A killer's road trip

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- D'abord Nathan Smith, ensuite Suzanne Delacroix... J'ai vraiment l'impression que tout gravite autours de Monsieur Diaz... Marmonnait Stan qui, encore une fois, s'était éloigné de la scène de crime.

- Il va falloir retrouver ce fameux Kader. Lui répondit Gaby qui l'avait entendu.

- Mais Diaz n'avait-il pas dénoncé son ami ?

- Si. Mais le témoignage de Suzanne contredit un peu cette hypothèse puisqu'elle avait l'air de penser que ce Kader était suspect...  Dans tous les cas, il va falloir l'interroger lui aussi.

- Ouais. Enfin faudrait déjà le retrouver hein ? Répondit Stan sur le ton de la plaisanterie.

- C'est vrai ! Heureusement que tu es là !

Le policier leva les yeux au ciel avant de se rendre à son bureau avec la ferme intention de rendre sa supérieure fière de lui. Il se posta devant son ordinateur portable et regarda l'écran pendant une minute avant de souffler d'exaspération. Effectivement, il devait faire des recherches sur ce Kader. Jusque là, tout allait bien. Mais... Comment s'y prendre ? En relisant son dossier, il décida en premier lieu, de vérifier si, par pur hasard, les empreintes de cet ami mystérieux n'étaient pas déjà enregistrées dans les fichiers. Une arrestation. Une seule. Une toute petite ! Même une broutille ferait l'affaire. Mais la chance n'était décidément pas de son côté : le logiciel de report des données était en maintenance depuis la veille, suite à de nombreux bugs qui n'avaient cessés  de ralentir tout le monde depuis une bonne semaine.

- C'est bien ma veine ! Râla-t-il passablement énervé. Bon ... Si ça ne fonctionne pas , je vais devoir fouiller dans les dossiers... Cette fois ils vont me les payer mes heures sup' !

- Rêve pas trop ! Lui répondit Gaby qui avait débarqué avec deux gros sacs de nourriture. Ils m'en doivent un paquet et mon salaire est toujours le même !

- Ouais, mais le tien est déjà plus important que celui d'un simple assistant !

- T'inquiète le bleu, on va chercher tous les deux. On n'a rien du tout sur la scène de crime. Autant me rendre utile.

Pendant ce temps, à des centaines de kilomètres de là, une petite Ford fiesta blanche roulait tranquillement sur l'autoroute avec les fenêtres ouvertes. Ceux qui passaient à côté pouvait entendre la musique Rock des années 80, qui avait l'air de rendre le conducteur accoudé sur le rebord de sa fenêtre heureux à en juger par les mouvements de ses doigts sur le volant. Ses lunettes de soleil vintage lui donnaient un air de starlette alors qu'il chantait sur la route ensoleillée. Oui, Ethan prennait du bon temps. Un moment de détente avant un travail qu'il devrait se coltiner. Mais l'heure n'était pas à la complainte. Il devait encore décider où aller.  Les plages du Sud Ouest du pays lui semblèrent toutes indiquées pour cette petite semaine de détente. Et qui sait, peut être allait-il rester plus longtemps ? En revanche, cette soudaine récréation, n'était pas au goût de son passager qu'il avait méticuleusement bâillonner, pieds et poings liés avec un scotch industriel et jeté dans le coffre où la chaleur était à la limite du supportable. Celui-ci, dans l'espoir que quelqu'un l'entende ne cessait de donner des coups sur les parois en métal. Agacé par le ramdam à peine perceptible de son hôte, il éteignit la musique et lui parla d'une voix moqueuse :

- Ce n'est pas là peine de faire du bruit, personne ne t'entendra ! Et puis à force de t'agiter tu vas finir déshydraté et j'aime autant que tu restes en vie jusqu'à la fin de notre petit voyage en tête à tête... Enfin si je peux appeler ça comme ça !

Il ralluma sa radio et se mit à chanter à tue-tête comme si de rien n'était, pendant que son prisonnier essayait en vain d'hurler et de s'échapper. Il savait ce qui l'attendait. Ils roulèrent encore des heures et des heures sans même s'arrêter une seule fois. Puis, finalement la voiture se mit à ralentir et le coffre s'ouvrit. Le soleil aveugla le pauvre homme ligoté et en sueur.

