Chapitre 3

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La haine d'Hayami ne baissait pas. Ses deux amis voyaient toujours son regard plein de rancœur, même Tomioka s'en inquiétait. Elle ne souriait pas, semblait totalement fermée et coincée dans sa vengeance. En revanche, elle semblait s'être ressaisie, et se donnait corps et âme dans son entraînement. 

C'est le pilier de l'eau qui l'aidait à manier le katana. Certes, chacun maîtrisait un souffle différent, mais Tomioka avait cette capacité de ressentir en profondeur ce que son adversaire mettait dans son duel. Et actuellement, c'était mauvais. Le jeu de lame de la jeune femme n'était pas bon, autant que son regard. Le noiraud au yeux bleus et vides esquiva le dernier coup qu'elle tenta de porter, et frappa du bout de la poignée de son katana de bois dans le dos d'Hayami. Celle-ci manqua de tomber par terre, mais il la rattrapa par la ceinture de son kimono blanc. 

- Rengoku fait partie du passé maintenant. Ce n'est pas une vengeance que tu dois accomplir, mais éliminer un démon qui a fait trop de victimes, pour prendre la succession du pilier de la flamme pour accomplir sa dernière volonté. 

Il se tut un instant, sans bouger, laissant Hayami assimiler ce qu'il venait de dire. 

- Je n'ai ni la prétention d'avoir réellement connu Rengoku, ni celle de te connaître toi. Mais pour avoir combattu à tes côtés, je sais que tu manies mieux le katana que ça. 

Elle se redressa puis il la lâcha tandis qu'elle se retournait vers lui. 

- Tu es capable de prendre le dessus sur moi. N'est-ce pas ? 

Hayami le regardait droit dans les yeux, très peu convaincue de ce qu'il avançait. Car même si à une période elle avait été plus douée que lui, Tomioka était un pilier maintenant, et elle était restée au rang de kinoe. De plus, son regard vide et dénué de la moindre émotion ne l'aidait pas à avoir plus de confiance en elle. Lassé et peut-être aussi un peu gêné par ce regard si insistant, le noiraud dévia le regard, et recula d'un pas. 

- Arrête de réfléchir. Ca ne te servira à rien maintenant. 

Il l'attaqua, elle esquiva maladroitement son coup de justesse. Elle n'était pas stable sur ses pieds, et chancela légèrement. 

- Je n'aurais aucune pitié avec toi, Saori. 

Ce fut à cet instant qu'elle se ressaisit. Sa main sur son bokken (katana en bois) se resserra, et son regard changea. Tomioka remarqua qu'elle était passée en mode combat. Lorsqu'elle se battait sérieusement, et que quelque chose d'important était en jeu, son regard changeait. Elle passait de la fille joyeuse à une bête de combat. C'était la première chose qui avait fasciné Tomioka la première fois qu'il l'avait vue. 

Les coups qu'ils échangeaient commencèrent à changer, ils se firent plus rapides, plus puissants, et le noiraud ne la ménageait pas. Il tenait parole, il n'avait aucune pitié. Il cherchait évidemment à ce qu'elle s'améliore, c'est pour cela qu'il laissait de très petites ouvertures, dont elle se saisissait une fois sur cinq. Les bokken s'entrechoquaient à une vitesse affolante, et Tomioka craignait qu'Hayami finisse par se défouler tout simplement sur lui. Il effectua un cercle horizontal avec son arme, et balaya les pieds de la rouge ce qui la fit lamentablement tomber par terre. 

- Je ne suis pas un défouloir, marmonna-t-il en la menaçant de sa lame en bois. 

En observant le visage contrarié du pilier de l'eau, Hayami finit par lâcher un léger rire. Tomioka fronça encore plus les sourcils,  et elle rit de plus belle. 

- Mais... Qu'est-ce qu'il te prends ? demanda-t-il frustré. 

- R-rien, mais c'est tellement rare de voir une quelconque expression sur votre visage, que c'en est à mourir de rire. 

Il enleva le bokken du cou de la kinoe, et se retourna, perturbé qu'elle se moque ainsi de lui. Quand elle remarqua son air énervé, elle se dépêcha de se relever, malgré la douleur qu'avait causé le coup dans ses chevilles, et le rattrapa. Elle se mit face au jeune homme, qui se figea. 

- Excusez-moi, Tomioka-san. Je ne voulais pas vous contrarier. 

Il la regarda un instant, son regard redevenu vide comme d'habitude. Tomioka était si difficile à comprendre... 

- C'est rien, Shinobu m'a déjà dit la même chose. 

Il ne bougeait pas, et ne disait rien. Un malaise s'installa, durant aucun des deux ne fit le moindre geste, jusqu'à ce que Hayami se saisisse à nouveau de son bokken. 

- Je... euh... je pense pouvoir mieux me concentrer maintenant, on peut continuer ? 

Tomioka détourna le regard, et acquiesça, l'esprit un peu ailleurs. La rouge se replaça face à lui, et elle ferma les yeux avant d'inspirer un bon coup. Quand elle les rouvrit, il était déjà en train de l'attaquer. Elle dévia sa lame d'un coup léger bien placé, ce qui le surprit. Son adversaire ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle emploie une technique de ce genre, juste après l'état dans lequel elle était auparavant. Profitant de l'avoir perturbé, même un peu, elle se décala sur la droite, et envoya avec force son bokken au niveau de la nuque de son adversaire. Celui-ci se baissa, ayant repris ses esprits, et contre-attaqua rapidement. 

Comme avant, ils enchaînèrent les coups, mais l'expression de la cadette avait changé. Si auparavant elle serrait les dents et fronçait les sourcils, elle semblait maintenant bien plus détendue, ses épaules et son dos se faisaient visiblement plus souples. Son jeu de jambes était plus solide, mais en même temps plus volatile. Le style de combat d'Hayami allait plus loin que le simple souffle de la flamme. Elle avait même développé sa propre technique, un symbole qui lui correspondait. Elle avait atteint un niveau de maîtrise de sa respiration carrément parfait, mais elle manquait encore d'un peu de puissance physique, et de confiance en elle. 

Finalement, leur combat s'arrêta lorsqu'Hayami tomba d'épuisement. Tomioka eut le temps de la rattraper par la main avant que son kimono blanc ne touche la poussière, car contrairement à tout à l'heure, il ne voulait pas lui remettre les idées en place, mais juste l'empêcher de s'étaler sur le sol. Il lâcha son arme, qui tomba sans pitié par terre, et vint maintenir Hayami contre lui, pour finalement la porter dans ses bras. Il croisa Hinatsuru dans les couloirs, et lui demanda de le guider jusqu'à la chambre de la rouge. Une fois arrivé, il la déposa sur le futon et la couvrit, avant de se dépêcher de sortir de la chambre. 

Quand il fut sortit, Hayami ouvrit les yeux, et se mit à rougir comme une folle. 

"C'était quoi, ça ? Je dormais même pas, il l'a pas remarqué ! J'ai juste perdu l'équilibre ... ! Et pourquoi mon cœur bat-il si fort ?" 

Elle se mettait à se poser quantité de questions, le dos de la main, plaqué contre sa bouche, l'autre posée sur son cœur. Il n'y avait pas à dire, elle avait grandement apprécié le moment. Tomioka sentait bon, elle s'était sentie si bien dans ses bras. Hayami avait profité, car ce genre d'instants ne pouvait pas arriver souvent avec un homme aussi solitaire que lui. 


C'était du moins ce qu'elle avait pensé. 


Nounouch !

Toujours dans tes pas (Giyu Tomioka x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant