Chapitre 17 : Un pas en avant...

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Angela était à nouveau chez elle. Depuis son retour l'ambiance dans la maison était différente, ses parents semblaient plus aux aguets qu'auparavant, l'ambiance était devenue grise et triste, plus aucune once de joie ne semblait virevolter dans cette maison qui partageait l'enfance d'Angela et de son petit frère ; Luka. L'ambiance était si pesante que même ce dernier semblait le remarquer et même l'impacter, chaque soir il venait toquer à la porte de sa sœur, passait sa petite tête dans l'embrasure et demandait de sa petite voix s'il pouvait rentrer. Angela ne lui disait jamais non, se contentant de l'inviter à entrer en ouvrant son plaid pour lui permettre de venir à ses côtés. Et à chaque fois Luka regardait Angela droit dans les yeux ; ses petits yeux bleus qui semblait transpercer les siens, d'un gris presque vert, en posant sa petite main sur celle de sa grande sœur.

Ce petit geste serrait le cœur d'Angela, comme s'il s'émiettait. Son petit frère plein de joie devait en pâtir lui aussi de tous ces événements, même s'il ne comprenait pas tout.

Angela le prenait alors dans ses bras et lui caressait la tête dans un geste tendre et maternel, elle voulait rassurer Luka, lui, à qui elle tenait plus que tout, pour qui son cœur battait encore.

Et ils restaient comme ça jusqu'à ce qu'il s'endorme dans ses bras, parfois elle se levait pour le ramener dans son lit, parfois - et ce qui arrivait souvent - elle le gardait dans son lit pour qu'elle ait moins peur, pour qu'il n'ait pas peur d'être trop éloigné d'elle non plus. Mais elle ne s'endormait pas tout de suite, elle regardait son plafond, longtemps, peut-être trop longtemps se disait-elle à chaque fois. Elle entendait tous les bruits de sa maison ; les bruits de respiration un peu fort de son petit frère ; comme s'il respirait mal la nuit, comme si quelque chose lui serrait la respiration, ça n'inquiétait pas spécialement le médecin, ni ses parents mais Angela le surveillait de près. Elle entendait ses parents qui, chaque soir, s'arrêtait devant la porte d'Angela comme s'ils avaient peur qu'elle ne soit plus là. Ils s'arrêtaient là devant la porte, n'osant pas l'ouvrir, comme si en l'ouvrant ils briseraient un charme. Cette impression émiettait encore plus son cœur...

Ça faisait une semaine que Angela était rentrée chez elle.

Une semaine qu'elle n'avait pas été en cours.

Une semaine qu'elle n'avait pas trouvé la force d'y aller, ni de se déplacer.

Une semaine qu'elle n'avait pas vu, ni parlé à Noah...

Le jour où elle avait quitté l'hôpital, l'infirmière qui la surveillait ainsi que son médecin étaient venu vérifier que tout allait bien. Mais ils étaient accompagnés d'une troisième personne, une femme plutôt petite, la quarantaine à première vue, des cheveux crépus, elle se présenta sous le nom de Madame Mathys...

C'était donc elle. Cette psy qu'on lui avait conseillé par mail. Elle la rencontrait aujourd'hui, se demandant si c'était un hasard ou une coïncidence assez ironique que sa vie lui accordait.

Lorsqu'elle lui adressa la parole, Angela ne répondit rien, elle continua à la fixer de son regard gris.

Le médecin lui expliqua la raison de la présence du docteur Mathys :

« Alors, mademoiselle Dumak vous...

- Angela.

- Pardon ? Demanda le médecin, aussi surpris que les autres d'entendre Angela parler.

- Appelez-moi Angela s'il vous plait.

- Oh bien. Donc, euhm Angela, comme expliquez hier, vous pourrez rentrer dans la journée si le psychologue vous juge apte à rentrer, c'est une mesure de précaution, assez importante étant donné après ce qu'a vu l'infirmière dès votre arrivée. Nous allons vous laissez. S'il y a le moindre problème nous serons mis au courant Angela. »

La psychologue s'installa sur le siège à côté de la porte tout en regardant le médecin et l'infirmière sortit en fermant la porte.

Une discussion commença, évoquant la rencontre d'une psychothérapeute, d'autres aides médicales, même d'un second avis psychiatrique. Angela vivait cette scène mais comme à chaque fois, c'était comme si un nuage embrumait son esprit et son espace. Elle vivait au ralenti et elle ne savait pas si ça lui plaisait.

Elle parla avec cette bonne femme qu'était Mme. Mathys, longtemps.

Assez longtemps d'ailleurs.

Assez longtemps pour en arriver au sujet de son agression.

Assez longtemps pour que Angela se sente prise au piège.

Assez longtemps pour elle.

Quand enfin la psychologue se leva de son siège, elle continua à fixer Angela droit dans ses yeux gris. Elle sortit de la salle et ferma précautionneusement la porte. Angela resta là, son regard rivé sur le carrelage blanc de sa chambre d'hôpital.

Angela ferma les yeux.

Et les rouvris face à son plafond.

Luka allongé à ses côtés. Sa petite main posait sur la sienne.

Elle n'osa pas bouger, de peur de le réveiller, alors elle se mit à fixer son plafond, à nouveau. Bientôt ce plafond se mit à tourner, très lentement. Et Angela referma ses yeux en repensant à sa mère, très lentement.

Elle est moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant