1.Enfer

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Athena

Larry m'a levé ce matin, à neuf heures. Il ne sera pas là de la journée mais rentrera ce soir avant vingt heures normalement.

Je m'assure qu'il sorte bien de la maison, puis quand j'entend le bruit du moteur, je sors de sa chambre. Je prends mon déjeuner dans la cuisine et m'installe sur le grand canapé en cuir.

A la télévision je regarde Barbie, bien que je connaisse à présent tous les épisodes. Ça me fait penser à mon petit frère. Ça fait bientôt cinq ans qu'il m'a quitté. C'est la seule chose qui me lie encore à lui au jour d'aujourd'hui. Comme si tous étaient devenus qu'un vieux souvenir. Pourtant dès que j'ai l'occasion de me souvenir de lui, je le fais.

Après avoir fini de manger et être restée quelques minutes de plus à regarder la télévision, je me dirige dans la grande cuisine en marbre blanc où je dépose mon bol dans l'évier. Les pièces sont claires dans la villa. Larry a plutôt bon goût à ce niveau-là. Parfois je me demande même si c'est lui qui choisit les décorations de sa maison tant le style est raffiné.

Ici, tout est différent, Rosaline vient faire le ménage tous les jours à onze heures pile. Pas une minute de plus ou de moins. Il y a des jardiniers et plusieurs autres employés avec chacun une tâche attribuée. Tout est tellement prévisible que je pourrais compter les secondes avant de savoir à quelle heure sera laver mon bol de céréales. À croire que Larry ne sait pas se débrouiller tout seul.

Enfin bon, je suis légèrement fatiguée. Il ne m'a pas beaucoup laissé dormir cette nuit. Et il m'est impossible de me rendormir une fois réveillé. Alors je commence ma matinée au stand de tir. J'y passe au moins quatre fois par semaine depuis maintenant trois ans. Il ne le sait pas et c'est mieux ainsi.

Quand j'arrive, je prends un Glock 20, je le préfère au 17, il est plus renforcé avec un calibre dix millimètres. J'arrive donc à être plus précise avec.

Une fois le manche en métal frais entre mes mains, j'enlève la sécurité. Je le serre bien contre ma paume à présent froide. Jambes écartées, le dos droit. Je n'ai plus qu'à viser et ne pas rater ma cible.

BOUM !!!

La balle est partie en pleine tête sans que je n'eus le temps de réfléchir. Peut être légèrement à droite mais plutôt bien visé. Ça en deviendrait presque un jeu d'enfant maintenant. Alors je continue de tirer jusqu'à ce que je vide mon chargeur.

Ça me permet de me libérer, l'espace d'un instant je n'entend que les tirs, et étrangement ça me fait du bien. Je me sens en sécurité tant que j'ai l'arme dans mes mains. Parce que je sais que ce n'est pas moi qui suis à la place de cette cible.

Pour autant, une fois que je reposerais le pistolet et que je quitterais cette pièce, je serais de nouveaux « Athéna la victime de tous ses malheurs », et j'ai horreur de ça. Je déteste me voir aussi faible. Ne pas avoir le contrôle de la situation. Comme si ma vie tenait sur un fil qui pourrait certainement se casser à tout moment. Alors je me prépare.

Parce que je sais qu'un jour cette arme ne visera pas seulement une cible en bois. Je devrais la placer dans la chair d'une personne tôt ou tard. Et je le redoute. Mais je sais aussi que je ferais ce que j'ai à faire pour survivre. Si vous me demandez pourquoi, la réponse est simple.

Je n'ai que vingt deux ans et je veux vivre. Du moins, essayer de vivre avec ce que « mes merveilleux parents » m'ont légué avant de partir et de me laisser seul comme des putains de lâche.

Un an après avoir signé mon contrat avec Larry, on m'annonçait avoir retrouvé mes parents morts. Brûlés dans la maison qu'il tentait de cambrioler.

Athena T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant