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Tʜʀᴏᴡʙᴀᴄᴋ : L'effet papillon 1/2

Les états de service du sergent Williams étaient pratiquement irréprochables depuis le jour même où elle s'est engagée, à ses 18 ans. Elle avait du sang de militaire dans les veines. Son père l'a été, son père avant lui aussi. Même son petit frère s'est engagé dans cette voie.

Ça faisait déjà neuf années qu'elle nourrissait l'US Force Army de ses grands et loyaux services, gravissant fièrement les échelons un par un et ce malgré quelques problèmes qu'elle a pu avoir avec certains de ses supérieurs.

Elle a pour habitude de toujours suivre à la lettre les ordres qu'on lui donne, même si parfois c'est discutable. Mais si ces mêmes ordres revenaient à faire un coup vraiment stupide sur un échiquier déjà bordélique et qu'elle pouvait voir une autre solution beaucoup plus efficace et logique, quitte à se sacrifier elle-même pour sauver la majorité, elle n'hésiterait pas une seule seconde. Sa conviction était que l'intérêt général devait toujours primer. C'était la première raison qu'elle avait inscrite sur sa liste « Pourquoi s'engager » : sauver un maximum de vies.

C'est ce qu'elle a fait. Au détriment de son intégrité émotionnelle et mentale.

Lorsque l'une de ces situations lui a valu un blâme qui a bien failli lui faire perdre sa carrière, elle se ficha complètement de sa vie dans l'armée. Elle avait déjà perdu bien plus important que ça.

Le nom de Williams est bien connu de plusieurs régiments au sein de l'armée américaine. Son père était un fervent colonel avant qu'il ne doive prendre sa retraite prématurément pour raison médicale. Il était, et est toujours, très respecté. Il est arrivé plusieurs à fois à Nita de se dire que son parcours dans ce corps de métier a été facilité par le statut de son père, et parfois on ne lui donnerait pas tort. Mais ça a été tout particulièrement flagrant après cette mission catastrophique aux abords de Kaboul.

Enfin... « catastrophique » n'est pas le mot que les membres de son escouade à cette époque qui soutenaient la jeune femme auraient employé. Ils auraient plutôt choisi le mot « succès », puisqu'elle avait réussi à faire ce que d'autres ne voulaient pas. Mais du point de vue de Nita, c'était clairement tout le contraire.

Quoiqu'il en soit, sans ses antécédents, elle n'en serait jamais arrivé à ce beau jour où le général Shepherd en personne est venu lui parler d'une opportunité qu'elle ne pouvait pas refuser.

Il s'est présenté dans la base dans laquelle elle était en service et a demandé à immédiatement la voir. Son supérieur a dû la convoquer dans son bureau en l'obligeant à lui faire cesser toutes ses activités en cours. Quand elle est entrée dans le bureau, elle vit non pas deux personnes comme elle s'y attendait, mais bien trois. Le général, bien reconnaissable grâce à ses ornements et ses médailles sur son torse, son chef d'escouade, ainsi qu'un troisième homme qui attira toute son attention. Il était à peine plus grand qu'elle, des yeux bleus pâles, des cheveux châtains clairs courts et aplatis, une barbe de trois jours dessinant finement les contours du bas de son visage. Une cicatrice lui fendait la pommette droite dans une ligne droite et nette. Il était vêtu de noir de la tête au pied. Sur son gilet tactique, elle pouvait voir un écusson qui représentait la tour du jeu d'échecs en plein cœur d'un pique. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre à qui elle avait affaire.

« Qu'est-ce qui se passe ? » questionna-t-elle.

« Nita » commença le capitaine Blake, son supérieur. « Je suppose que tu connais déjà le général Shepherd. Il est là pour te faire une offre. »

« Quel genre ? »

« Sergent Williams » ajouta le haut gradé « je vous présente le commandant Graves de la Shadow Company. »