Chapitre 14 : Savoir pardonner

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La Cour des Lumières n'aurait pu être plus silencieuse. Regroupés autour des corps des deux amants, les Lightwood-Bane et leur famille pleuraient en silence la perte de Max et de Rafael. Au même titre que Magnus et Alec, si ce n'est plus, ils représentaient une véritable institution au sein de leur grande famille, un exemple même. Tout comme leurs pères avant eux, les deux jeunes hommes avaient affronté maintes épreuves, à commencer par celle de vivre leur amour au grand jour, ou encore de pouvoir fonder leur famille. Mais ils s'en étaient sortit, à chaque fois. Chaque fois, leur amour s'était renforcé, plus pure que jamais, car la sensibilité de l'âme de Max leur permettait de se comprendre bien plus aisément. Ils étaient frères, amants, amis, parabatais et époux, jamais ne se disputaient, ou presque. Leur amour était inspirant, magique, irréel et pur. Et pourtant, il avait suffit d'un rien pour qu'ils se déchirent jusqu'à la mort, leur vie se terminant dans le sang et la douleur, et rien n'y personne ne pourrait rien y changer. Le seul espoir qui leur restait était de prier pour qu'ils se retrouvent tous deux en paix au royaume des disparus et puissent s'aimer encore comme au premier jour de leur histoire. Sanglotant douloureusement, pleurant plus de larmes que ne pouvaient en contenir ses yeux rougis, Magnus se traina jusqu'aux corps de ses fils et s'y laissa tomber avec une gémissement déchirant. Ses épaules tremblaient, tressautant au rythme de ses pleurs, et il posa sa main sur le coeur de ses enfants en gémissant, appelant à lui sa magie qui se refusait à agir, priant dans toutes les langues possibles pour les ramener, relancer leur coeur, soigner leurs plaies, mais il était trop tard. Rien ni personne ne pourrait plus les ramener. Ragnor, le cœur en lambeaux, se rapprocha de son fils et le serra dans ses bras, pleurant sans honte avec lui et le berçant du mieux qu'il le pouvait en laissant sa magie les entourer pour le protéger. Alec, lui, était en état de choc. Figé, les yeux troubles, il serrait Jace et Isabelle contre son coeur, les laissant verser les larmes d'un chagrin qu'il se sentait encore incapable d'exprimer pour le moment. Leur monde venait de s'écrouler, leur famille était en deuil. L'étincelle de vie, de magie, de bonheur et de rire venait de s'éteindre dans leur cœur à tout jamais. Jamais plus ils n'entendraient la voix de leurs enfants, jamais plus la bonté de Max ne viendrait apaiser leur coeur, jamais plus la chaleur de Rafael ne viendrait illuminer leurs journées. La vie du monde était morte avec eux, ne laissant derrière eux que peine et désolation.

Le noiraud avait l'impression de ne plus toucher terre. Il ne sentait qu'à peine les corps tremblants de son frère et de sa sœur contre lui, pas plus qu'il n'entendait les cris de chagrin déchirant de Magnus, les pleurs de Clary, ceux de Simon, et de tous les autres. Le Chasseur d'Ombre ne voyait plus rien, les souvenirs de ses enfants restant le seul paysage défilant sous ses yeux. L'adoption de Max, l'arrivée de Rafael, les jeux de pirates, les entraînements, les histoires du soir, leur mariage, la naissance de leurs jumeaux. Une vague d'effrois et de désespoir envahit le Nephilim à la pensée de Mae et de Lysaëlle, leurs petits bouts, leurs petits anges désormais orphelins à peine après quelques mois de vie sur cette terre. Ce fut cette constatation qui le fit basculer et ses jambes lâchèrent brusquement, le faisant s'écrouler à même le sol. Jace et Izzy le rattrapèrent du mieux qu'ils purent mais il les repoussa en pleurant, se balançant d'avant en arrière dans une veine tentative de se bercer et de se rassurer. Morts. Ses fils étaient morts. Ses enfants, ses bébés, ses petits garçons devenus si grands. Il hurla à son tour toute sa peine et la vague de magie qui s'ensuivit déracina la végétation alentour, reflétant la puissance de sa peine. Il aurait voulu pouvoir échanger leur place, donner sa vie en échange de la leur, mais il savait que c'était impossible. L'espoir était mort avec eux, pour toujours. Alors qu'il pleurait sans plus pouvoir s'arrêter, Alec sentit une fourrure caresser sa main. Relevant ses yeux cobalts, il vit un lapereau et un loutron doré frotter leur museau contre ses doigts et lui laper la peau. Le Nephilim retint son souffle et se releva d'un bond, comme si une décharge électrique venait de le piquer subitement. Son regard se porta à ses fils et il vit alors le cœur doré tatoué dans le cou de l'Argentin briller de mille feux. La magie de leurs bébés était encore connectée à la leur. Le lapereau et le loutron gambadèrent jusqu'au corps de leurs pères en faisant scintiller l'air qui crépita comme la chaleur en plein été. Leur famille se rassembla en cercle autour d'eux, curieux et sentant l'espoir renaître en eux, pour observer la scène avec plus d'attention. La figure de Mae, le lapereau, se lova contre le cœur de Max, sur sa rune de mariage, tandis que sa sœur Lysaëlle, le loutron, se positionnait en miroir sur la rune et le cœur de Rafael. Fermant leurs minuscules yeux, ils brillèrent un peu plus fort, un peu plus intensément, et englobèrent les deux amants de leur lueur dorée, douce et chaude.

Can Love Do Magic ? {Malec Tome 11}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant