El Cuco - Série Faida

Chapitre 25 - Coup dans l'eau

- Kelsy, tu n'es pas obligée de prendre ce risque.

- Bien sûr que je vais le faire, soupira sa meilleure amie. Je te tiens au courant s'il veut un rendez-vous.

Carmina se sentait mal de se reposer sur son amie pour obtenir l'aide d'un chef de gang américain. En plus, elle ignorait comment Nevada prendrait la nouvelle. Se sentirait-il rabaissé qu'elle trouve une personne de plus pour protéger sa fille ? Elle espérait que non.

Cloé l'accueillit au bar avec un grand sourire qu'elle rendit avec un peu de difficulté.

- Oula ! Tout va bien ?

- Un peu de fatigue.

- Tu m'étonnes, souffla la brune. Sixième jour d'affilée, ça commence à faire beaucoup. Mais vu le nombre de malades.

L'Italienne ne commenta pas cette réalité douloureuse : il n'y avait jamais eu autant d'absent que ce mois-ci. C'était à croire que les employés se passaient le mot pour tomber malade en même temps.

La soirée s'avança rapidement. Personne n'avait le temps d'une pause, même une minuscule. Les commandes s'enchaînaient entre les habitués, les locaux et les petits nouveaux en quête de sensations fortes dans les bas-fonds. Les sorteurs intervenaient régulièrement pour empêcher des bagarres.

Malgré tout, Carmina s'inquiéta de l'absence de Nevada dans son club. C'était inhabituel pour lui qui régnait sur son royaume d'une main de fer.

- Je crois qu'on va avoir un problème, commenta Paolo à ses côtés.

Les policiers arrêtèrent les fuyards aux sorties de secours et formèrent plusieurs groupes pour les fouiller. Carmina comprit rapidement qu'ils n'étaient pas là pour vérifier la consommation de drogues et d'alcool. Elle reconnut sans mal le capitaine de police. Ses yeux la fixèrent avec une froideur intense. Il sortit les menottes de sa poche arrière.

La jeune femme posa l'essuie des verres et contourna le bar.

L'homme la dévisagea. Il devait s'attendre à une bataille qu'elle perdrait dans la violence.

Elle le laissa lui passer les menottes devant tout le monde.

- Niña, ne parle pas tant que l'avocat n'est pas là, lui lança Rosel depuis l'escalier menant au bureau.

Le capitaine lui déblatéra ses droits tout en la tirant vers la sortie.

C'était un sentiment étrange que d'être trainée vers une voiture de police. Les clients la fixaient avec des émotions partagées. Elle reconnaissait sans mal ceux qui savaient son lien avec Nevada parmi les ignorants peu nombreux.

Le second policier, plus jeune et incertain, referma le crochet autour des menottes pour l'empêcher de bouger les bras.

- Vous ne demandez pas pourquoi nous vous arrêtons ? finit par demander le Capitaine.

- Je ne doute pas que vous avez une très bonne raison, railla-t-elle.

Carmina regarda les rues défiler jusqu'au poste de police. Le bâtiment trônait fièrement au-dessus d'une volée de marches, entouré d'arbres et d'un petit parc. Les policiers dans le hall la fixèrent avec étonnement. Elle devait jurer avec son pantalon large et son haut blanc tout sage sans manches. Par un heureux hasard, Carmina n'avait pas suivi le protocole du bar et elle avait passé une tenue plus pratique.

Le capitaine la mena au-delà des bureaux. La salle dans laquelle il la tira était gelée. Un frisson la traversa. Il l'assit sur une chaise en métal et attacha les menottes dans l'anneau au sol. La position allait détruire son dos : penchée sur le côté droit à cause de la longueur trop courte de la chaine entre le crochet et ses liens. Pourtant, Carmina ne protesta pas ni ne montra son inconfort. Elle vit les mâchoires du policier en chef se crisper.