Chapitre 10 - Surprises

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Nevada ne se souvenait pas de la dernière personne qui ne lui avait pas demandé de l'aide pour de la merde. D'aussi loin qu'il s'en souvenait, les gens venaient à lui pour quelque chose.

Ça le rendait malade.

Les femmes se baladaient autour de lui pour obtenir de l'argent et du plaisir, se balançant exagérément sur des talons trop hauts, du rouge à lèvres trop vif sur leurs moues énervantes et les cheveux longs lissés pour qu'il puisse les guider là où il les voulait. Les hommes ne valaient pas mieux à promettre violence et sang pour obtenir son approbation.

Et il y avait ce petit bout de femme de l'autre côté du bar qui servait verre sur verre avec un sourire professionnel aux lèvres. Elle n'avait pas demandé sa protection. Pas une seule fois depuis son engagement dans son club. Même sa putain de promotion ne venait pas d'elle mais de son supérieur ennuyé pour elle.

– Tu sais quelque chose ?

– Non ! soupira Rosel. Elle dit qu'elle est tombée dans l'escalier.

Un ricanement sinistre lui échappa. Une excuse bidon débitée par toutes les femmes battues du monde.

– Je vais voir ce que je peux trouver.

Sa main se leva pour à la fois le congédier et approuver sa prise de décision. Il ne pouvait pas ôter ses yeux de sa silhouette qui glissait entre les clients pour distribuer les boissons. Sa technique pour éviter les fouteurs de merde le surprenait depuis toujours : un coup de hanche et un petit sourire pendant qu'elle marchait un peu plus vite vers ses collègues ou ses videurs.

Nevada se tourna vers ses hommes encore présents et darda un regard glacial sur l'un d'eux en particulier :

– Et toi?

– A part cette petite fleuriste et sa fille, elle ne voit personne, soupira Kenrick.

– Et je vois mal une rampe d'escalier l'étrangler, renchérit Rodrig devant les ordinateurs de l'autre côté de son bureau.

Nevada acquiesça distraitement à son ironie mordante. Ces marques de mains sur son cou le dérangeaient énormément alors qu'il n'aurait pas dû s'en soucier. Elle pouvait bien coucher avec qui elle voulait, il n'en avait rien à foutre. Pourtant, un éclair de colère noire le traversa en imaginant sa niña entre les mains d'un autre homme.

– Qu'en est-il de Reinier ?

Sa question noyait le poisson mais il s'en fichait.

– Tout son clan est décimé mais lui reste introuvable, l'éclaira Rodrig. On ne lâche pas l'affaire, jefe !

Il ne commenta pas. En dix ans de service, Rodrig ne l'avait jamais déçu. Tout comme lui, son second détestait le travail inachevé ou les emmerdes d'une mission bâclée. S'il prenait du temps à remplir sa tâche, il savait que ce n'était pas volontaire.

Ses yeux se posèrent, à nouveau, sur le bar. Carmina ne s'y trouvait plus.

Il avisa l'horloge murale : deux heure cinquante-cinq. Il ne la comprenait pas. Elle venait de dépasser son horaire alors même qu'il ne payait pas les heures supplémentaires et elle saluait tout le monde avec un grand sourire. Naïve ou courageuse ? Vraiment stupide ou stupidité calculée ? Il ne savait jamais où se positionner avec elle. Tout ce qu'il savait, c'était cette émotion dévorante dès qu'il la voyait à proximité.

Il saisit sa veste pour rentrer chez lui.

Une de ses filles tenta de l'épingler dans le couloir menant aux coulisses du club mais il tapota simplement sa tête comme pour rassurer un chiot un peu collant.

El Cuco - Série FaidaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant