6. Et bien, ça promet... ⚠︎︎

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Yara

7h02
Quand faut y aller, faut y aller.
Garée devant l'usine, j'essaie de rassembler mes esprits pour cette journée, qui je le sens, sera épuisante. Je sors de ma voiture et marche d'un pas assuré (du moins j'essaie) en direction de la porte, je m'apprête à toquer, mais je me rappelle que derrière cette porte se trouvent une bande de mercenaires qui n'en ont que foutre des bonnes manières. Je saisis donc la poignée et me rend rapidement compte que ce n'est pas fermé à clé.

— Tiens ! Voilà la putain de novice, lance la mannequin mercenaire depuis le bar.

Ok ça commence bien...

— Fais pas ta pétasse Olivia, intervient Paula en s'approchant. Comment tu vas ? Pas trop stressée ?

Je cherche, dans son regard un signe de moquerie ou d'hypocrisie, en vain. J'ai le sentiment que je peux lui faire confiance, du moins qu'elle n'est pas aussi garce que cette Olivia.

— Ça va, réponds-je en lui rendant son sourire.

— Yaraaaa !

En entendant Atlas, Paula roule des yeux et soupire d'exaspération, ce dernier la bouscule pour me serrer dans ses bras.

— Atlas, il est 7h du matin putain ! S'exaspère Paula.

— Et alors ?

Elle s'interpose entre lui et moi et je me rends compte à quel point je suis petite à côté d'eux.

— Primo, t'es déjà défoncé alors que la journée n'a même pas commencé. Et deuxio, Yara ne t'a pas donné son accord pour que tu la câlines comme ça.

Atlas, qui n'a pas l'air d'avoir écouté un traitre mot de ce que disait Paula, s'étale de tout son long sur le divan en lâchant un gros soupire, difficile de savoir si c'est l'effet « fumette » ou simplement la présence de Paula.

— Ok alors écoute frangine, dit-il en s'allumant un second joint.

« Frangine »... ?
Et puis ça me revient : à son retour d'Amérique Latine, Paula avait demandé où était son frère, elle parlait donc d'Atlas. Ça explique donc leurs chamailleries.
Après réflexion, c'est vrai qu'ils ont un air de famille : ils sont grands et bruns tous les deux, avec de jolies yeux chocolat reflétant une pointe d'innocence.

Toute ma vie j'ai rêvé d'avoir un frère ou une sœur, mais j'ai su que ça n'arriverait jamais dès l'instant où mon père m'a annoncé que ma mère m'avait abandonné trois jours après m'avoir donné la vie. J'avais treize ans, jusque-là il me disait qu'elle était morte après ma naissance sans trop s'attarder sur le sujet, même enfant, je savais que c'était un sujet délicat qu'il ne souhaitait pas aborder, et ça m'allait...jusqu'à-ce que ce soit le « moment des dames ». C'est arrivé en plein cours de maths, j'ai su ce que c'était dès l'instant où j'ai senti le flux.
Et on remercie Mrs William pour ses cours d'éducation sexuelle plus que détaillés...

Et malgré ça, j'ai juste... paniqué.

Je me suis enfuie avant que la chaise ne soit tachée de sang ; j'ai couru jusque chez moi me réfugier dans la salle de bain, je me suis douchée puis je me suis réfugiée sous mes draps, je ne voulais plus sortir de chez moi. Lorsque mon père est rentré du travail, il était furieux que je sèche les cours, tandis que de mon côté, j'avais beaucoup trop honte de lui confier la raison, du coup, on s'est disputé. J'ai fini par lui dire la pire chose qu'une fille puisse dire à son père veuf :

« Tu aurais dû mourir à sa place. »

J'ai immédiatement vu son âme se briser à travers son regard, et la seconde qui a suivi, il s'est effondré. J'ai instantanément regretté mes paroles et je me suis maudite intérieurement d'être aussi conne. Sur le moment j'ai pensé : « si j'avais une mère ça aurait été bien plus simple de lui expliquer, elle aurait compris elle au moins ».

ELITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant