Chapitre 14 : Lourds secrets

47 6 0
                                    

Un instant.

Un seul instant et Angela s'était écroulée devant ses yeux. Le silence du couloir était aussi écrasant que des cris. Il reconnut les deux filles qui avaient posé problèmes à Angela depuis son arrivée au lycée, en plus d'être un peu à l'écart de l'attroupement d'élèves, leurs regards étaient différents des autres, elles semblaient amusées de la situation. De leurs regards ne s'échappaient aucune once de choc, de peur ou de pitié comme les autres élèves.

1 minute passa.

Une seule minute qui parut durer des heures pour Noah.

1 minute passa, quand enfin la voix du directeur se fit entendre dans le couloir, Noah ne comprenait rien, c'était comme si un brouillard entourait son esprit, il n'entendait que des bruits de fond, des bruits flous.

L'attroupement d'élèves se calma, il reconnut certains élèves, des anciens amis d'Angela, à l'époque en rentrant du collège, il les voyait près d'un café en train de rire tous ensemble. À ce moment rien que le fait de parler d'Angela le faisait rougir, alors la voir souriante, le rose aux joues, avec d'autres amis le rendait heureux et le transformait en tomate sur patte, elle semblait heureuse à ce moment. Et cela lui réchauffait le cœur d'entendre son doux rire et de voir son sourire sur ses lèvres. En voyant la distance qu'ils gardaient avec elle il se demanda ce qu'il s'était passé pour eux...

Quand l'ambulance arriva, la plupart des élèves baissèrent la tête. De honte ? Honte de ne pas avoir agi ? Noah ne comprenait pas vraiment leurs réactions. Il insista pour aller avec Angela à l'hôpital, les pompiers refusèrent, mais Noah fit la sourde oreille et s'installa aux côtés du brancard de son amie, il lui prit la main et fixa d'un air de défi les pompiers. Il eut enfin l'autorisation de rester.

« Si vous ne m'aviez pas laissé monter, je vous aurais suivi en courant. »

À l'hôpital, les infirmières étaient moins coopératives, elles lui ordonnèrent d'attendre en salle d'attente et que l'une d'elles le chercherait au moment voulu, quand les parents seront prévenus. Elles ont dû l'assoir de force.

Noah obtempéra enfin, il retrouva son calme et hésita à envoyer un message à sa mère, il ne le fit pas.

Il était 19 h lorsqu'une infirmière le chercha, lui demanda s'il était de la famille, Noah lui posa tellement de questions pour savoir si son amie allait bien, qu'elle ne comprit même pas si sa question avait eu réponse...

En arrivant dans la pièce avec l'infirmière, il remarqua qu'elle avait les yeux semi-ouverts, il passa devant elle et s'assied à ses côtés, un BIP strident s'échappa du plafond, il remarqua que la poitrine d'Angela se soulevait plus rapidement que la normale, il se releva et lui dit que tout irait bien et que ses parents arriveraient bientôt. Sa poitrine se calma aussitôt et ses yeux se refermèrent. L'infirmière approcha de sa patiente et mis sa main sur son front, elle alla chercher un gant d'eau froide et quand elle revint, elle surprit Noah déshabiller son amie.

Elle était abasourdie. Mais lui cria que c'était inacceptable de faire ça, il rétorqua qu'elle avait de la fièvre, donc qu'il lui facilitait la chose. L'infirmière ne savait pas quoi lui répondre, comme toujours personne ne savait comment répondre à Noah.

Il retira le pull de son amie et d'un coup la main qui le tenait se serra, son regard montrait de l'incompréhension, comme si un problème lui était imposé soudainement. Ses yeux bougèrent de façon très lente, pour être sûre que ce qu'il voyait était malheureusement réel...

Des marques sur son... non ses bras. Des traits au niveau des poignets, de l'avant-bras, du bras. Certains gonflés, d'autres cicatrisés et presque disparu, d'autres frais avec une fine croute de sang autour. Noah n'en revenait pas.

Il ne comprenait pas, il mit le pull de façon à cacher de sa vue les bras de son amie, il se retourna et l'infirmière s'avança, regarda les bras, son regard s'assombrit et elle quitta la pièce.

Quand elle revint après 20 minutes, Noah n'avait pas bougé, il était figé, comme si ce qu'il venait de voir lui avait fait un choc. Il ne savait qu'éprouver comme émotion.

La colère de ne pas avoir remarqué qu'elle avait tellement mal.

La colère de n'avoir rien pu faire.

La colère.

La colère, il ne l'éprouvait en aucun cas pour elle, mais pour lui. Il était en colère contre lui-même, car il n'avait pas remarqué sa souffrance. Pour lui, c'était comme un coup de poing dans le ventre.

Mais aussi de la tristesse.

Voir que son amie s'était mutilée, voire de façon réelle la douleur de son amie. Cette douleur qu'elle s'est sentie obligé de s'infliger avec cette lame, il en avait des haut-le-cœur. Il se répéta en boucle à lui-même qu'il était un mauvais ami, pendant qu'il se le répétait, une larme coula sur ses joues et s'écrasa sur le carrelage, puis une autre.

Il releva la tête, pendant qu'un homme et l'infirmière discutait et qu'une autre infirmière lui banda les bras et les désinfecta.

« Pardon Angela... » Murmura-t-il en se relevant.

Elle est moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant