36. La folie et la rage

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Yara

J'inspire lentement.

Les yeux rivés sur la ligne d'arrivée, située huit cents mètres plus loin, je me concentre.

C'est une ligne droite Yara, rien de plus facile.

Une simple ligne droite.

Si la fête avait déjà lieu en toute illégalité sur le tarmac de l'aéroport de notre défunt JFK, la course elle, se tiendra carrément sur la piste d'atterrissage !

L'un des avantages d'être la fille de l'homme - auparavant - le plus riche et le plus puissant de Manhattan. On peut soudoyer n'importe qui, du moment qu'il appartient à la classe en dessous.

Cinquante milles dollars versés au directeur d'un aéroport pour retarder quelques vols et privatiser une piste d'atterrissage, dans le seul but de faire une course illégale avec l'un des membres de l'organisation du mec qui a tué votre père... juste un caprice de pétasse hautaine et pourrie gâtée.

Rien que ça !

Je ferme les yeux quelques secondes et me repasse en boucle les conseils d'Atlas.

« La Dodge est plus lourde mais elle a plus de chevaux. »

« Le couple est plus élevé, ce qui veut dire que tu peux accélérer plus que la Porsche ; tu passeras du 0 à 100 km/h plus rapidement qu'elle. »

« Luis a récupéré la Porsche 911 Turbo S PDK de Manuel, tu sais ce qu'elle a dans le ventre. »

« Si ma Berlinetta de 2012 a pu la battre, cette Dodge de 2023 le peut aussi. »

« Gère-moi cette foutue pédale d'accélération Yara, je déconne pas ! »

Lorsque je les réouvre, je cherche instinctivement le regard de mon meilleur ami, qui va bientôt finir par se ronger les doigts vue la vitesse à laquelle il massacre ses ongles. Je m'efforce de lui offrir un sourire rassurant (qui doit sans doute ressembler à une grimace gênante) avant de me focaliser une nouvelle fois sur la piste.

Une simple ligne droite...

C'est à ce moment-là que Miles apparaît pour venir se placer sur la ligne de départ, nous faisant signe d'avancer lentement jusqu'au marquage au sol.

Dieu pitié faites que je gagne...

— Prêtes mesdames ?

Nous répondons par une rugissement de moteur agressif.

— Attention...

Il dénoue le foulard rouge attaché à sa ceinture et le soulève au-dessus de sa tête.

— ...au signal...

La boule pesant au creux de mon ventre prend tellement d'ampleur qu'une sensation désagréable se fait ressentir au bout de mes doigts.

Je gagne, ou je meurs...

— GO ! Hurle Miles en fouettant l'air avec son drapeau de fortune.

Je démarre comme une fusée et prends immédiatement une petite avance sur Joyce qui, je le remarque, me suit d'un peu trop près.

Je passe les rapports habilement ce qui me permets de garder cet avantage, mais la pression qu'elle exerce en me collant autant me déstabilise quelque peu.

— Bordel, dégage !

Je tourne légèrement le volant afin de m'éloigner de ce danger public, mais la garce me bouscule, me faisant presque perdre le contrôle du véhicule.

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