- Aller viens, on va prendre l'air en marchant un peu. La vie n'est-elle pas splendide ?

Devant eux umse trouvait une immense prairie entourée de fils barbelés. Sûrement un pré pour un élevage bovin.

- Te prends pas dans la clôture, je voudrais pas que tu te fasses mal.

Il ne comprenait rien. Il savait que l'homme allait le tuer d'une façon où d'une autre. Alors pourquoi se préoccuper autant d'éventuelles blessures ? Il portait une pelle et une glacière dans une main, et le trainait avec lui d'un pas rapide et décidé. Ils s'arrêtèrent près d'un bosquet isolé de tout et Ethan posa ses affaires. Il fit asseoir son compagnon de voyage, et lui enleva le bâillon.

- Bon. Avant que tu ne commences à hurler et me casser les oreilles, ça ne servira à rien, ici on est loin de tout et tout le monde. T'as compris ?

- Qu'est ce que tu me veux ? Qu'est-ce que je t'ai fait ?

- Rah ... Toujours les mêmes questions, encore et encore... Si je fais ça, c'est pour le protéger. Et puisque tu connais notre secret que j'ai mis si longtemps à garder... Je n'ai pas d'autres choix. J'espère que tu me comprends ?

- Attends ! Je ne parlerai pas ! Je te le jure ! Je sais pas quel est ce secret dont tu parles, mais je ne dirai rien à personne ! Alors laisse moi partir !

- Bah ... Pourquoi pas ? Mais d'abord, j'ai préparé un en-cas pour ce midi. Tu dois avoir faim et soif non ?

- Non ! Je ne veux rien ! Détache moi je t'en supplie !

Ethan souffla d'exaspération et commença à manger et boire tranquillement ses sandwichs et ses bouteilles de boissons énergisantes. Il n'avait pas besoin d'être plus en forme qu'il ne l'était déjà mais il adorait leur goût de chewing-gum. Il prit tout son temps, ignorant royalement les suppliques de l'homme qu'il avait assis avec lui. Lorsqu'il eut fini son repas, il lui reproposa quelque chose à manger. Il refusa une nouvelle fois.

- Bien. Dans ce cas ! Au boulot !

Il prit sa pelle et commença à creuser sous le bosquet tout en chantant. Son travail terminé, il se tourna vers l'homme qui essayait de se libérer de ses entraves, en criant de toutes ses forces qu'il ne dirai rien, qu'il voulait rester en vie.

- Bon. Je voulais faire ça proprement mais visiblement tu n'es pas très coopératif...

Il leva la pelle et lui fracassa le crâne plusieurs fois, au point qu'il ne fut même plus reconnaissable. Il le jeta dans le trou, le reboucha, couvrit le tout avec des herbes et des feuilles et s'en alla jusque sa voiture. Il démarra le moteur et versa un peu d'eau sur le sol.

- À ta santé mon petit Kader.

Il repartit tranquillement et alla vers la plage sur laquelle il loua un petit bungalow.

- Ouais, je vais rester un peu ici !

Pendant ce temps la, Gaby et Stan avaient trouvé l'identité de Kader et s'étaient rendus dans son appartement : vide. Pas de traces d'effraction, pas de sang, tout était clean, comme s'il était juste absent pour la journée. Mais son patron et sa famille avaient été très clairs, il n'avait plus donné de signe de vie depuis la veille. Or ce n'était absolument pas dans ses habitudes. Il n'avait jamais raté un seul jour de travail et rendait visite à ses parents tous les soirs pour le dîner. Les relevés d'empreintes digitales collectées n'avaient rien données : elles appartenaient toutes à Kader El Habi. Stan regarda Gaby silencieusement.

- Tu penses qu'il s'est enfui parce qu'il les as tué ?

- Je ne sais pas... Il va falloir creuser cette piste. Mais je pense qu'on va devoir interroger Réo Diaz encore une fois...

Amnesia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant