Le bleu qui s'étendait le long de son flanc droit pulsait fort. Elle leva le bras au maximum pour pouvoir appliquer la crème correctement. Avec les cinq milles dollars qu'elle avait gagné, elle s'était rendue à la banque. Si le banquier lui avait pris l'argent sans discuter, il avait maintenu sa menace de monter les intérêts de retard si fin d'année, elle n'apportait pas le reste de sa dette.
L'envie de lui enfoncer son visage dans son bureau l'avait dévoré. Heureusement, elle avait su se retenir.
Son corps souffrait de son combat et du peu de sommeil qu'elle s'octroyait. Toutefois Carmina souriait, heureuse à l'idée de voir sa petite princesse rire avec ses amis devant un gâteau à l'effigie de sa mascotte préférée. Carmina souhaitait pouvoir protéger sa fille du monde mais elle savait cela impossible. Alors elle se démenait pour lui faire comprendre que l'important restait de ne pas laisser le monde la briser et peu importe les efforts que celui-ci déploierait contre elle: le bonheur se trouvait dans des petites choses réalisées à la sueur de son front.
A cette pensée, la mère saisit son sac à mains et ses clés pour courir dans la boulangerie qu'elle avait pris grand soin de sélectionner sous les conseils d'autres mamans.
Elle possédait tout juste le temps nécessaire avant de commencer son travail au club. Le talon de commande précieusement rangé dans son sac, elle rangea ce dernier dans son casier. Une moue ennuyée se dessina sur son visage en constatant qu'elle ne pouvait pas y mettre son sac de courses. Elle saisit un papier et un marqueur sur le bureau à moitié écroulé dans un coin et griffonna un message dessus avant de le coller sur le plastique. C'était suffisamment grand et clair pour que personne ne le prenne en repartant chez lui.
Le travail fut monotone. Souvent, son corps passait en automatique et son esprit retournait à une époque où tout semblait facile. L'avenir étant devenu de plus en plus sombre, ses bons souvenirs se ternissaient dans sa mémoire, sa fille était devenue sa seule source d'espoir et son unique moteur pour continuer sur cette voie.
Carmina leva la tête vers le carré VIP or et croisa les yeux de Nevada accoudé à la balustrade. Un frisson remonta sa colonne vertébrale. Les mots de sa meilleure amie lui revinrent nettement en tête : il n'aurait fallu aucun autre type d'homme que celui-ci pour la sortir de sa routine ennuyeuse.
– Bonsoir.
Elle haussa un sourcil devant l'étudiant en droit, Vincent.
– Je pensais que tu travaillais avec acharnement?
– C'est ce que je fais, rigola-t-il.
Il se pencha comme pour partager un secret avec elle.
– Je travaille avec acharnement à t'inviter à dîner avec moi quand tu auras le temps.
Prise par surprise, la serveuse ne sut que répondre et se contenta de le dévisager. Elle n'avait plus eu de nouvelles depuis leur sortie et avait cru le gamin lassé de courir après l'inaccessible.
– Tu sais que je suis plus vieille que toi, bredouilla-t-elle.
– Pas tant que ça, protesta-t-il avec amusement.
– Tu as vingt-trois ans, j'en ai dix de plus.
Il haussa les épaules.
– Et ? On s'entend bien. Alors pourquoi pas devant un bon plat dans un endroit plus calme ?
Malgré elle, Carmina leva la tête pour découvrir une jolie blonde se frotter allègrement contre Nevada, dos à la piste de danse.
– D'accord ! s'empressa-t-elle de répondre. J'ai congé mardi et mercredi.
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El Cuco - Série Faida
Romantizm**** Public majeur et averti - cette histoire comporte des thèmes sombres, des scènes de sexe, de la violence physique, un contenu qui pourrait trigger certains lecteurs et un langage grossier.***** Carmina Francesi vit à New-York depuis quatre ans...