Légère telle une plume et libre comme une hirondelle...

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Les roues de manège grinçaient eu contact des rails alors que nous nous élevions dans le ciel. De l'endroit où je me trouvais je pouvais entendre des voix, des cris et des éclats de rire tout de même lointains, mais j'en profitais. La tête pétrifiée, je ne pouvais la tourner pour contempler les moments fugaces de vies qui se déroulaient sous mes pieds, dans ce parc d'attraction. J'imaginais très bien certains enfants, tout sourire, supplier leurs parents de les laisser monter au bord de ce manège car les miens avaient cédé. Je me trouvais en haut du grand huit que j'avais décidé d'affronter malgré mes frousses.

J'ouvris les yeux que j'avais, l'espace d'un instant, laissés clos pour mieux profiter du moment présent, et dirigea mon regard vers ma main. Mes doigts se trouvaient enlacés entre celui de mon cadet : pour le rassurer l'avais-je convaincu. Mais la réalité était toute autre, car la seule personne à qui je voulais faire éteindre, ou juste faire taire quelques secondes les pleure :c'était moi. Oui, j'étais prise d'angoisses au début, j'étais terrifiée, tout simplement. Mais à présent, si proche de la chute, malgré une petite appréhension qui ne s'étaient tue, j'étais sereine.

Je me sentais reine, car entouré de la personne que j'aimais le plus, rien ne pouvait plus m'atteindre du haut de mon perchoir. Le vent venait me caresser les joues et balayer mes longs cheveux blonds sans jamais laisser filer mon bonheur.

Ma main se contracta pour effectuer une pression sur celle de mon petit frère et mes lèvres sûrement devenues violettes pas le froid, s'étirèrent en un immense sourire. J'étais enfin libre. Libre de toutes pensées, de toutes émotions et ressentis négatifs. Je possédais - enfin - le choix de prêter attention aux soucis qui envahissaient mon esprit à continuité ou bien de les faire taire l'espace d'un instant. Je décidai de me concentrer sur les sensations que pouvaient me procurer les montagnes russes. De laisser tomber problèmes, rancœurs, et tout ce qui traversait ma petite tête en bas de cette montée.

Un grésillement désagréable vint m'avertir de l'approche de la chute qui suivait, et me sortir de mes précédentes pensées. On sentit le wagon se caler, s'arrêter durant une longue seconde qui m'arracha un frisson. Ça y était, le moment était venu pour le manège d'affronter l'immense décente. Alors quand il entreprit celle-ci, une sensation de tomber dans le vide m'encercla. Un poids lourd s'extirpa de mon corps et un cri d'aisance s'échappa de mes lèvres. Une immense satisfaction prit possession de mon corps.

Des années après il m'est arrivé d'y repenser. Je rejoue ce tour de grand huit en continu dans ma tête. Il y avait quelque chose d'émouvant dans le fait de ressentir un réel sentiment d'aisance pour la première fois. Voilà la liberté pour moi : le ressenti d'être piqué d'une incroyable dose d'adrénaline, de se sentir puissante et plus grande que jamais et d'avoir l'impression de s'envoler en une lente et puissante mélodie.


Mélancolie des jours de pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant