Chapitre 2 - La poursuite

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Pendant plus de dix ans j'ai erré en Terre du Milieu, combattant des orques et autres créatures infâmes. Je m'étais promis de trouver et détruire Sauron et ses cavaliers noirs, car sans eux Aragorn ne serait pas parti et nous aurions continué à vivre en harmonie, tous ensembles.

J'ai maintenant vingt-six ans et vous commencez probablement à comprendre le début de mon récit. Oui, j'avais enfin retrouvé les Neufs, et je ne me permettrai pas de les perdre encore une fois. Pendant des heures je les suivis et lorsque la nuit fut tombée, ils accélérèrent si vite que je les perdis de vue. Alors j'ordonnai à mon cheval de redoubler de vitesse et je finis par les retrouver, à une vingtaines de pieds devant moi. Ils freinèrent d'un coup devant un ponton en bois au-dessus d'un lac. Je me cachai derrière un arbre au tronc large. Les chevaux se cabrèrent et les cavaliers se mirent à pousser des cris rageurs. Puis ils firent demi-tour en longeant la rive. Ils allaient certainement traverser le lac au pont du Brandevin à plusieurs kilomètres. En reprenant la course folle, j'eus juste le temps d'apercevoir quatre Hobbits dans la barque qui était auparavant amarrée au ponton. Ils devaient être pourchassés par les serviteurs de Sauron. Et ils allaient certainement se réfugier à Bree, le village juste à l'autre rive du lac. Alors au lieu de faire ce détour qui me ferait perdre plus de deux heures, j'attendis que les Hobbits soient arrivés de l'autre coté, puis je me servis de mon pouvoir pour écarter l'eau de mon passage. Je ne l'ai pas dit ? J'ai un pouvoir très spécial : je peux contrôler l'eau, sous toutes ses formes. Je l'ai découvert à l'âge de cinq ans...en provoquant une inondation à Fondcombe. Par accident, bien sûr. Elrond avait été d'abord furieux, puis effrayé. Tous les habitants ont commencé à me mépriser, et ils ont réclamé mon bannissement. Mais Ada s'y était opposé. A condition que je porte un bracelet de fer forgé empêchant mon étrange don de se déclencher. Mais lorsque j'avais quitté Fondcombe je m'en étais débarrassé. Ce qui m'avait toujours préoccupé, c'était le fait que je sois une femme et non une elfe, alors je n'étais pas censée posséder un quelconque pouvoir. Vous voulez savoir quelle a été la réaction de mes amis ? Ils m'ont fait comprendre qu'ils n'avaient pas peur de moi, même si je sentais une pointe de crainte en eux, et qu'ils seraient toujours là pour moi. Avant de nous quitter, Aragorn m'avait dit :

-Un jour tu me reverras, c'est certain. Et sache que si tu as besoin de mon aide, je viendrais.

Ce message m'avait beaucoup touché...avant de me rendre compte que je n'avais aucun moyen de le prévenir si j'avais besoin de lui. Mais revenons aux Hobbits. Je gagnai la rive rapidement, toquai à la porte de bois où le guetteur me laissa passer et je pus constater que les Hobbits avaient disparu. Génial. Je décidai de passer la nuit à l'auberge du village, nommée « l'Auberge du Poney Fringant ». Au rez-de-chaussée, la taverne était bondée d'hommes. Je pris un simple verre d'eau, et allai m'asseoir à une table. Je déteste la bière : comment autant de personnes peuvent-elles aimer ce breuvage répugnant? Bien évidemment, le verre d'eau était une excuse pour observer le petit monde qui m'entourait. J'avais pris soin de porter une capuche, pour que l'on ne me reconnaisse pas. Après avoir attentivement examiné chacun, je vis les Hobbits que j'avais aperçus plus tôt. L'un avait les cheveux bruns et semblaient absorbé par ses pensées, un autre était roux et joufflu, et les deux autres semblaient être frères et s'amusaient. Je continuai d'observer, sans toutefois oublier les Hobbits, et c'est alors que je remarquai dans un coin un homme qui fumait une pipe, encapuchonné comme moi. Ils surveillaient les Hobbits. Puis son regard se tourna vers...moi ! Je me détournai immédiatement. Il n'avait l'air guère sympathique. Et dangereux. Je rapportai toute mon attention sur les Hobbits. L'un des deux frères -enfin je pensais que c'était des frères- se leva pour reprendre une pinte de bière, et je réussis à entendre qu'au bar ils parlaient d'un certain « Sacquet ». Le Hobbit s'approcha pour sa bière et affirma qu'il connaissait un Sacquet et montra le Hobbit brun du doigt. Il ne comprenait pas qu'il venait de faire une grave erreur : il venait de dévoiler que la proie des Neufs était ici. Les gens commencèrent s'agiter, et le Hobbit, paniqué, trébucha et chuta sur le sol. Sous le choc, un petit objet brillant sortit de sa poche et retomba au doigt du Hobbit, qui disparut aussitôt. L'anneau de Sauron ! C'était pour cela que les cavaliers le traquaient ! Et moi qui l'avais cherché pendant toutes ses années... Le « rôdeur », comme l'aubergiste avait nommé l'homme encapuchonné, se leva brusquement. Il s'éclipsa discrètement et suivit les traces du jeune Hobbit dans la poussière, et une fois que celui-ci retira l'anneau, il l'attrapa par le bras et l'embarqua dans sa chambre. A mon regret, il ferma la porte, alors je m'approchai pour tendre l'oreille, mais les trois autres Hobbits débarquèrent derrière moi. Ils pointèrent leurs couteaux- mal aiguisés, bons pour couper les légumes, si je puis dire- et le rouquin s'écria :

