38. Le même rôle

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Baka

Cela fait trois jours qu'Olivia est dans le coma.

Et bien qu'ils continuent d'accomplir leurs missions, les agents sont tous à bout de nerfs. De ce que j'ai pu comprendre, ils forment une sorte de famille dont Yara fait, en quelque sorte, partie (du moins... pour certains).

Si l'un d'entre eux est touché, c'est tout le groupe qui en pâtit.

Paula et Atlas m'ont confié que même si Daz, a de prime abord, kidnappé Yara pour protéger l'Élite, et qu'il la maintient en otage en faisant pression avec moi, tous deux ainsi que Roman l'ont rapidement acceptée au sein de l'équipe.

Ils m'ont également expliqué à quel point le reste de l'équipe l'admire et la prend pour exemple lors des entraînements. Atlas ne cesse de me répéter que Yara est l'agent la plus douée qu'il connaisse malgré son « caractère de merde », et ça ne m'étonne pas.

Depuis que je connais Yara, elle a toujours eu ce tempérament fougueux qui, habituellement, a tendance à repousser les gens.

Visiblement, ce n'est pas le cas avec l'Élite...

C'est ce même tempérament qui la pousse à se surpasser et à se perfectionner dans tout ce qu'elle entreprend, parce que je cite : « Si tu fais les choses à moitié, t'as plus de chance de te foirer ! Et pour faire les choses pleinement, faut avoir la rage Baka. »

La rage de vaincre.

Ça, c'est Yara.

Tout ou rien.

À toujours vouloir être la meilleure pour se protéger et protéger ceux qu'elle aime.

Yara pense qu'en tant « qu'étrangers », nous devons être bon dans tout ce que nous entreprenons, qu'aucun échec n'est toléré.

C'est elle qui m'a poussé à accomplir mon rêve d'ouvrir ma propre librairie.

Elle disait toujours qu'un étranger à la tête d'une entreprise - peu importe sa grandeur - c'était un coup de pieds supplémentaire dans le cul des colons. Que pour un misogyne machiste, la sensation de voir une femme au pouvoir était similaire à une torsion des testicules.

Alors j'ai écouté ses conseils et j'ai ouvert ma boutique. Non seulement je suis au pouvoir, mais en plus je fais ce que j'aime.

Double coup de pieds au cul !

J'imagine que c'est pour cette raison que Yara n'a pas encore, disons... « éliminé » Daz.

Elle dit attendre le bon moment, que bien qu'elle se classe parmi les meilleurs, l'élève n'a pas encore dépassé le maître. Que de toute façon, elle doit d'abord donner sa leçon à Joyce.

Moi je pense que Yara a ouvert les yeux sur la nécessité de cette organisation pour les gens comme nous.

Il est vrai que je ne suis qu'un citoyen lambda, sans histoire et moralement droit dans mes baskets, mais si j'oublie ne serait-ce qu'une toute petite seconde le fait que l'Élite tue des gens, je dois bien reconnaître que le nom de Daz nous a, d'une certaine manière, sauvé la vie.

Dieu seul sait ce qu'il nous serait arrivé si le nom de « Taha Dazi » n'était pas sorti...

Une bavure ça va vite... trop vite.

En tout cas je suis convaincu d'une chose : Yara sait que si elle tue Daz, elle détruit l'Élite. Elle détruit nos chances de survie dans un monde dirigé par les blancs...

J'entre dans la salle de muscu' et retrouve mon amie qui malmène une fois de plus le sac de frappe. Je souris et admire quelques secondes la scène, main sur la poignée, planté là comme un crétin, demeurant ainsi jusqu'à-ce qu'une voix rauque m'arrache de ma contemplation.

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