Faux semblants

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Il hésita pendant un long moment. Il colla son oreille contre la porte d'entrée et écouta se qu'il se passait dans le couloir et l'appartement voisin. Lorsqu'il entendit l'agent Ambrose et son assistant retourner au commissariat il fut soulagé. Il se laissa glisser le long de l'entrée en soufflant. Cet endroit lui paraissait étrange. Il devait forcément y avoir une trace de son amitié avec Nathan Smith quelque part. Il alla dans la chambre et fouilla la table de chevet. Hormis un paquet de préservatifs et des bonbons à la menthe, il n'y trouva rien qui puisse l'aider dans sa recherche. Il fouilla alors l'armoire.

- Des vêtements de marques... Murmura - t - il pour lui-même.

Il regarda ce qu'il portait. Un vieux t shirt et un jean sûrement achetés dans une friperie des quartiers pauvres. Il leva les épaules puis trouva tout au fond, cachée sous un sac de sport, un carton. Il l'ouvrit et trouva à l'intérieur tout un tas de photos, dont l'album de son lycée. De ce qu'il put voir, Nathan, Kader et lui se connaissaient depuis très longtemps. Il emporta quelques clichés qu'il mit dans sa poche et remit tout en place avant de partir. Il suivit scrupuleusement les conseils d'Ethan et sortit discrètement par les escaliers de secours et partit rejoindre Charlie dans son snack.

- Qu'est ce que tu fous ici ? Rentre vite te reposer ! Lui ordonna le vieil homme.

- Tout va bien ! Je me sens beaucoup mieux. Je peux recommencer à travailler sans problème. Répondit Réo avec son plus beau sourire.

Charlie le regarda d'un air suspicieux pendant un instant, mais l'air joyeux du jeune homme ne semblant pas disparaître sous la pression, il soupira et l'autorisa à travailler avec lui. Ainsi, la journée passa à une vitesse fulgurante.
En rentrant ce soir là, il repensa à Ethan. Qui était - il vraiment ? Il semblait savoir tellement de choses à son propos que cela lui donnait des frissons. Il sortit les photos de sa poches et les regarda attentivement. Il espérait trouver cet homme mystérieux qui semblait le suivre un peu partout. Mais il avait beau chercher encore et encore, il ne trouva rien. Demain il retournerait une dernière fois chez son ami et prendrait tout le carton de photos. Peut-être trouvera-t-il quelque chose ? Se souvenant de ses paroles, il regarda la carte de visite de sa thérapeute et caressa le carton avant de téléphoner.

- Allô ? Fit sa voix cristalline.

- Bonsoir. C'est Réo Diaz.

- Ah ! Oui, bonsoir ! Vous avez besoin de quelque chose ?

- Oui. Je voulais vous prévenir que je ne viendrais plus. Je vais beaucoup mieux, je n'ai plus besoin de nos séances.

- Mais....

Il ne la laissa pas finir sa phrase qu'il raccrocha de peur de changer d'avis. Après tout, elle avait été si gentille avec lui qu'il ne pouvait décemment pas la mettre en danger.

Quelques jours passèrent. Il faisait mine d'aller bien devant le monde entier, même devant Charlie qui n'y croyait absolument pas. Mais il faisait semblant. Tant que Réo ne faisait pas de bêtises, il ne lui dirait rien. Mais il le surveillait de près. Cassandre quant à elle, ne cessait de lui laisser des messages sur son répondeur, essayant de le faire revenir, inquiète de se revirement soudain. Il était retourné dans cet appartement et avait ramené ce carton, passant ses journées à chercher en regardant encore et encore les mêmes images jusqu'à ce que sa vue ne se trouble. Son téléphone sonna à nouveau. Il regarda l'écran en soupirant, pensant que c'était encore Cassandre qui essayait de le joindre. Mais il ne reconnut pas le numéro qui s'affichait. Il décrocha.

- Quelque chose me dit que tu cherches à savoir qui je suis ? Fit la voix d'Ethan à travers le combiné.

- Comment as tu eu ce numéro ?

- Voyons Réo, je sais tout de toi ... Ah ! Je voulais te dire, inutile de me chercher sur ses photos, je ne suis sur aucune d'entre elles. Je suis néanmoins flatté que tu cherches à me connaître.

- S'il te plaît, dis moi qui tu es et ce que tu attends de moi !

- Je suis quelqu'un qui ne te veux que du bien. Quant à ce que j'attends de toi ... Mmmh voyons voir... Je pense que je n'attends rien. Je suis simplement heureux de retrouver un vieil ami. Continue de faire comme je t'ai dis, et tu verras, tout rentrera dans l'ordre.

***

- Bien ! Regardons ces vidéos ! S'exclama Stan, heureux d'avoir prit une si bonne initiative.

Ils inserèrent la clé USB dans l'ordinateur et tous les dossiers des caméras de l'immeuble s'affichèrent. Gaby faisait défiler toutes les vidéos, pendant que son assistant préparait un café. Il avait l'intuition que le visionnage allait durer une éternité.

- Encore des heures sup'.... Se plaignit-il pendant que la cafetière bruyante faisait couler le précieux liquide.

Après y avoir passé la nuit, Gaby et Stan durent bien se résigner. Aucune de ces vidéos n'étaient exploitables. Soit trop floues, soit corrompues.

- Il manque les images du jour avant, pendant et après le meurtre... Stan, je pense qu'il nous a échappé de peu...

- C'est aussi ce que je pense. Mais comment aurait il fait pour se rendre dans la loge du gardien ? C'était fermé à clé...

- Il devait le connaître, je ne vois que ça. Retournons l'interroger. Il nous ment forcément.

***

Très inquiète, Cassandre finit par se rendre au logement de Charlie à la fin de sa journée. Elle toqua une fois, puis deux, lorsque le vieil homme vint lui ouvrir. Il fut totalement surpris de la voir devant sa porte et l'invita à entrer. Il l'emmena dans le salon encombré et s'excusa pour le désordre.

- Ce n'est rien je vous assure.

- Pourquoi êtes vous venue à cette heure de la soirée ?

- Hé bien, pour tout vous dire, je suis vraiment inquiète pour Réo. J'espérais que vous pourriez m'éclairer sur ce qui a motivé sa décision.

- Quelle décision ? Demanda Charlie surpris et perdu.

- Comment ? Vous n'êtes pas au courant ? Il m'a appelé pour arrêter sa thérapie en me disant que tout allait bien... Est-ce seulement vrai ?

- Ce p'tit con ! Écoutez, je vais le convaincre de revenir vous voir. Son attitude est de plus en plus étrange...

- Comment ça ?

- Il fait semblant de nager dans le bonheur, comme si sa vie était normale. Vous savez, il n'a pas eu une enfance facile... Et il voudrait me faire croire que tout va bien... Je n'y crois absolument pas, mais que voulez vous, je ne peux rien faire si ce n'est le faire revenir vers vous.

- C'est plus qu'inquietant Monsieur Grimberg... Peut être puis-je attendre qu'il rentre pour que nous puissions discuter ?

- Bien entendu. Vous avez déjà mangé ?

- Non pas encore.

- Je vous offre le repas.

- Avec plaisir.

Ils mangèrent et discutèrent de Réo pendant un long moment, jusqu'au moment où le sujet de leurs conversations arriva dans un drôle d'état.

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