Chapitre 34 - Récupération

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Nevada jeta un rapide coup d'œil au décor qui défilait dehors. La nuit venait de tomber. Il n'y avait plus rien à admirer du lac ou des collines verdoyantes, juste des points lumineux par-ci par-là pour délimiter la route. Domenico, son chauffeur roulait vite et bien. Il n'était pas trop secoué. Il pouvait donc regarder l'écran de son ordinateur.

Carmina ne semblait pas prête à quitter le sous-sol. Reinier gisait, la tête en arrière, les mains moignons sanglants et les pieds presque découpés. Elle lui avait découpé ses vêtements et tailladais sa peau dans de longues bandes qu'elle recouvrait de sel, de produits toxiques ou d'autres moyens pour soutirer de la douleur. Dès qu'il s'évanouissait, elle le réveillait. Kenrick lui avait installé un appareil pour mesurer les battements de son cœur. Ils ne voulaient pas qu'il meurt de suite. Pas sans être certains de toutes les informations qu'il détenait et avait divulgué.

Une part de lui se demandait quel animal il sortait de son hibernation. Dans un même temps, la part primitive de son être jubilait de ce spectacle de sang et de mort.

Lui qui n'avait jamais été certain qu'elle le voulait voyait la preuve de ses sentiments à travers l'écran que ses doigts serraient à en blanchir. Nevada aurait aimé se trouver sur place, entendre, sentir, ressentir et la tenir dans ses bras.

Certains diraient qu'il était fou et ils n'auraient pas tort. Il n'avait jamais été tendre auparavant, seulement instructif, intrusif et contrôleur. Il se cachait derrière une armure de mensonges et de manipulations pour obtenir ce qu'il voulait.

Même s'il crevait de rentrer chez lui, la mission qui lui incombait passait avant son plaisir. Il aurait tout le temps de lui dévoiler quel effet son dévouement provoquait chez lui.

- Nous arrivons, jefe.

Un soupir de soulagement lui échappa. Six heures de voiture ne le rendaient pas spécialement de bonne composition.

Deux de ses hommes l'attendaient dans la suite de l'hôtel réservée pour la nuit.

- Tout est prêt ?

- Les fédéraux n'ont laissé personne, lui assura Tasha, mais il reste l'assistante du procureur, Diaz.

Un rire cynique éclata.

- Faisons le dernier ménage alors !

Si cette bonne femme et toute sa clique de gratte-papiers pensaient pouvoir le doubler en restant à proximité de sa cible, ils allaient vite déchanter. Un petit rappel que son surnom Eres El Cuco n'était pas usurpé ne lui semblait pas une mauvaise idée.

L'homme de paille qui possédait sa corpulence et quelques traits vaguement ressemblants de loin resta dans la chambre d'hôtel. Il le payait et l'effrayait à suffisance pour qu'il sache comment agir pour donner l'illusion que Nevada se trouvait toujours dans les lieux.

Au sous-sol, une voiture blindée aux vitres teintées l'attendait. Ses hommes en firent le tour avant qu'il puisse s'y installer.

Ils se garèrent à deux rues de la maison dans laquelle se trouvait Diaz.

Tygo sortit un ordinateur et pianota dessus. Le visage de Rodrig apparut dans un coin de l'écran. Sans un mot prononcé à voix haute, les deux hommes échangèrent des codes que Nevada ne comprenait pas et dont il se foutait en vrai. Les questions techniques ne l'intéressaient pas sauf si elles ne lui rapportaient aucun argent alors qu'il en dépensait. Ses hommes possédaient sa confiance alors il les laissait gérer ce côté-là du boulot.

La maison plongea dans le noir. Une lampe torche illumina le salon.

- Une idiote, commenta Tasha.

Le cubain était du même avis. L'assistante ne savait-elle pas qu'elle donnait sa position exacte dans la maison.

El Cuco - Série FaidaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant