je dis en entrant dans la chambre de mon père.

- Comment vas-tu ma chérie ?

- Je me porte bien, Al hamdullilah. Et toi ?

- Louange a Allah..

Je senti mon téléphone vibrer dans ma poche, c'était le numéro de Ayoub.

- Allo ?

- Amra veut t'appeler en FaceTime, t'es dispo ?

- Oui bien sûr, ai-je répliqué avec joie.

- Je te la passe. À ces mots il activa sa caméra et je pouvais enfin apercevoir la petite bouille de ma fille. Je fis de même et elle pouvait me voir aussi.

- Bonjour habiba !

- Maman !

J'entendais mon père de derrière glousser de bonheur en entendant sa petite-fille.

- Je suis avec ton grand père tu sais ?

- Oh la chance ! S'exclama-t-elle, je veux le revoir moi aussi.

Alors j'ai maintenu mon téléphone devant mon père afin qu'elle puisse le voir et lui, qu'il puisse l'entendre de plus proche. Papa ne voyait plus mais il entendait.

- Coucou papi ! Le salua-t-elle.

C'est là que j'ai entendu la porte grincer.
Lorsque j'ai tourné mon regard vers le bruit, j'aperçus Kenan.

- Bonjour Layal, murmura-t-il.

- Bonjour.., ai-je repliqué. Écoute Amra, papi doit d'abord prendre ses médicaments, d'accord ?

Je pouvais percevoir la nostalgie dans ses yeux. La nostalgie, et le regret.
Il s'exécuta pour effectuer les soins de mon père. Pendant que je le surveillais avec attention. Le silence régnait dans la pièce, nous entendions seulement le bruit du chauffage. Une atmosphère peu commode.

Quand il eut fini, il me fit signe de le suivre.

- Amra je te laisse parler à papi, j'arrive papa. Ai-je dis en posant mon téléphone sur sa table de chevet.

Mon cœur battait des cordes. Je pensais que s'il voulait s'expliquer quelle sera son explication ? Je m'imaginais toutes les situations possibles.

Nous nous sommes tenu devant la porte d'entrée du bâtiment. L'atmosphère était lourde, je sentais son regard sur moi et je n'avais qu'une seule envie : disparaître.

- Alors comme ça tu as refais ta vie ? Me demanda Kenan.

- Oui, tu t'attendais à ce que je cours après toi en pleurant jusqu'aujourd'hui ?

- Ah.. je suis content pour toi. Dit-il d'un air déçu.

Le silence régnait entre nous, nous qui pourtant auparavant étiez comme deux anneaux soudés. Une voix dans ma tête me criait de partir mais je ne voulais plus demeurer dans cette insouciance, je voulais m'exprimer, parler et l'écouter, comprendre et accepter. Écrire un nouveau livre, et tout laisser derrière moi, oui, je voulais briser ce silence à tout prix. L'homme que j'ai tant aimé, pour lequel j'ai tant pleurer se tenait là.

- Tu sais quand je t'ai revu, ça m'a fait quelque chose de bizzare. Ai-je prononcé d'une voix tremblante.

- Tu l'as mal vécu ? M'interrogeais Kenan.

- Oh oui, très mal vécu..

J'ai baissé mon regard vers le bas, je n'osais pas le regarder.

- Je voudrais juste comprendre pourquoi t'es parti après m'avoir promis de rester. Pourquoi ça devait prendre une tournure aussi sombre ? Pourquoi m'avoir rejeter après m'avoir aimer ?
Qu'est ce que j'ai fait de mal, Kenan ?

- Tu n'as rien fait Layal. C'est moi qui n'a pas été confiant.

- De toute façon c'était haram.., murmurai-je.

- Oui, c'est l'une des raisons pour lesquelles je voulais partir pour mieux te retrouvé. Mais en faite c'est perdu d'avance.

A ces mots, j'ai instinctivement replongé mon regard sur lui, une chaleur de colère se ressentait en moi.

- Attend, t'es en train de retourner la situation là ? C'est moi qui a été trahi, c'est moi qui souffre ! Lui ai-je hurlé.

- Mais tu crois que je n'ai pas souffert moi aussi ?! T'es tellement égoïste, je croyais qu'en grandissant tu changerais ! Mais mademoiselle, s'est marié et a même eu un enfant !

- J'arrive pas à croire que tu me dises ça..

- C'est bien la vérité pourtant. Dit-il en ayant l'air satisfait de ces propos.

- Si ça te blesse autant, pourquoi t'es pas venu me marier ? Je t'ai attendu pendant 6 ans, ça en fait maintenant 11.

Le silence régnait désormais, car il resta bouche-bée. Kenan, l'homme qui m'a tant fasciné, que j'ai tant aimé était planté là, devant moi et me lançait un regard désespérant et méprisant à la fois. Celui-ci était perçant.. Ses lèvres se retroussèrent et sa pulsion semblait incontrôlable.

Ce fut la première fois que je le voyais de la sorte. Il voulait encore me lancer de ces mots qui écorchait mon cœur , ça se voyait mais il s'en empêchait. Et pourquoi ? Sûrement par peur d'en dire trop. Par peur de me blessé une fois de plus.

On avait tort de ne plus se parler, car il le fallait. Nos cœurs étaient devenus bien trop lourds.. pourquoi n'avons-nous pas tout vider une bonne pour toute ? Histoire de, peut-être comme il l'a dit « mieux se retrouver ». Parce qu'au fond on s'aimait.

Et si, on avait continué à se crier dessus l'un encore plus fort que l'autre, que ce serait-il passé par la suite ? Le mieux aurait été de s'exprimer tranquillement, mais après toutes ces années c'était impossible. Moi, je n'ai récolté que de la haine et de la rancoeur. Lui, il n'avait pas le droit de m'imposer sa souffrance. Qu'il soit d'accord ou pas, c'est moi la victime.
Parce que moi, pour rien au monde je ne l'aurais abandonné.

Soudain, j'ai entendu des voix familières derrière moi qui ricanaient et discutaient des sujets que je n'entendais pas très bien. C'était celles de Zayann et Zakarya. Ils sortaient de la mosquée.

Quand ils m'ont vu, ils ont cessé instinctivement de se parler. Ils me fixaient en avançant de plus en plus vite. Je savais que ça allait mal se passer..

- Tu fous quoi avec lui ? M'interrogea brusquement Zayann.

- Depuis quand tu t'intéresses à moi et à qui je fréquente ? Lui rétorquai-je d'un air provocateur.

- Tu parles à qui comme ça ?!

Zayann leva sa main et me fit une grosse claque, qui me fit presque tombé au sol. Sous le choc, j'ai maintenue ma main sur ma joue. Mes yeux étaient écarquillés quand je l'ai regardé.
Zakarya l'empêchait de force de me frapper et de frapper Kenan qui lui lançait des injures.

- Rentres, prononça Zakarya. Alors j'exécutai l'ordre.

En montant les escaliers de l'immeuble, j'ai croisé plusieurs locataires qui me dévisageaient mais j'ignorais la raison. Après avoir franchi la porte d'entrée mes yeux se remplissaient de larmes, je ne savais pas pourquoi mais j'avais besoin de pleurer. Quand les mots ne peuvent pas décrire le fruit de tous ces maux, les larmes les remplacent..

Al Djihad Of LayalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant