21. Point de rupture ⚠︎︎

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Yara

Cela fait maintenant une semaine que nous sommes de retour dans le Queens.

Une semaine que je me cache.

À mon grand soulagement, Daz est trop occupé émotionnellement pour venir me faire chier. Il ne m'a pas contactée pour une quelconque mission, ni même emmerdée avec ses foutus entraînements. À vrai dire, si Paula ne venait pas aux nouvelles de temps à autres, je jurerais avoir rêvé ce qu'il s'est passé.

Mais chaque jour, je me réveille en sursaut en repensant au meurtre que j'ai commis ; à la violence qui m'habitait au moment de l'acte. La bonne nouvelle c'est que je réalise enfin... en revanche, la mauvaise, c'est que je ne ressens toujours aucune once de culpabilité.

Pourquoi, bon sang ! Pourquoi ?

Depuis que je lui ai dit partir pour l'Ohio, rendre visite à une tante malade, Baka m'a écrit tous les jours pour savoir comment je me sentais et me soutenir comme il sait si bien le faire, en me parlant livre et film. Il m'a expliqué comment s'est passé le festival du livre auquel il s'est rendu avec l'équipe. Me comptant alors l'exploit de Stan à notre traditionnelle « course aux dédicaces ».

Tout le long de son récit, j'ai ressenti quelque chose au creux de mes tripes, une sensation extrêmement désagréable, je dirais même... douloureuse. Si je culpabilise de lui mentir et de le mettre en danger constant en faisant partie de l'Elite, le voir aussi heureux en mon absence m'a fait réaliser que j'étais sans doute de trop...

C'est comme si...

Je me sentais de moins en moins à ma place auprès de Baka. Baka qui a toujours été mon « chez-moi », le frère sur qui j'ai toujours pu compter même dans les pires moments. Et récemment celui qui me raccrochait un minimum à ma vie « normale ».

Mais je ne suis plus « normale », je réalise.

Nos chemins prennent un tournant différent et cela me brise au plus profond de mon être. Je réalise peu à peu que depuis tout ce temps... je suis le danger qui menace Baka.

Celle qui risque de le tuer tôt ou tard.

Dès l'instant où j'ai suivi ces foutues ombres, j'ai signé notre arrêt de mort. Je dois donc m'éloigner de lui, peu importe la souffrance que cela me causera ; je suis prête à tout pour Baka.

Y compris mourir.

Et je ne pouvais pas prendre de décision plus judicieuse que celle-ci... car dans quelques jours seulement, j'atteindrai mon point de rupture.

Je sors de la douche, enfile un simple T-shirt et défais d'un seul geste mon lit. Je m'y plonge et fais défiler les chaînes de télévision lorsque que je tombe sur la chaîne des infos. Il s'agit d'une édition spéciale :

Massacre à la Federal Reserve Bank de New York.

Des images - majoritairement floutées - se succèdent et montrent des corps couverts de housses mortuaires, des bureaux complètement carbonisés et un énorme coffre complètement vidé.

Ange...

Je monte le son et écoute la présentatrice faire un état des lieux.

« ...volés. D'après les informations récentes, le coffre appartiendrait à la société JoFre, une société appartenant aux célèbres hommes d'affaires John Raymond et Frédéric Gates, retrouvés morts il y a quelques jours à l'hôtel Beau-Rivage situé à Genève, en Suisse... »

Je me redresse subitement.

« ...la police soupçonne une seule et même organisation pour ces deux crimes. Mais une chose est sûre : ces deux événements ont, semblerait-il, eu lieu au même moment. Sur chaque lieu, un seul et même indice ; une rose blanche et trois balles de pistolet, chacune gravées d'une inscription en arabe signifiant : « Ma mère », « Mon père » et « Fils ». La question que tout le monde se pose désormais est : s'agit-il d'une attaque terroriste à motivations religieuses ? Pourquoi graver ces balles d'une telle- »

ELITEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant