Chapitre 6 : La chevauchée des Chasseurs

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A peine avait-il quitté son chez-lui, sa ville, son compagnon, qu'Alexander Lightwood-Bane sentit son coeur se briser et ses larmes rouler en silence sur ses joues pâles. Le noiraud s'en voulait. Il savait qu'il n'aurait pas dû réagir comme ça auprès de Magnus et, évidemment, il ne pensait pas réellement ce qu'il avait dit...N'est-ce pas ? Oh, par l'Ange, il se sentait si perdu et déboussolé. D'un côté, son cœur lui hurlait de trouver refuge dans les bras rassurant de son homme qui, depuis le début de leur relation, n'avait jamais failli à le soutenir, à l'aimer, et l'accompagner. Mais de l'autre côté, sa tête et sa raison lui criaient que c'en était assez, qu'il n'avait pas besoins de Magnus, qu'il devait s'éloigner le plus possible de lui, au moins le temps de faire le point sur ses sentiments. Un flot d'émotions en perpétuelle tempête livrait bataille en lui et le Chasseur d'Ombre ne savait plus à qui se vouer, vers qui se tourner pour retrouver un simulacre de paix dans son esprit. Il avait cru que s'éloigner était la meilleure solution, mais face au pincement soudain de son cœur, il n'était plus sûr de rien. Max, lui, observait son père avec compassion, sans réellement savoir quoi faire actuellement pour l'aider. Il chevauchait derrière Gwyn a qui il se tenait, en tête de la Chasse Sauvage, et son Dad se trouvait plus loin, seul sur la monture qu'un Chasseur lui avait volontier confié. Le sorcier à la peau bleue aurait pu utiliser sa magie et son empathie pour soulager la peine de son aîné, mais il sentait tout au fond de lui qu'Alec avait envie de la garder, il avait véritablement besoin de cette douleur, non par plaisir mais bien pour arriver à faire le point sur ce qu'il souhaitait vraiment. Il n'y avait rien de pire au monde que de ne jamais rien ressentir. Chaque émotion, même les plus pénibles d'entre elles, étaient toutes nécessaires à un moment donné de la vie, ne serait-ce que pour ensuite apprécier les plus positives. C'est donc résolu que le jeune homme se plongea dans la contemplation sur ciel nocturne et étoilé, laissant le Nephilim à ses réflexions. Autour d'eux, le calme revient peu à peu, au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient du tumulte de la ville au-dessous d'eux. L'air était plus frais, plus vivifiant, et ne résonnait dans l'air que le bruit des sabots des chevaux et des chants féériques qui s'élevaient des voix de chaque membre de la Chasse Sauvage, les mots empreints d'une magie unique semblant apaiser les cœurs.

Ni Alec ni Max ne surent combien de temps s'était écoulé depuis leur départ de Brooklyn, mais alors que le ciel commençait à se teindre de douces couleurs pastels, ils arrivèrent dans une clairière en altitude, comme une île perdue au milieu du ciel, et ils comprirent qu'il s'agissait de la terre des Chasseurs Sauvage, un lieu hors du temps, magique et enchanteur dont personne ne revenait normalement. Car en effet, la Chasse Sauvage ne comprenait que des êtres immortels. Personne ne pouvait décider de faire partie des leurs, c'était Gwyn Ap Nudd, seul chef de la Chasse Sauvage, qui décidait de vous y faire entrer. Il s'agissait, la plupart du temps, de membres de Petit Peuple ayant sacrifié leur vie pour les leurs et la Chasse Sauvage leur faisait l'honneur d'emmener leur âme avec eux pour les garder éternellement à leurs côtés. Ceux qui avaient cet honneur ne pouvaient jamais retourner dans leur famille, à l'exception de Mark Blackthorne, le compagnon de Kieran. Mark n'était pas mort, il avait été une récompense, une rançon, un tribut de guerre pour marquer le début de la Paix Froide entre les Chasseurs d'Ombre et les membres du Petit Peuple. Il avait quitté sa famille du jour au lendemain, alors à peine âgé de seize ans, et ne les avait retrouvé que cinq ans plus tard, toujours âgé de seize ans. Pourtant, il avait su trouver sa place au sein des membres de la Chasse Sauvage et était devenu, avec Kieran, l'un des meilleurs éléments de Gwyn. Depuis lors, Mark partageait son temps entre la Chasse Sauvage et sa famille à l'Institut de Los Angeles, qu'il revoyait au moins un weekend par mois et à chaque réunion de famille. Max ne pouvait imaginer ce qu'il avait pu ressentir, ainsi séparé de ses proches. Lui-même ne s'imaginait pas être séparé aussi longtemps de son époux, de ses enfants et de ses parents. Il n'imaginait pas non plus qu'on lui arrache ainsi ses jumeaux. Depuis leur naissance, Mae et Lysaëlle étaient devenu le centre de son univers, et lui qui était si empathique, possédant l'âme la plus pure que le monde ait porté, n'aurait jamais cru possible d'aimer ses bébés aussi fort qu'il les aimait actuellement.

Can Love Do Magic ? {Malec Tome 11}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant