Borderline

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Les regards de Gaby et Stan se croisèrent. Tout ce qu'ils avaient, n'étaient qu'un nom et une vague description de ce dénommé Ethan. Quel était son nom de famille ? Son lieu de résidence ? Ils avaient fouillé les moindres pistes, les moindres indices, mais rien n'avait jamais prouvé que cet homme était bien réel, comme si finalement il n'était qu'un fantôme, ou, pire encore, un faux témoignage qui les conduisait vers une personne qui n'existait pas. Malgré tout, l'attitude de Réo ne laissait entrevoir aucune mauvaise volonté, ni mensonge. La question se posait alors : si vraiment cet Ethan étai son meilleur ami, pourquoi ne pouvait-il pas donner le moindre renseignement en dehors de son prénom ? Les deux agents étaient perdus. Ils ne savaient plus vraiment que croire entre les paroles d'un individu un peu paumé dont les souvenirs sont flous et la conviction qu'il cachait quelque chose d'important. Couvrait-il quelqu'un ? Ou lui-même ? Toutes ces questions se bousculaient dans leurs têtes. C'est en voyant l'hésitation persistante de Gaby, que Stan reprit avec professionnalisme :

- C'est bien d'être venu nous dire la vérité Monsieur... Diaz !  Mais une chose me chiffonne : que pouvez vous nous dire de plus qui pourrait nous aider dans notre enquête ? Un nom de famille par exemple, une preuve orale enregistrée ou écrite ? Une photo ? Sans ça... Nous sommes un peu dans l'impasse.

- Je... Je ne me souviens pas de son nom de famille, ni de son adresse, mais, nous nous sommes retrouvés au bar Le Chat Noir hier matin. Peut être que le barman pourra mieux vous renseigner ? Ethan avait l'air de bien connaître l'endroit...

- Au... Bar... Le ... Chat... Noir.... Récitait Stan qui notait mot pour mot les réponses de Réo.

- Bon. Intervint Gaby. Nous ferons un tour là bas. En attendant, essayer de vous renseigner auprès de lui pour nous donner le plus d'indices possible. En toute discrétion bien entendu.

- Je ferai de mon mieux pour vous aider.

Réo se leva, salua les deux agents et s'en alla. Il se sentait soulagé d'un poids. Il savait qu'il n'aurait jamais pu continuer le cours de sa vie en cachant un secret pareil. Oui. Ce qu'il avait fait était nécessaire. Mais alors, pourquoi éprouvait-il autant de culpabilité ? Il soupira longuement et finit par sortir son téléphone de sa poche pour envoyer trois simples mots à son ami : " je suis désolé".

Au moment même où il s'apprêtait à appuyer sur la touche d'envoi, un numéro qu'il ne connaissait que trop bien s'afficha sur l'écran.

- Madame Van Gebruick ? Répondit-il.

- Monsieur Diaz, je sais que vous ne voulez plus refaire de séance, mais il me paraît important que vous reveniez à mon cabinet. Lui dit-elle d'une voix douce. Quelque soit cette personne qui vous effraie, nous trouverons une solution je vous le promets.

- Et s'il s'en prenait à vous ? Auriez-vous le même discours ? Il m'a clairement dit qu'il n'hésitera pas à vous faire du mal si je continue...

- Vous n'avez pas à vous inquiéter de ça. Tout ira bien pour moi. Faites-moi confiance.

- Franchement... J'ai peur pour vous.

- Écoutez, je suis libre dans environ dix minutes, est ce que ce serait possible pour vous de venir me voir ?

- D'accord ... Puisque vous insistez... Mais pas d'hypnose !

- Ce sera juste une discussion entre vous et moi. Personne d'autre.

Il raccrocha sans rien dire, déçu ne pas réussir à dire non quand il le fallait. Et si Ethan venait à être au courant de cet entretien ? Que dirait-il ? Mais surtout, que ferait-il ? Cette pensée le fit frissonner. Mais il continua son chemin en direction du cabinet de Cassandre qui l'attendait de pied ferme.

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