Can Love Do Magic ? {Malec Tome 11}

Chapitre 4 : Accepter pour respecter

Loin, bien loin du Labyrinthe en Spiral, Alec se retrouva devant l'Institut de New York, l'immense bâtisse se dressant fièrement devant lui, avec splendeur et majesté. Le noiraud n'avait aucune idée de la façon dont il était parvenu à revenir dans la Grosse Pomme. Avait-il utilisé une rune ? Un Portail ? S'était-il comme téléporté d'un endroit à l'autre grâce à sa magie sans même s'en rendre compte ? Il n'en savait rien, et au fond peu lui importait les circonstances de son retour chez lui. Tout ce dont il avait besoin là, tout de suite, se trouvait dans cet Institut qui avait été son foyer pendant de si longues années. Poussant la grande porte à double battant qui gardait l'entrée du bâtiment, le Chasseur d'Ombre parcourut, haletant, les nombreuses pièces qui le composait, courant dans les couloirs et sanglotant à chaque détour de corridor à la recherche de sa moitié d'âme. Comme un aimant, et ayant pour habitude d'aller se reposer dans la salle de musique qui contenait son piano et le violon de Jem, Jace se leva de son banc de piano en sentant son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine. Sous les yeux effarés de Clary et de Simon, sa rune de parabatai s'illumina comme un soleil, tandis que le regard d'Isabelle, qui avait déjà vu ce phénomène auparavant, se chargea d'une profonde inquiétude. Comme il l'avait pressenti grâce à leur lien, le blond vit son meilleur ami arriver dans la salle de musique en pleurant toutes les larmes de son corps. A peine son regard cobalt se posa-t-il sur la silhouette assurée de son frère qu'Alec sentit ses jambes se dérober sous son poids, et il s'écroula à même le sol sous les cris surpris de sa sœur et de ses amis. Le dernier Herondale le rejoignit en deux grandes enjambées et s'agenouilla à ses côtés alors que leur rune de parabatai brillait plus intensément encore, leur brûlant presque la peau. Jace grimaça de douleur mais inspira profondément pour se calmer. Il allait devoir agir vite pour apaiser Alec. Il se souvenait encore de la première fois que ça s'était produit entre eux, quand ni l'un ni l'autre ne comprenait encore ce qu'il se passait réellement avec leur lien, et qu'ils étaient passés à deux doigts de la mort, y échappant de justesse grâce à Enoch qui était venu en urgence de la Cité Silencieuse pour leur apporter de l'aide, eux qui n'avait que treize et quatorze ans à l'époque.

- Mais enfin, qu'est-ce qu'il se passe ? S'enquit Simon, pâle, lorsque le blond sortit sa stèle en silence, le regard concentré sur son meilleur ami qui semblait sur le point de perdre connaissance.

- Alec se décharge sur Jace, ils vont devoir faire un transfert, sans quoi ça va les tuer, expliqua Isabelle d'une voix éteinte.

- Un transfert ? Répéta Clary sans comprendre, sentait elle aussi la panique la gagner.

- Puisque Simon et toi êtes parabatai, autant vous l'expliquer pour que vous sachiez comment réagir, reprit la directrice de l'Institut. Lorsque Jace ou Alec subit une trop forte angoisse, tellement fort que ça ressemble à un burn out Terrestre, il arrive que leur lien parabatai s'active et décharge toute la douleur sur l'autre moitié d'âme pour s'épargner des souffrances. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut contrôler, mais le problème étant que lors d'une décharge, Alec confit également, inconsciemment, de son énergie vitale à Jace. L'un va mourir d'épuisement, l'autre de souffrance sans fin...

- Et comment on arrête ce truc ? S'écria Simon alors que Jace luttait pour ne pas s'écrouler.

- Un transfert, reprit la brune en soupirant. Jace va devoir sceller et desceller leur rune parabatai. Le principe est de prendre l'énergie d'Alec et de la lui renvoyer peu à peu pour équilibrer la force des choses, afin qu'ils aient tous deux la même part de force et de douleur en eux...

Comme pour illustrer les propos de sa cadette, Jace récita inlassablement le serment de promesse des parabatais, son corps de balançant et berçant celui de son meilleur ami d'avant en arrière, alors que de sa main droite, tenant fermement sa stèle, il brisait et reformait la rune qui l'unissait à Alec, la scellant et la descellant sans jamais se fatiguer, déterminé à sauver sa vie et celle de son frère. Lentement, le corps du noiraud se détendit entre ses bras, et le flux d'angoisse et de douleur qu'ils partageaient s'amenuisa pour ne laisser place qu'à leur lien, intact, immuable et plus solide que jamais. Lorsqu'il fut certain qu'ils étaient tous deux à présent hors de danger, le blond lâcha sa stèle qui tomba avec un bruit de verre sur le sol de la salle de musique et lui-même se laissa échouer contre son parabatai haletant. Les deux hommes avaient les yeux fermés, cœur contre cœur, le visage couvert de sueur et le corps tremblant de fatigue, mais au moins étaient-ils en vie. Isabelle fit signe à son époux et à Clary pour sortir de la pièce et laisser les deux frères se retrouver, ce qu'ils firent dans un silence compréhensif. Une fois seuls, les deux frères reprirent le calme avec lenteur, revenant peu à peu à eux, comme sortant d'un mauvais rêve. Jace, reprenant sa stèle, traça une iratze par-dessus leur rune de parabatai pour qu'ils reprennent des forces. Entre ses bras, Alec frissonna et se redressa avec lenteur, clignant des yeux pour faire le point sur l'endroit où il se trouvait. Dès lors que ces derniers se posèrent sur son ami, cependant, il fondit en larmes en se recroquevillant sur lui-même, ses ailes le protégeant face à ses angoisses qui revenaient en force, malgré l'intervention de Jace qui ne savait plus quoi faire pour aider son parabatai. Le blond, en désespoir de cause, caressa les plumes aux reflets dorés de son frère qui, au bout de longues, très longues minutes, se détendit enfin, reniflant faiblement comme un enfant au sortir d'un cauchemar. S'aidant de son ami pour se redresser en position assise, Alec soupira en essuyant ses yeux rougis par les larmes. Reprenant une respiration plus calme, bien que toujours entrecoupée de quelques rares sanglots étouffés, le Chasseur d'Ombre sourit timidement à son meilleur ami pour le remercier alors que Jace se passait une main inquiète dans les cheveux.