J-176 >> Luka

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— Waouh ! s'exclame Karo. Une énorme biobulle ovale !

— Elle n'est pas seulement ovale, dit Kati en la contournant, elle a deux places ! Regarde, tous les tuyaux se dédoublent ! Là, deux tuyaux à nutrigourdes, ici, deux tuyaux à potions et là, deux tuyaux à protinectars. Elle n'a qu'un stock de PUR et qu'une colonie de nanorobots, mais je parie qu'on peut les diviser en deux !

— Quoi ? Ça existe, une biobulle pour deux ? Pourquoi on l'a pas eue avant ?

— Tout vient à poil, dis-je en levant l'index, à qui sait attendre.

Karo me fixe une seconde, l'air blasé, avant de lâcher :

— Tu racontes encore n'importe quoi.

— Oh ! Un peu de respect !

— On dirait dame Rosa, dit Kati, pas plus indulgente. Elle adore les phrases bizarres.

— J'ai peut-être emprunté mon dicton à notre chère voisine, mais figurez-vous qu'il a un sens.

— C'est quoi, un dicton ? demande Kati.

— On peut l'essayer ? crie Karo.

— Hein ? dis-je.

Kati bifurque pour rejoindre sa sœur :

— La biobulle géante ! S'il te plaît !

— Bien sûr, soupiré-je. Elle est à vous.

Je souris en les observant grimper à son bord, découvrir l'écran de l'intérieur, la profusion d'espace et les nouvelles fonctionnalités, puis se chamailler pour la meilleure place. Une fois que Karo a gagné, toutes deux s'étendent et font des anges dans le PUR neigeux sans même se heurter. Le mastodonte a failli ne pas rentrer dans leur cellule, mais j'ai réglé le problème en rognant sur la mienne.

Je ne me lasserai jamais de les regarder s'amuser ensemble, en bonne santé, dans une biobulle assez ample pour grandir à leur aise. J'en oublie presque mes obligations... Mais comment oublier Emy ?

Sur les cent jours que je pourrai passer à ses côtés, six lui ont suffi à métamorphoser nos vies. Je ne me réveille plus avec un nœud dans l'estomac, incertain de pouvoir relever les défis du jour. Grâce à elle, les filles vont retrouver leur insouciance quelques mois, voire années. Et d'ici là, j'espère avoir atteint un statut potable, assez pour subvenir à nos besoins honnêtement.

Assisté par Ginny, ma nouvelle IA, j'ai falsifié mes données professionnelles et trouvé un poste de démarcheur pour un fabricant de saveurs — ça me changera du support. Si je m'en sors, je gagnerai un jour assez de médailles pour subvenir à nos besoins. En attendant, je mets un peu d'argent de côté. Hier, j'ai renommé mon coffre « FUTUR » et je me suis interdit de toucher aux versements d'Ikar. Brigs serait fier de moi. Si j'osais lui parler d'Emy.

La dernière fois que j'ai essayé, l'enflure s'est déconnectée. Il ne veut pas prendre le risque de semer des traces, même sur Nox, persuadé de l'imminence de ma chute. Merci pour la confiance ! Alors, nous discutons de tout sauf de mon itinéraire, bien que ma vie gravite autour d'Emy.

— Je vous laisse, dragon et princesse, dis-je. Je dois aller travailler.

— Attends !

Je m'accroupis, les bras ouverts. Elles se bousculent, crient et rient en glissant hors de la biobulle, puis viennent toutes deux s'accrocher à moi.

— Merci ! Merci ! chantent-elles en cœur.

Leurs exclamations de gratitude et leurs baisers me couvrent d'un duvet de joie. Je les serre fort, me lève et tourne sur moi-même pour les faire crier et rire encore. Pour qu'elles n'arrêtent jamais.

Mon IA viendraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant