Can Love Do Magic ? {Malec Tome 11}

Chapitre 1 : Le pentagramme de sel

Ce ne fut pas les cauchemars qui le réveillèrent au petit matin, ce jour-là, ni même le soleil perçant à travers la fenêtre et venant bercer son visage angélique à la peau laiteuse d'un halo de lumière. Non, ce ne fut rien de tout ça, pas plus que les ronronnements apaisés de son époux. Ce jour-là, Alexander Lightwood-Bane se réveilla sans l'ombre d'une menace planant au dessus de lui, et pourtant le Chasseur d'Ombre, ancien Consul et autrefois Frère Silencieux, ne pouvait s'empêcher de fixer le plafond comme s'il espérait y voir s'incrire la réponse à la grande question de la vie. Quelques larmes coincées au bord de ses yeux cobalts, le Nephilim soupira tristement en s'efforçant de ne pas fondre en larme face à l'angoisse qui menaçait de l'engloutir tout entier. En effet, le noiraud pouvait sentir son estomac se tordre et un poids écraser sa poitrine pour l'empêcher de respirer correctement. Il avait l'impression d'étouffer, asphyxié par ses propres pensées qui tournaient en boucle dans son esprit encombré. Cela ne faisait que quelques semaines que Max et Rafael avaient vu naître leurs jumeaux, Mae et Lysaëlle. Quelques semaines de bonheur ininterrompu, d'apprentissage quotidien, d'insouciance, de rires, de couches et de biberons. Plus encore, cela faisait aussi quelques mois qu'Asmodée avait été définitivement vaincu et que l'immortalité leur avait été accordée à tous par Lilith, la mère des démons souhaitant les remercier pour leur aide. Alec aurait dû être heureux, et il l'était évidemment dans une certaine mesure. Oui, évidemment, il ne perdrait ni ses fils, ni son mari, ni aucun membre de sa famille pour cause de vieillesse ou de maladie. Et, évidemment, en dépit des rares contraintes et du traitement qu'il avait à suivre, Magnus restait en grande forme et tout allait bien pour eux. Mais Alec, lui, n'était pas aussi heureux qu'il l'aurait sans doute dû. Trop de questions restaient encore sans réponses et ces mêmes questions l'empêchaient désormais de fermer l'œil la nuit. Comment pouvait-il être devenu sorcier et avoir fait une Poussée Magique alors qu'aucun de ses parents n'est d'ascendance démoniaque ? Était-il désormais totalement sorcier, ou avait-il encore la possibilité de porter des runes et de se prétendre Nephilim au même titre que sa sœur et son parabatai ? Allait-il devoir vivre une cérémonie de Majorité comme Max avant lui l'année précédente ? Et jusqu'où s'étendaient ses pouvoirs ? De quoi était-il réellement capable avec sa nouvelle magie d'un magnifique vert émeraude hypnotique qu'il ne s'expliquait pas non plus ? Avec un profond soupir d'inquiétude et de frustration, le noiraud se passa une main quelque peu tremblante sur son visage.

- Sayang, je t'entend réfléchir d'ici, mon ange, murmura la voix de Magnus qui sortait péniblement du sommeil, étouffant un bâillement et portant une main à la joue fraîche de son homme pour la caresser tendrement.

- Excuse-moi, soupira le noiraud sans cesser de fixer le plafond au-dessus de leur tête, je ne voulais pas te réveiller. Il est encore tôt, tu peux te rendormir si tu veux.

- C'est encore tes angoisses ? Supposa le Grand Sorcier de Brooklyn en se redressant sur un coude pour observer le visage fermé de son amant, ne recevant pour toute réponse de la part de ce dernier qu'un haussement d'épaule. Alexander, s'il te plait, ne me repousse pas...Je suis là pour t'aider, tu te souviens ? Je sais qu'on a pas pris le temps d'en parler, entre la disparition de Rafael, son retour, l'affrontement à Edom et l'accouchement de Max. Nos vies ont été chargées et je suis désolé de ne pas avoir pris le temps de prendre mieux soins de toi mais...S'il te plaît, répéta-t-il en caressant son visage du bout des lèvres, s'il te plait chéri dit moi ce qui te tracasse...Pour le meilleur et pour le pire, tu te souviens ? Tenta-t-il alors dans une veine tentative de faire sourire son cadet, ce qui, étonnement, sembla fonctionner.

Le Chasseur d'Ombre pouffa en levant les yeux au ciel et renifla doucement, essuyant quelques larmes qui s'étaient permises de rouler sur ses joues pâles. Magnus fit une moue attristée en voyant l'état de son compagnon mais préféra ne pas faire de commentaires, attendant plutôt patiemment qu'Alec soit celui qui engagerait la conversation le premier. Au bout d'un temps infini, le noiraud se tourna sur le côté, allongé sur le flanc, fixant son homme avec un espoir vivace coincé au fond de ses prunelles bleues, s'accrochant à son ainé d'un simple regard comme un noyé s'accroche pour la vie à sa bouée. L'Indonésien tendit la main pour essayer les larmes de son cadet puis noua ses doigts aux siens en serrant sa main dans la sienne pour lui témoigner de son soutien, de son amour, de sa présence, comme pour lui dire que tout irait bien, que tout s'arrangerait, tôt ou tard. Inspirant profondément pour se donner du courage, Alec se lança alors, livrant son coeur et son âme aux pieds de son cher et tendre, lui confiant ses doutes, ses craintes, ses questionnements et ses peurs, se dévoilant tout entier auprès de l'asiatique qui l'écoutait avec attention, sans jamais l'interrompre ou laisser transparaître un quelconque agacement. Magnus l'écoutait, tout simplement. Une fois qu'il eut déballé tout ce qui pesait sur son cœur, Alec laissa s'échapper un profond soupir de douleur et de soulagement, pressant la main de son aîné contre ses lèvres pour y déposer un délicat baiser qui fit amoureusement sourire ce dernier. Magnus se redressa alors sur un coude et captura tendrement les lèvres de son époux avant de lui chuchoter quelque parole tendre à l'oreille.