23. Sa propre limite ⚠︎︎

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Daz

J'arrive au QG de bonne heure ce matin lorsque je l'entends.

— ...je sais...

Yara.

Garée à quelques mètres de moi, sa voix me paraît tout de même proche, je devine que sa fenêtre est ouverte.

— ...non, j'peux pas...

Je n'entends pas son interlocuteur mais je n'ai pas de mal à deviner qu'il s'agit de son meilleur ami vu la tristesse qui enveloppe sa voix.

Cela fait maintenant un mois que Yara a commis son premier meurtre. Et je dois avouer... que je ne m'y attendais pas. Lorsque qu'elle est partie à la poursuite de cette armoire à glace, je pensais qu'elle se contenterait de le capturer, l'assommer au mieux, et qu'elle me laisserait finir le travail.

Mais c'est à ce moment-là que j'ai su.

Lorsqu'elle est apparue à mon côté sur le toit, et qu'elle n'a pas hésité une seconde avant de dégainer son arme et de la pointer sur ce fils de pute de Raymond, j'ai compris que le moment était venu. Elle dégageait une telle aura meurtrière que ce n'était pas difficile à deviner. Je sens, encore aujourd'hui, son adrénaline me picoter la peau.

De retour dans le Queens je me suis dépêché de trouver une cible, je ne devais pas laisser passer cette chance ; elle était désormais conditionnée à devenir celle que je voulais qu'elle soit.

Une machine à tuer.

Alors j'ai pris la pire cible que j'avais en réserve, il fallait que ce jour soit marqué au fer rouge dans sa mémoire. Mais surtout dans son cœur. J'étais sérieux quand je disais que sa sensibilité la rendait dangereuse... très dangereuse.

Mais il n'y a pas que ça. Il n'y a rien de plus dangereux qu'un être possédant encore son humanité et qui se sent menacé. Son instinct de survie prend le dessus, il perd complètement la boule et est prêt à tout pour survivre, quitte à y laisser son âme. Et cet instinct est décuplé lorsqu'un être cher est mêlé à l'équation.

Depuis notre rencontre, Yara sait que si elle ne va pas dans la direction que je lui indique, c'est son ami et sa famille qui en paieront les conséquences. C'est pourquoi désormais, elle m'obéit au doigt et à l'oeil.

Même s'il m'arrive de devoir montrer les crocs de temps à autre.

Mais globalement, je dois dire qu'elle dépasse mes espérances...

Elle est sur la bonne voie.

Je sors de ma voiture et viens m'adosser à la sienne. Je m'allume tranquillement une clope et attends patiemment qu'elle termine son stupide coup de file.

— ...je ne peux pas sortir Baka, j'ai des trucs à faire en dehors du boulot... on en reparle plus tard... salut.

Elle raccroche, prend le temps de fermer sa fenêtre et sort du véhicule d'un pas traînant.

Sans un mot, je lui tend directement la main, elle comprend tout de suite est y dépose le portefeuille de sa victime de la veille, avant de se diriger vers la double porte qui mène à l'intérieur.

C'est devenu notre truc. Je l'envoie tuer des gens, elle le fait sans broncher et m'apporte la preuve. C'est elle qui a lancé ça ; elle revenait de son troisième meurtre et elle a... en quelques sortes, pété les plombs.

Elle était seule, sans personne pour la soutenir et canaliser la rage qu'elle nourrissait envers moi. Elle a alors débarqué dans mon bureau et m'a balancé à la gueule le portefeuille d'une de ses deux cibles. Il contenait des putains de photos de famille. Bien entendu, nous nous sommes battus jusqu'à ce qu'elle abdique, toute sanglotante qu'elle était.

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