Une personne de confiance

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Pendant son sommeil il fit un rêve troublant et angoissant. Un homme, dont il ne voyait pas le visage se lavait frénétiquement les mains. Il avança, comme s'il était invisible et vis dans l'évier le sang couler. Il pensa tout d'abord que cet homme était blessé. Il posa alors une main sur son épaule.

- Monsieur ? Demanda-t-il avec hésitation. Tout va bien ?

L'homme se retourna et, bien qu'il furent face à face, son visage était plongé dans l'obscurité. Seul son sourire lugubre était visible. Alors que la lampe qui se trouvait au dessus de l'évier se mit a grésiller l'homme lui répondit joyeusement :

- Oh mais tout va pour le mieux !

Réo eut un sursaut de frayeur et se réveilla en nage. À ses côtés, Monsieur Grimberg, son patron, ronflait sur une chaise, une main sur son ventre, l'autre pendouillant dans le vide. De l'autre côté, une machine ne cessait de biper. Il regarda ses mains et comprit qu'il se trouvait dans une chambre d'hôpital. Il se redressa difficilement et observa la chambre vide et silencieuse aux murs blancs. Il ne se souvenait pas de la raison pour laquelle il était là. Un médecin entra et s'avança vers lui tout en verifiant son dossier médical.

- Monsieur Réo Diaz ? Demanda-t-il. Comment vous sentez vous ?

- Je pense aller bien...

- Vos constantes sont normales, vous ne semblez pas être malade ni blessé. Vous allez pouvoir sortir demain matin.

Monsieur Grimberg, qui s'était réveillé en sursaut lui aussi lorsque le docteur fut entré, montra son désaccord.

- Comment ça il a rien ? Vous l'avez eu où vot' diplôme ? Dans une pochette surprise ? Vous voyez pas qu'il est tout pâle ? Réo, dis lui toi !

- Mais je... Je ne me souviens même pas m'être évanoui...

Le médecin et le patron le regardèrent interloqués. Grimberg se leva et prit le docteur à parti.

- Il est bizarre depuis ce matin. C'gamin il a jamais été en retard au boulot de toute sa vie. Et non seulement il est pas v'nu, mais il ne se rappelait même plus de son nom... J'vous le dis moi, il y a quelque chose qui cloche.

- Je vois... Réfléchit le médecin. Monsieur Diaz, pourriez vous m'indiquer votre date de naissance ?

Réo se sentit bête. Ça aussi, il l'avait oublié mais n'arrivait pas à l'admettre. Il avait honte.

- Est-ce que vous avez vécu un évènement traumatique ou stressant récemment monsieur Diaz ?

- Je... Je ne sais pas. Lorsque je me suis réveillé ce matin je ne me souvenais plus de rien. Pas même de mon nom...

- Est-ce que vous pensez pouvoir rentrer chez vous ?

- Si seulement je savais où se trouve ce " chez moi" ...

- Il viendra chez moi. Intervint Grimberg très affecté par l'état de Réo.

Après tout le jeune Diaz était un peu le fils qu'il n'avait jamais eu. Il le connaissait depuis qu'il était entré au collège et l'avait prit sous son aile dès qu'il eut sa majorité pour éviter qu'un autre jeune de ce quartier ne tourne mal. Et il était sa plus grande fierté. Car en grandissant Réo était devenu un jeune homme responsable et d'une gentillesse à toute épreuve. Il ne l'avait jamais déçu. Pas même la fois où il dû le chercher au poste de police pour s'être retrouvé dans une bagarre. Alors lorsqu'il vit le jeune homme complètement perdu, il décida sans cérémonie de le ramener chez lui et s'occuper de lui.

- Bien. Ne le laissez pas seul. Et je vais vous faire une ordonnance pour des séances d'hypnose chez un psychothérapeute de confiance. Elle pourra vous aider à retrouver la mémoire j'en suis persuadé.

Une personne de confiance. Retrouver la mémoire. Ces mots lui firent peur. Que pouvaient bien cacher ses souvenirs perdus pour le faire frissonner de cette façon ?
Les papiers de sortie signés, il se rendit à l'appartement de son patron. Celui-ci était assez étroit et en bazar. Mais il était chaleureux et cela apaisa le jeune homme, qui s'assit sur le canapé en tweed beige qui prenait la moitié du salon et sur lequel son spitz nain dormait enroulé sur lui même. Il prit la carte de visite de la psychothérapeute recommandée par le médecin et l'observa. Madame Cassandre Van Gebruik. Rien que son nom ne lui disait rien. Il ne se doutait pas encore que ce n'était que le commencement d'un jeu mortel au centre duquel il se trouvait.

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