-Où est monsieur Frodon ?! Vous êtes complice de cet homme ? Laissez-nous entrer !

Alors c'était ainsi qu'il s'appelait. Le jeune Hobbit se nommait donc Frodon Sacquet. Je leur répondis :

-Je n'ai rien à voir avec ça ! Et j'ignore qui est cet homme, ni comment ouvrir cette porte puisqu'elle est fermée à clé !

-Vous mentez, déclara le rouquin en plissant les yeux. Sinon que ferait une elfe dans un petit village d'hommes ?

Comment avait-il deviné que j'étais une elfe ? Enfin, je n'en étais pas une mais j'en avais tout l'air, non? Pourtant j'étais cachée.

-Ouvrez-la vous-même si vous ne me croyez pas, répondit-je, en faisant la sourde oreille sur la réflexion qu'il venait de faire.

Un des deux autres s'avança et, tout tremblant, s'apprêtait à tourner la poignée, quand soudain la porte s'ouvrit à la volée. Nous eûmes tous les quatre un mouvement de recul. Ils n'osèrent pas bouger, paralysés par la peur, en partie car l'homme était grand comparé à eux, puisque les Hobbits étaient des semi-hommes. Quelques secondes après, des bruits de pas se firent entendre dans l'escalier, alors l'inconnu nous attira à l'intérieur. Une fois la porte fermée à double tour, il se tourna vers Frodon.

-Vous vous faîtes bien trop remarquer, monsieur Sacquet, surtout quand on sait que des cavaliers noirs rôdent dans le coin.

J'avais l'impression de connaître cette voix, mais étrangement, je ne l'avais jamais entendue. Je me méfiai :

-Qu'est-ce que cela changerait pour vous ? Vous pourriez très bien convoiter l'anneau. Vous les fixiez sans cesse, tout à l'heure. Qu'est-ce qu'un de ces « rôdeurs » viendrait faire dans une auberge en pleine nuit, encapuchonné et observant les gens de manière suspicieuse ?

Je l'avais tellement agacé qu'il sortit son épée et la brandit sur mon cou en me plaquant au mur.

-Je vous interdis de me traiter d'une telle manière, répliqua-t-il tout bas. Je vais où bon me semble et j'ai le droit d'observer les gens de la façon dont je le désire. Et je vous ferai remarquer que vous portez également un capuchon.

Il ne pouvait pas le voir mais je lui jetais un de mes regards les plus noirs. J'ordonnai aux Hobbits de rester à l'écart. Puis je dégainai mon épée, et avec je repoussai celle de ce mystérieux inconnu. Nous fîmes un combat d'épée pendant quelques instants, puis je me glissai au sol entre ses jambes et j'atterris derrière lui. J'en profitai pour sortir mon arc et une flèche, qui étaient rangés dans mon carquois dans mon dos, et je les braquai sur lui.

Il laissa tomber son épée et dit :

-Je ne connais qu'une seule personne capable de se battre de cette manière.

Sur ces mots, il ôta sa capuche et je pus découvrir son visage. Je lâchai mon arc à mon tour et portai ma main à ma bouche.

-Non...c'est...impossible...

L'Elfe de l'Eau ~ Le Seigneur des AnneauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant