6. Gâteau au chocolat

4.5K 122 79
                                    


Athena

Je me lève, inconsciente du nombre d'heures que j'ai passé à dormir. Il me faut plusieurs minutes avant de comprendre où je suis. Les murs en brique, l'air glacial, le nombre incalculable de bouteilles.

La cave à vin.

Il me pousse d'une force que je ne lui soupçonne pas. Je crois que je pleure. Du moins, je sens les gouttes humides se déverser sur mes joues rouges. Je ne comprends pas pourquoi il s'énerve. Je ne veux pas faire toutes ses choses. Je ne veux pas qu'il me fasse mal avec ses objets. J'aimerais lui dire que je ne prendrais jamais de plaisir à la souffrance qu'il veut m'infliger, mais les mots ne sortent pas.

J'ai peur, je suis terrifié.

Mon corps tombe contre le sol froid, il fait plutôt sombre, au vu de l'heure, ça ne me choque pas.

-Je veux que tu saches Athéna, que tu as signé ce contrat et que c'est ton métier maintenant. Donc c'est simple, tout le temps que tu refuseras d'assumer ce que tu es, c'est ici que tu vivras. Je ne te toucherai pas tant que tu ne voudras pas, je respecte le contrat.

"Mon métier"

"Je respecte le contrat"

Et moi alors ? je me dis dans ma tête. Je n'ai pas une seule fois, hormis aujourd'hui, dit non. J'ai laissé faire. Je lui donne mon corps chaque fois qu'il le souhaite pour se vider malgré le chagrin qui déchire chacun de mes organes un par un.

Je pense que je fais ce qu'il y a à faire, cependant, jusqu'où Larry repoussera les limites de ce que je peux supporter.

J'attends les jours suivants qu'il finisse par m'ouvrir, en vain.

Les jours passent.

1, 2, 3, 4, 10,...

J'y suis restée quelques nuits, j'étais morte de peur, je voulais rentrer chez moi. Jusqu'à ce que je comprenne que je n'avais plus de chez moi.

En ai-je même déjà eu un ?

Mon corps tremble face à la fraîcheur de la pièce. Allongée sur le sol, je me redresse lentement et je sens mon corps me hurler sa douleur. Je ne cherche pas à partir, je ne dois pas utiliser mon énergie. Je sais pertinemment qu'il a fermé la porte à double tour, la seule fenêtre qu'il y a, donne sur le jardin, remplie de caméras de surveillance et des détecteurs de mouvements qui se déclencheront à l'instant même où j'aurais mis un pied dehors. J'ai déjà eu l'occasion de tout essayer une fois et je ne recommencerais pas. La seule chose rationnelle à faire, c'est d'attendre qu'il m'ouvre, une fois « libre » je pourrais réfléchir à ma sortie.

Pour le moment, je m'efforce de penser à autre chose que la nuit dernière. Parce que je me souviens de chaque détail, chaque mot...

À présent assis dos contre le mur, je m'imagine Lisa à côté de moi. De quoi me parlerait-elle pour me divertir ? De mythologie grecque ? La politique ? Le droit des femmes ? Elle voulait être avocate à l'époque, je l'admirais. Pourtant, une petite partie de moi était jalouse, malgré le fait que je lui souhaite le meilleur.

J'étais beaucoup plus petite qu'elle quand on passait nos journées ensemble, mais ça n'a jamais empêché notre complicité. Elle est si pure, elle me sauvait de mon enfer l'espace de quelques heures.

Une fois, elle a voulu m'apprendre à faire de la pâtisserie, je n'en avais jamais fait. Maman détestait ça, elle disait toujours qu'une fois qu'on aurait une cuisinière, elle n'aurait plus à le faire. Nous sommes allés au plus simple, le gâteau au chocolat. Quand je l'ai mis au four, j'étais tellement fière que j'ai patienté devant durant toute la cuisson. Ce n'est qu'en le sortant que la déception a pris possession de mon visage.

Athena T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant