Chapitre 17.2 : Pour deux pas en arrière...

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Le jour où elle avait repassé la porte de sa maison, elle remarqua en premier que sa maison, son monde, sa protection ; était devenu fade, terne, grise, triste... Comme si quelqu'un s'était amusé à aspirer le peu de joie qu'il en restait. Ses parents la serrèrent dans leurs bras, sa mère pleura, son père essayait de rester fort, comme toujours.

« On dirait que je vais bientôt mourir » pensa sarcastiquement la voix d'Angela dans sa tête.

Elle remonta dans sa chambre, et ensuite alla prendre une douche, elle y resta longtemps, l'eau brûlante tombait sur ses épaules, sa nuque, son dos puis ses pieds. L'eau commençait à la picoter, l'eau était trop chaude mais Angela ne fit rien. Elle laissa l'eau presque brûlante couler le long de son corps et ne fit rien pour l'empêcher de marquer sur elle ses griffes rosées et fumantes.

Elle retourna dans sa chambre, s'emmitoufla dans son plaid favori et observa à travers sa fenêtre.

SES rideaux, à lui était fermés. Chose qui n'arrivait jamais. Angela s'installa tout de même sur son rebord de fenêtre et posa sa tête sur le carreau froid. Elle ferma les yeux et repensa à tout ce qu'il lui était arrivé, à ce qu'elle s'était dit une fois sa mère partie de l'hôpital, cette discussion surtout lui revint en mémoire...

Elle avait promit à sa mère d'écouter le médecin et la psy, car en allant la voir elle espérait pouvoir rendre l'ancienne Angie à sa mère, à son entourage. La nouvelle Angela n'était qu'une mauvaise copie, une imposture d'elle-même, une erreur pour être exact. Elle se disait d'elle, que cette version n'existait qu'à cause de son cousin, que sa création était la pire chose qu'il puisse être, son cousin n'avait jamais été méchant avant ça.

Jamais...

Avant tout ça...

Dans les moments où elle fixait son plafond, elle y repensait, de manière lente mais si brutale.

Se demandant si tout était sa faute, si c'était elle qui avait fait quelque chose de déplacé à son cousin, elle se sentait salie, coupable, et par-dessus tout honteuse. Elle voulait enlever cette peau qu'il avait touché.

Touché d'une manière si horrible...

Elle se demanda si ce n'était pas ELLE l'erreur qui l'avait poussé à faire ça. Et si finalement tout était sa faute ? Et si le problème venait d'elle ?

Et si... ?

Angela ne cessait de se poser multiples questions, et cela la rendait folle.

Elle fixait son plafond et souvent une larme coulait lentement sur ses joues pâles. Son petit frère frappait à sa porte dès que cette pensée traversait l'esprit d'Angela, comme s'il pouvait ressentir ça. Il passait sa petite tête dans l'embrasure, demandant à rentrer, avançant vers sa sœur et montant dans ses bras. Et là il serrait de sa petite main, celle de sa grande sœur, et celle-ci redécouvrait la réalité, frappante. Réalité où son frère la réconfortait sans même le savoir...

Elle voulait retrouver l'ancienne Angie, la vraie Angie, elle l'enlacerait alors, lui dirait au revoir et s'excuserait de lui avoir volé sa place, lui rendrait enfin sa famille qui l'aime tant.

Ce soir-là, Angela se leva tout en portant son frère et le déposa sur son lit, où elle le garda à ses côtés pour pensa-t-elle « juste cette nuit ».

Angela ne se voyait plus comme « Angela », elle ne quittait plus son plaid et cacher la moindre parcelle de son corps à quiconque. Si par malheur, elle croisait les marques sur ses bras, elle s'excusait envers elle-même.

S'excusait envers son corps de lui infliger ça.

S'excusait envers elle d'être si anormale.

S'excusait d'aller mal.

S'excusait de choisir la facilité.

S'excusait, encore et encore...

Et encore...

Et encore...

Et encore, jusqu'à s'endormir lentement...

Elle avait pris sa décision en rentrant, en rentrant elle ne se préparait que plus vite à partir afin de rejoindre à son tour la vraie Angela, et peut être lui rendre sa place.

C'était comme si sa décision était prise, et même la culpabilité qu'elle éprouverait ne réussirais pas à lui faire vraiment changer d'avis.

Petite, sa mère lui racontait que les histoires finissaient toujours bien. Angela se racontait alors, avant de s'endormir que peut être la fin de son histoire était pour bientôt ? Qu'au fond, elle s'avait qu'elle devrait bientôt y mettre le point final...

Elle est moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant