Chapitre 18 : Le début de la fin

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TIC TAC

L'horloge de la chambre ne faisait que répéter ce son.

« Je suis sincèrement désolé monsieur et madame Dumak... »

Ces mots tournaient dans les esprits depuis des heures, assis sur un siège gris souris, le même siège où s'était installé Noah lors de son séjour à l'hôpital. Ses parents dans le coin de la pièce parlaient avec l'infirmière. Son regard fixe dans le vide sans oser regarder le lit à sa droite.

La journée lui parut défiler à toute vitesse, et à la fois d'une lenteur lourde. La maison était calme et l'ambiance était bien trop lourde, comme si la pression allait les tuer, les écraser. Les marches grincèrent, une par une, dans un long silence. Plus aucun son ne se laissait vivre dans cette maison, seul un sinistre craquement – d'ordinaire habituel et sans intérêt – donnait vie à l'habitacle. La porte s'ouvrit et ses pieds s'immobilisèrent à peine le pas de la porte passée. Le lit était défait, les draps froissés.

Une larme coula sur cette joue si blanche.

Une silhouette s'effondra au sol, son regard fixé en direction du lit.

La pièce tournait et les coins s'assombrirent.

Elle serra ses poings jusqu'à ce que la jointure de l'os se laisse paraître.

« ... Mais nous n'avons rien pu faire de plus, sa crise s'est déclenchée durant la nuit, nous ne pouvons plus rien faire pour l'aider... »

La maison était si calme, que le son des larmes tombant sur le parquet, le craquement des doigts, la respiration saccadée et humide, étaient trop fortes.

TIC TAC

L'horloge du couloir, comptant désormais les secondes de son absence, était aussi forte qu'un marteau-piqueur dans son esprit.

« ... Votre fils est mort. »

L'horloge était trop forte.

« Mort... »

« Mort. »

Luka était parti.

Luka était mort,

Il ne se réveillera jamais plus.

TIC

Angela, pris une décision ce soir-là,

TAC

Elle ferma les yeux et l'accepta.

Quand son père passa dans le couloir, il l'aperçut en boule sur le tapis de sa chambre, il l'a pris dans ses bras et descendit jusqu'au salon avec elle, la déposa sur le canapé et lui mit une couverture jusqu'aux épaules. Il lui embrasse le front. Une larme coula.

La dernière fois que cet homme avait pleuré, remontait à la naissance de son fils. Ironiquement,  ses dernières larmes étaient liées.

Angela ne dormait pas vraiment, elle pensait être morte ou en plein cauchemar seulement. Elle entendait tout dans sa maison, à présent berçait par le silence, elle qui l'aimait tant...

Une voix, comme un murmure, parvint à ses oreilles ; sa mère passait les appels pour avertir la famille.

« C'est Angela qui nous a alerté, André et moi. Elle a crié, et dès cet instant j'ai senti que ce n'était pas normal. En rentrant dans la chambre j'ai... – excuse-moi sanglota-t-elle. Dans la chambre,  elle tenait la main de Luka dans la sienne. Oh mon Dieu sa main était si petite et si froide maman ! ... »

Angela ne pouvait pas écouter plus, elle pensait que c'était sa faute. Elle avait passé la nuit avec lui et n'avait rien fait, elle avait tué son petit frère, à ses yeux elle avait du sang sur les mains, honte de n'avoir rien remarqué, coupable.

Quand elle s'était réveillée, elle avait bien vu que leurs mains étaient toujours l'une dans l'autre, mais un détail lui paraissait étrange. Sa main était gelée. Et quelque chose au fond d'elle l'alertait, mais elle ne savait pas quoi, son frère avait souvent les mains froides même si, à ce moment présent, elles étaient sans doute trop froides ? Angela continua d'observer son petit frère et quand enfin elle comprit ce qu'il se passait, elle appela de toutes ses forces ses parents.

Aussitôt la porte s'ouvrit à la volée, Angela sur son lit secouait l'épaule de son petit frère, aucune réaction. Elle jeta un regard à sa mère qui semblait confuse, elle s'approcha de Luka et au contact de sa main, ses yeux s'écarquillèrent. Elle le prit dans ses bras et le secoua ; toujours aucune réaction. Angela voyait des larmes coulées sur le visage de sa mère, mais ce qu'elle ne comprenait pas c'est que, c'étaient ses propres larmes.

Son père appela les pompiers dès qu'il avait entendu crier, quand ils arrivèrent il était de toute façon bien trop tard... 

Angela, pendant ce temps avait gardé bien précieusement la main de son frère dans la sienne, comme de peur qu'il ne disparaisse. 

Elle est moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant