1502

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- Dis donc Gaby. Tu crois pas que tu en fais un peu trop ? Je veux dire, ce qu'il nous a raconté n'avait aucun sens. Si tu veux mon avis c'est l'asile qui l'attend.

- Stan. En tant que flics, il est de notre devoir de fouiller toutes les pistes qu'on nous donne, qu'elles soient foireuses ou non. Si Réo Diaz pense que cet homme a un quelconque rôle à jouer dans la disparition de Smith, alors on doit enquêter.

- Tu crois que le capitaine va accepter ?

- Ça... C'est une autre histoire... J'espère qu'il est de bonne humeur...

Gabrielle posa son mug rempli presque au ras bord de café noir, le regard rivé sur la photo de Nate. Elle se demandait ce qui était advenu du jeune homme. Et surtout pourquoi avait-il disparu et qui était à l'origine de sa disparition ? Tout se bousculait dans ses pensées. Elle relu ensuite la déposition de Réo. Et si ce mystérieux inconnu était l'origine de tout ? Elle prit une grande gorgée de café et inspira profondément avant de finalement se lever et se diriger droit vers le bureau du capitaine, dossier en main, accompagnée de Stanley.


***


Cet après midi là, Réo retourna à l'appartement dans lequel il s'était réveillé, bien décidé à trouver des preuves qui incrimineraient directement cet homme qui le tourmentait. Il s'engouffra dans le hall de l'immeuble, la peur au ventre. Et s'il s'était trompé ?

- Impossible. Pensa-t-il.

Il appuya lentement sur le bouton de l'ascenseur qui descendait déjà, le regard dans le vide. Il se demandait ce qu'il pouvait bien avoir à faire dans cette histoire. Pourquoi ses souvenirs s'étaient-ils envolés ? Et comment, un homme qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam avait bien pu le rendre amnésique. La réponse, selon lui, ne pouvait se trouver que dans l'appartement 1502. Lorsque l'ascenseur arriva enfin et que les portes s'ouvrirent, il tomba nez à nez avec le vieux voisin qu'il avait rencontré lors de son reveil. Celui-ci le reconnu et grommela un bonjour à peine audible. Il passa devant Réo qui le regardait d'un air étonné, lorsque le jeune homme l'interpela :

- S'il vous plaît monsieur, attendez !

- Quoi ? Vous me voulez quoi ?

- Je voulais vous demander, pouvez-vous me dire ce qui s'est passé le mois dernier ? Vous vous souvenez ? Le jour où je vous ai demandé qui j'étais...

- Tout ce que je sais c'est que ce soir là, j'ai entendu des hurlements. Vous vous disputiez sûrement... Et puis il y a eu comme un bruit sourd. Après il y a eu pleins d'autres bruits étranges. Mais bon , il y avait la musique à fond, alors c'était peut-être mon imagination. Ça vous va comme réponse ?

- Oui. Merci beaucoup pour votre aide.

- Alors ne venez plus me déranger. Sinon j'appelle la police.

Le vieil homme sortit du bâtiment et Réo entra dans l'ascenseur. Une boule d'angoisse se forma dans son estomac. Qu'allait-il découvrir là bas ? Il regarda les étages défiler sur l'écran. 10...11... Il semblait prendre une éternité à monter, comme si le temps s'était arrêté.13...14... Plus qu'un étage. Mais alors qu'il allait enfin arriver, l'ascenseur s'arrêta brusquement et la lumière chaude et apaisante qui illuminait l'habitacle s'éteignit d'un seul coup.

- Je t'avais pourtant prévenu de ne pas chercher de réponse Réo. Fit une voix qui sortait de l'interphone.

- Qui ? Qui êtes-vous ?

- Enfin ... Tu ne me reconnais pas ? Rappelles-toi donc ta petite séance d'hypnose avec cette femme magnifique. Ahah.

- Vous ! Qu'est-ce que vous me voulez ?

- Je veux que tu te sortes cette histoire de la tête. Ou sinon... Il y aura une victime. Et puis non ! Il y en aura bien une. Après tout, je t'avais prévenu

- Comment ça ? A qui allez-vous vous en prendre ?

- ....

- Hey ! Répondez !

- ....

Seul un grésillement se fit entendre. L'homme l'avait piégé. L'angoisse montait encore petit à petit et il commença à perdre l'esprit, enfermé dans cette cage d'ascenseur.

- Répondez- moi ! Hurla-t-il en tapant sur le clavier aussi fort qu'il le put.

Mais aucune réponse. Il était parti. La lampe se ralluma et l'ascenseur s'ouvrit finalement devant l'appartement. Il en sortit, trempé de sueur, tremblant et suffocant. Il regarda la porte du 1502 un très long moment, une main sur la poignée et les clés dans l'autre. Il lui fallut tout le courage du monde pour entrer. Tout était calme. Le silence en était assourdissant et il fut aussitôt pris d'acouphènes désagréables.


***


- Non, non et non Ambrose. N'insistez pas. Dit le Capitaine sur un ton sec. Vos dernières frasques nous ont bien mises dans la panade ces derniers mois et nous avons perdu trop de crédibilité. Et maintenant vous me demandez d'ouvrir une enquête sur une disparition supposée ?

- Monsieur, cette fois je suis certaine d'avoir raison. Quelque chose me dit que toute cette histoire est bien plus complexe qu'il n'y paraît ! Insista Gabrielle.

- Je vous préviens Ambrose. Si vous vous ratez, cette fois je vous mets à la circulation pour le restant de vos jours ! Amenez-moi une preuve. Une seule et je vous donne mon accord.

- Merci Capitaine ! Jubila Gabrielle.

- Vous avez deux semaines. Pas plus.

Déterminée, l'agent Ambrose et son stagiaire retournèrent à leur bureau avec la sensation d'avoir gagné le gros lot. Puis la radio gresilla.

- Agent Ambrose ? Ici l'agent Martinez. Nous avons un cadavre à l'appartement 1501, du bâtiment 7, rue X.

Gabrielle et Stanley se regardèrent interloqués, puis mirent leurs vestes et sortirent en trombe du commissariat.

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