Ces monstres là

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Elle dort si paisiblement

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Elle dort si paisiblement. Je la contemple avec tendresse. Je les regarde prendre une nouvelle rasade de leur précieux breuvage qui ne fait que du mal en espérant ne pas revoir la lueur dans leurs yeux s'éteindre. Je devrais peut-être, être triste ou en colère mais au contraire je suis heureux pour elle presque même jaloux. Je l'admire de cette facilité qu'elle a de se couper du monde.

Ce moment de béatitude ne dura que quelques minutes jusqu'à ce que je prenne conscience de ce qu'il s'était réellement produit. Je tournais la tête vers mes créateurs, leur jeta un regard noir et crache: «vous êtes satisfait?»

Mon concepteur se tourne vers moi et sourit d'un air mauvais :

« Tu ferais mieux de me parler autrement et de baisser les yeux devant moi! grince-t-il

– Sinon quoi ? » je réplique ironiquement.

Je n'ai jamais su tenir ma langue mais là je sais que je vais trop loin néanmoins je ne peux plus m'arrêter :

« Tu vas me lancer ta bouteille a la figure ? Ça m'étonnerait tu y tiens trop pour la gâcher ainsi.»

Son visage se durcit plus que de coutume en ce visage des très mauvais jours ...

« – Vas donc coucher ta sœur elle dormira encore longtemps »

Je ravale une insulte bien sentie et me tourne vers ma mère plus tolérante parfois que mon créateur mais aujourd'hui elle me regarda avec ses paupières lourdes et me lança :

« Tu ferais mieux de faire vite, tu ne voudrais pas qu'elle attrape froid? »

Cette fois c'est un sanglot que j'étouffe. Mon dernier espoir est perdu. Elle est devenue aussi mauvaise que mon géniteur.

Je prends délicatement ma sœur dans mes bras, et lentement la mène vers son lit terreux, quand j'ai fini de la border je lui murmure dans un souffle « Dors bien Charlie » et je retourne dans mon enfer. Elle a un prénom de garçon. Peut-être parce que nos ascendants auraient voulu quelle porte des couilles dans sa culotte. Je pense qu'ils ne les ont tout simplement pas remarqués à travers ses larges bas.

Au bout d'une heure déjà je ne peux plus respirer tellement j'ai envie de les étrangler ,je finis par me lever et me lance, aujourd'hui ça suffit, je pars ! Ma conceptrice m'arrête et me chuchote méchamment :

«Tu ne crois quand même pas que tu vas pouvoir partir comme ça, si ? Je crois plutôt que tu vas aller voir ton père, il t'attend pour un projet. »

Une bouffée de peur m'envahit, mais je le cache aussitôt, mes ascendants ne mérite pas que j'éprouve un sentiment de crainte et de soumission envers eux.

Je me libère de sa poigne renonçant à sortir, et avant de retrouver le dieu Hadès en personne je lui assène :

« Ce n est pas mon père et tu n'es pas ma mère compris ? »

Elle esquisse un sourire cruel et rétorque :

« Ce n'est pas une façon de parler, je pense que je vais en toucher un mot a ton père », puis elle avale une gorgée de l'immonde liquide qu'elle tient, et me tend un verre en m'assurant que je me sentirais mieux après. Voyant que je le rejette avec colère elle hausse les épaules et m'emboîte le pas. La pièce est plongée dans le noir, je m'avance lentement suivi de ma consanguine diabolique. Elle me passe devant et chuchote quelques mots a mon procréateur. Il fronce les sourcils et lui fait signe de disposer, elle fait la moue, mais il lui tend une bouteille que je devine être du whisky. Sa grimace se transforme en sourire radieux et elle quitte la pièce sans discuter. Je me retrouve seul avec cette ordure.

Une fois que ce monstre a défoulé toute sa colère sur mon pauvre corps et esprit je sors de cette pièce infernale, je suis en larmes, mais il faut vite que je les cache. Je m'enferme donc dans ma chambre et sanglote de désespoir.

Le lendemain mon esprit est déterminé. Je vais leur montré moi qu'ils ne peuvent pas faire leurs lois avec moi je m'avance dans le salon et leur cri toute ma rage,ma haine, mon ressentiment. Une fois vidé de toute émotion et la voix brisée je jette un coup d'œil à « ces monstres-là en attendant leurs réactions. Ils me fixent pour une fois totalement dessoûlés.

Tout à coup une idée me prend. Je lance un coup d'œil vers les escaliers donnant directement sur la grande fenêtre. Mon manque de discrétion manque à leur surprise. Ils comprennent de suite.

Ils burent une bouteille cul sec et mon concepteur me grinça :

« Tu vas te prendre une dérouillée comme tu n'en as jamais eu !

Je me précipite alors à toute vitesse vers les premières marches. Chacune me semble trop grande, d'une immense difficulté à enjamber. Sous mes yeux, la longueur de trajet en pente s'allonge devenant interminable. Plus que le fracas de leurs corps percutants les murs et de mes pieds se prenant sur le palier des marches résonnait. Je manque de glisser mais me rattrape juste à temps pour ne pas me faire attraper par mon ascendant. Un souffle, et plus qu'à grimper au rebord du vitrage, à présent ouvert. J'y suis !

Je regarde le ciel. Je sais qu'elle me regarde. Elle m'attend. Elle approuve le choix que je fais, j'en suis certain. Après tout, 14 ans de torture et de souffrance, ce n'est pas une vie. C'est 14 ans de trop, elle le sait. Elle a vu toutes les marques sur mon corps qui étaient les siennes auparavant, mais maintenant elle ne souffre plus, et bientôt moi non plus.

Je ferme les yeux, prend ma dernière inspiration ,la dernière bouffée d'oxygène, et laisse le vide m'emporter.

Mélancolie des jours de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant