Chapitre 8 : Réconciliation ?

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Tout en haut de la colline qui surplombait les eaux de la baie, l'Institut de Los Angeles paraissait majestueux, ainsi baigné par le soleil et dominant la ville en contrebas. Face à ses hauts murs blancs qui réfléchissaient la lumière, la végétation florissante alentour et la fontaine qui accueillait les visiteurs, Alec ne put empêcher son esprit de comparer l'édifice au célèbre Taj-Mahal. Le noiraud se souvenait de la première fois qu'il s'était rendu là-bas, en Inde. C'était Magnus qui l'avait emmené, évidemment. Max et Rafael, à l'époque âgés de six et huit ans, avaient préféré passer du temps avec leurs oncles et tantes à New York. Se sentant coupables d'abandonner ainsi leurs enfants, les époux Lightwood-Bane avaient pourtant fini par céder et accepter les vacances qui leur étaient offertes. De part le rôle de Consul d'Alec et leurs responsabilités de parents de l'autre, ils n'avaient eu que peu d'occasion de voyager après leur installation à Alicante, alors ce séjour en Inde avait été une aubaine. Le Chasseur d'Ombres aux yeux cobalt était tombé amoureux de l'endroit, se sentant serein et apaisé entre les murs du mausolée d'Agra. Magnus, lui, avait vu le pays tant de fois qu'il s'était principalement intéressé à la merveille qui lui tenait la main amoureusement sans le lâcher une seconde, sa merveille, son Alexander. Bien que les années se soient depuis longtemps écoulées et qu'il ait désormais l'habitude de vivre sans honte son intimité avec son mari, Alec ne pouvait toujours pas s'empêcher de rougir comme un adolescent dès qu'il repensait à ces vacances précises, se remémorant chaque moment avec une troublante précision. S'il fermait les yeux et se concentrait suffisamment, il pouvait de nouveau voir derrière ses paupières closes les trésors qu'il avait aperçus là-bas, et le corps nu de Magnus frémissant sous ses doigts. Il pouvait sentir l'odeur des épices du marché, et le bois de santal du parfum de son cher et tendre. Sur sa langue persistait le goût des plats étrangers et du sucré de la peau de son homme, tandis que son toucher lui envoyait des frissons le long de son échine en se souvenant du coeur battant de son sorcier contre le sien jusque après que l'orgasme ne les ait fauché tous deux dans la fraîcheur des draps qui contrastait avec la chaleur ambiante de l'air. Pourtant en cet instant, l'ancien Consul ne ressentait plus rien de tout ça. La douceur des épices avaient laissé place à l'amertume de la tristesse, et son cœur ne se pinçait plus d'amour mais bien de l'absence de son compagnon dont il était séparé par sa faute.

- Dad, tu pleures, l'informa Max qui se tenait derrière lui sur le dos de Lancevent, n'ayant pas besoin de voir le visage de son père pour sentir sa peine à travers son extrême empathie.

Le Chasseur d'Ombre, surpris, se passa une main sur sa joue et réalisa en effet que cette dernière était humide de larmes silencieuses qu'il avait versé sans même s'en rendre compte. Ce n'était pas la première fois que ce phénomène se produisait sans qu'il ne le réalise. Si par le passé il lui était arrivé de verser quelques larmes à l'occasion d'une monté de stress ou d'un geste d'affection de la part de ses enfants ou même d'un membre de sa famille, Alec avait réalisé que depuis qu'il avait cessé d'être un Frère Silencieux, cette manie lui était de plus en plus récurrente. Jem l'avait rassuré de nombreuses fois en lui disant qu'il était normal, après avoir passé tant d'années coupé de ses émotions, de ne pas toujours remarquer quand ces dernière survenaient, mais le noiraud ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter de ses réactions. Il savait que c'était bête à dire, mais il avait déjà plusieurs fois expliqué à Magnus, qui heureusement comprenait parfaitement le point de vue de son mari, que même pour de la peine, il était heureux de se sentir pleurer, lui qui avait gardé ses yeux clos pendant près de six ans. Mais il devait bien avouer que lorsque son sorcier était concerné, Alec était bien trop souvent plongé dans ses pensées et ses souvenirs pour prendre le temps de comprendre et d'analyser ce qu'il ressentait réellement. Secouant la tête pour chasser de sa mémoire les derniers vestiges de son séjour en Inde, l'aîné des Lightwood posa sa main sur celle de son fils, posée sur les rênes de Lancevent. Après tout, s'il n'arrivait pas toujours à réaliser ce qu'il ressentait, rien ne l'empêchait d'en parler.

Can Love Do Magic ? {Malec Tome 11}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant